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Posté par le 10 septembre 2006 dans Interpersonnel, Musique, Poésie

Orly de Jacques Brel (analyse de la chanson)

(Cette photo de Florence à été prise à la Gare Centrale de Montréal durant Noël 2001)

(Cette photo de Florence à été prise à la Gare Centrale de Montréal durant Noël 2001)

La semaine dernière, lorsque mon contact visuel se rompit avec Florence à l’embarcadère de l’aéroport; quand elle se retourna en direction de l’au-delà indéfini… une infinie tristesse submergea mon âme. En effet, ces moments spécifiques évoquent assurément la séparation spatio-temporelle; comprendre ici la possibilité malheureuse du deuil de l’amour. D’ailleurs, il suffit de balayer du regard les diverses liaisons se rompent afin de bien discerner l’intensité interpersonnelle se concentrant dans cette zone.

Si bien qu’à ce moment, la chanson Orly de Jacques Brel m’est spontanément venue à l’esprit. Il est vrai que par un devoir académique en théâtre, je m’étais antérieurement arrêté à faire l’analyse de cette chanson. Voici donc l’occasion de vous en faire part.

Analyse de la chanson Orly


Orly est pour moi, la description d’une séparation infiniment douloureuse entre deux êtres qui s’aiment, mais qui, sans doute pour des raisons sociales, ne peuvent demeurer ensemble.

Ils sont plus de deux mille
Et je ne vois qu’eux deux
La pluie les a soudés
Semble-t-il l’un à l’autre
Ils sont plus de deux mille
Et je ne vois qu’eux deux
Et je les sais qui parlent
Il doit lui dire: je t’aime
Elle doit lui dire: je t’aime
Je crois qu’ils sont en train
De ne rien se promettre
C’est deux-là sont trop maigres
Pour être malhonnêtes

Ils sont plus de deux mille
Et je ne vois qu’eux deux
Et brusquement ils pleurent
Ils pleurent à gros bouillons
Tout entourés qu’ils sont
D’adipeux en sueur
Et de bouffeurs d’espoir
Qui les montrent du nez
Mais ces deux déchirés
Superbes de chagrin
Abandonnent aux chiens
L’exploit de les juger

Mais la vie ne fait pas de cadeau!
Et nom de dieu!
C’est triste Orly le dimanche
Avec ou sans Bécaud

Et maintenant ils pleurent
Je veux dire tous les deux
Tout à l’heure c’était lui
Lorsque je disais il
Tout encastrés qu’ils sont
Ils n’entendent plus rien
Que les sanglots de l’autre
Et puis infiniment
Comme deux corps qui prient
Infiniment lentement ces deux corps
Se séparent et en se séparant
Ces deux corps se déchirent
Et je vous jure qu’ils crient
Et puis ils se reprennent
Redeviennent un seul
Redeviennent le feu
Et puis se redéchirent
Se tiennent par les yeux
Et puis en reculant
Comme la mer se retire
Ils consomment l’adieu
Ils bavent quelques mots
Agitent une vague main
Et brusquement il fuit
Fuit sans se retourner
Et puis il disparaît
Bouffé par l’escalier

La vie ne fait pas de cadeau!
Et nom de dieu!
C’est triste Orly le dimanche
Avec ou sans Bécaud

Et puis il disparaît
Bouffé par l’escalier
Et elle elle reste là
Cœur en croix bouche ouverte
Sans un cri sans un mot
Elle connaît sa mort
Elle vient de la croiser
Voilà qu’elle se retourne
Et se retourne encore
Ses bras vont jusqu’a terre
Ça y est elle a mille ans
La porte est refermée
La voilà sans lumière
Elle tourne sur elle-même
Et déjà elle sait
Qu’elle tournera toujours
Elle a perdu des hommes
Mais là elle perd l’amour
L’amour le lui a dit
Revoilà l’inutile
Elle vivra ses projets
Qui ne feront qu’attendre
La revoilà fragile
Avant que d’être à vendre
Je suis là je le suis
Je n’ose rien pour elle
Que la foule grignote
Comme un quelconque fruit

Bien que j’ai beaucoup de difficulté à déceler les genres de poème, je crois bien que c’est une ballade, car il y a dans la chanson originale un enchevêtrement du refrain entre les strophes, et de plus, les vers riment plus ou moins entre eux. J’ai cependant remarqué qu’il y avait six pieds par vers. Maintenant, pour les figures de style, il était logique que ne voyant “qu’eux deux”, Brel reprenne cette expression initiale pour désigner le couple: “Ces deux -là”… “Ces deux déchirés”… “Tous les deux”… “Ces deux corps”. Mais plus souvent, le poète emploie le “ils”: “ils sont en train de…” “Tout entourés qu’ils sont”… “Ils pleurent”… “Ils se reprennent”… Mais les deux modes de dénomination se rejoignent dans l’esprit de Brel. Il nous dépeint l’unité de ce couple en privilégiant tantôt leur individualité (”tous les deux”), tantôt ce qui les joint (”ils”):

Et maintenant ils pleurent
Je veux dire tous les deux

Nous avons alors des images très denses de fusion amoureuse:

La pluie les a soudés
Semble-t-il l’un à l’autre
( … )
Tout encastrés qu’ils sont
Ils n’entendent plus rien
Que les sanglots de l’autre

Avec ses chansons sur l’amour, l’évasion, la vie et inéluctablement la mort, Jacques Brel, ce perfectionniste passionné, est certes l’un de mes guides spirituels. Cet anticonformiste né, qui toute sa vie ne suivit que son cœur, est l’exemple parfait du perpétuel insatisfait, passant d’une expérience à un autre (comédien, scénariste, réalisateur, chansonnier, aventurier) avec cette fièvre de l’homme en quête d’absolu qui ne trouvera jamais ici-bas ce qu’il cherche. D’ailleurs, pour mieux toucher ce qui reste de sa conscience, je vous conseille d’écouter des chansons comme: Le Moribond, Quand on a que l’amour, Ne me quitte pas, Voir un ami pleurer, Jojo, ou mieux encore La Quête.

