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Posté par le 14 août 2012 dans Entomologie

La présence du Grand porte-queue à Montréal : un signe des temps modernes

cresphontes Cramer

Le Papilio cresphontes Cramer, cette espèce de machaon noir et jaune peut atteindre 15 cm d’envergure. Il s’agit du plus grand lépidoptère diurne d’Amérique du Nord.

Ceux qui connaissent mon blogue la savent déjà, je porte un intérêt notoire aux insectes et je fais sporadiquement état de certaines observations ici. Il y a 5 ans d’ailleurs, j’avais consacré un article évoquant l’hypothèse que l’apparition d’un nouveau papillon au Québec, le Sphinx d’Abott, pouvait être en relation avec le réchauffement climatique. Or, depuis, il se confirme que les changements climatiques provoquent l’apparition des plus en plus de papillons au Canada.

Par exemple, à Montréal, un nouveau papillon tropical a fait son arrivée cette année. En effet, les chenilles du grand porte-queue (Papilio cresphontes Cramer) ont été découvertes pour la première fois dans ma ville au Jardin botanique. Il faut dire ici que je n’ai pas été surpris de lire ce fait… puisque j’avais par moi-même observé ce papillon un peu plus tôt ce printemps, exactement au Marché Central dans un kiosque de plantes tropicales.

Papilio cresphontes

Voici une photo que j’ai prise du majestueux papillon le 26 mai 2012… j’avais peine à croire admirer un Grand porte-queue vivant à Montréal

Or, étant donné la spécialisation du commerce où j’étais, j’avais alors conclu que la présence du papillon exotique était un cas isolé issu d’une plante importée. Aussi, si je n’ai pas pris la peine d’essayer de capturer le spécimen afin de le faire recenser, j’ai toutefois eu l’initiative de le photographier, puis de le filmer.


Preuve à l’appui ci-dessus, se pourrait-il maintenant que je sois le premier québécois à avoir filmé un grand porte-queue au Québec?
papillon écrasé

Comme je l’explique dans cet article, en 1987, j’avais été le deuxième à recenser un Sphinx d’Abott «au Québec» (à vrai dire, je l’avais capturé à Ottawa). Or, si j’avais attrapé le spécimen de Grand porte-queue en question, j’aurais peut-être réitéré le coup.

Ainsi selon le Jardin botanique, nous apprenons que cette année des grands porte-queue ont survécu à l’hiver (historiquement plus doux que jamais au Québec) et colonisé de nouveaux habitats à une vitesse 15 fois plus élevée que la moyenne.

Dans un même ordre d’idée, les épisodes de redoux sporadiques au printemps dernier nous ont aussi amené pour la première fois une migration hâtive de vulcains (Vanessa atalanta). Bien qu’indigène à notre territoire durant l’été, cette migration provenait cette fois du sud des États-Unis. Or cette année, il y aurait eu 10 fois plus de vulcains que normalement au Québec.

Un papillon pour Montréal

Cette migration a certainement de quoi remettre en question mon idée de consacrer le vulcain en tant que papillon emblématique à Montréal.

Pour le plaisir des collectionneurs de papillons, c’est donc un phénomène qui implique plusieurs espèces de lépidoptères. En effet, selon le spécialiste, Maxim Larrivée (postdoctorant à l’Université d’Ottawa et chef des collections et de la recherche à l’Insectarium de Montréal), l’Amérique du Nord connait, cette année, la plus grande migration printanière de papillons de son histoire. L’hiver doux et un taux de survie hivernale nettement au-dessus de la moyenne sont des facteurs évoqués pour expliquer ce phénomène qui touche essentiellement au Canada le Manitoba, l’Ontario et le Québec.

Les entomologistes canadiens demandent à la population de signaler leurs observations de papillons sur le site eButterfly (http://ebutterfly.ca/, en anglais seulement). Les scientifiques souhaitent examiner comment les papillons réagissent aux changements de leur environnement et comment ils s’y adaptent.
Epargyreus clarus

Ci-haut, l’héspérie à taches argentées. Je n’avais pas revu ce papillon depuis mon voyage dans l’extrême sud de l’Ontario (Pointe-Pelée) avec mon père quand j’avais 8 ans. Après vérification sur Wikipédia, l’ère de répartition de ce papillon ne dépasserait toujours pas le fleuve Saint-Laurent. Pourtant, j’ai aperçu trois spécimens à Oka en 2010. Comme quoi, les espèces d’insectes peuvent êtres bien mobiles dans leur occupation du territoire… surtout dans un contexte de réchauffement climatique.

Une preuve de plus pour faire état du phénomène, la semaine dernière, mon père m’a téléphoné de Verchères pour m’informer de la présence de milliers de papillons «belles dames» (que mon père dénomme «Vanesse de Virginie»). Il faut dire que lorsque mon père et moi collectionnons les papillons, nous pouvions attendre des années avant de voir un seul individu de cette espèce.

Vanessa cardui

Ressemblant un gros vulcain, les «belle dames» se tiennent dans les champs et aux abords des forêts. Il s’agirait de l’espèce diurne la plus répandue dans le monde.

Et aujourd’hui, en pleine pause de rédaction de cet article au retour de mes emplettes, un dernier signe manifeste m’est apparu en la présence d’un Grand porte-queue aperçu sur ma rue. C’est quand même particulier de voir se matérialiser le sujet de son article. Si j’étais croyant, je pourrais presque penser que ce papillon est venu à moi pour me faire un clin d’œil.

On dit que le battement d’ailes d’un papillon peut engendrer un typhon à l’autre bout du monde
– Evan Treborn (L’effet Papillon)

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