Maintenant pour Orly, on pourrait parler, en langage cinématographique, d’une prise de vue au télé-objectif. De fait, Brel agit dans ce texte comme un cinéaste, qui fixerait une même scène sous différents angles, braquant sa caméra tantôt sur le couple, tantôt sur l’homme, tantôt sur la femme. Il nous fait ainsi participer à la richesse des sentiments qui animent ses héros, en cadrant leurs attitudes, leurs gestes, leurs regards ou leurs larmes.

Orly, de Jacques Brel

Cependant, je crois que l’objectif premier d’Orly est avant tout nous faire voir un rendez-vous où la mort et l’amour se rejoignent. Effectivement, les amants ne pourront se rejoindre qu’à l’instant qui les prive de tout espoir humain, de tout amour possible. Ainsi, l’amour dans le texte, doit brûler sans cesse, sous peine de mourir dans l’extinction du désir. Toutefois, Brel lui dénie cette possibilité:

Il doit lui dire je t’aime
Elle doit lui dire je t’aime
Je crois qu’ils sont en train
De ne rien se promettre

D’ou la création d’un obstacle, qui va renforcer la passion. De là, séparant à jamais ses personnages, brisant ce qui les faisait vivre (leur rapprochement), il sauve leur amour. Une attitude qui demeure incompréhensible à la majorité des gens (c’est-à-dire l’amour menacé et condamné par la vie même), désignés ici comme des “bouffeurs d’espoir”, des “chiens”, dont l’opinion n’importe pas. Cependant, Brel, avec son héroïne abandonnée (qui se refuse à admettre la réalité en imaginant d’impossibles bonheurs afin de se maintenir en vie, nous démontrera que l’amour n’est qu’une illusion:

Elle vivra de projets
Qui ne feront qu’attendre

Mais, pas plus qu’à l’amour éternel, Jacques Brel ne croit à la fidélité:

La revoilà fragile
Avant que d’être à vendre

Bref, Brel nous dit dans Orly que la fin de l’amour est aussi irrévocable que les adieux et la mort.


Orly de Jacques Brel

J’aime trop l’amour pour beaucoup aimer les femmes…
– Jacques Brel

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Mario
Mario
2 années il y a

Je pense que la thematigue aussi que la melodie resemble Ces gens la de Brel.

Tony
Tony
3 années il y a

Plusieurs critiques proposent une deuxième lecture de la chanson. Selon eux, on peut également interpréter le couple qui se sépare comme symbolique de l’auteur qui, se sachant atteint du cancer, se sépare de son corps, représenté par la femme. Cette interprétation est confirmée par Brel lui-même à Paul-Robert Thomas, à qui il demande de bien écouter les paroles : « Il s’agit de deux amants qui se séparent, mais surtout d’une métaphore de la Vie et de la Mort. D’un être qui sent sa vie lui échapper ; et prendre l’avion pour un dernier voyage… »

gb56gb56
8 années il y a

Et brusquement ils fuient
Fuient sans se retourner
Et puis il disparaît
Bouffé par l`escalier

Partout il est écrit : ils fuient
ne serait-ce pas plutôt : il fuit ?

pierre
pierre
10 années il y a

Bonjour, juste un témoignage: cela fait maintenant 30 ans presque jour pour jour que j’ai vécu ce que Brel décrit et chante si bien dans cette splendide chanson (sauf que c’était dans une gare). Tout cela pour dire que ce morceau est une pure merveille que j’ai mis très très longtemps à pouvoir la réécouter après ma première écoute tellement c’était exactement cela. Si vous voyager en train en avion, regarder autour de vous, peut-être que vous capterez un jour un de ces moments vécus par deux de vos congénères, suspendus entre intemporalité et trou béant ouvert sur l’infini.

Majdouline012
Majdouline012
11 années il y a

Bonjour à tous !

Je dois faire l’analyse de cette chanson mais j’ai besoin d’aide car il y a de nombreux passages que je ne comprend pas ! 🙁

Quelle est la signification de chacun de ces passages ? :

« Ces deux-là sont trop maigres
Pour être malhonnêtes »

« Tout entourés qu’ils sont
D’adipeux en sueur
Et de bouffeurs d’espoir
Qui les montrent du nez
Mais ces deux déchirés
Superbes de chagrin
Abandonnent aux chiens
L’exploit de les juger »

« Et puis infiniment
Comme deux corps qui prient »

« Et elle, elle reste là
Cœur en croix bouche ouverte »

« Voilà qu’elle se retourne
Et se retourne encore »

« L’amour le lui a dit
Revoilà l’inutile »

« La revoilà fragile
Avant que d’être à vendre »

« Que la foule grignote
Comme un quelconque fruit »

Merci d’avance pour vos réponses ! 🙂

farid d'alger
farid d'alger
12 années il y a

bjr a vrai dire je voulais juste releve un points sur la chanson de orly juste pour votre information ce nest pas une chanson damour ni aussi une separation mais la verite si on a analyse bien la chanson cest deux personnes dans la chanson il ne se connaisse meme pas il se sont jamais vue et ya aucun amour entre eux la verite c que orly c une ville ou ya beaucoups de bordelle a lepoque et cette chanson parle de quelqu’un qui es entre au bordelle et il decris tt la situation et tt les demarche entre la femme et lhomme mais pour mieux comprendre ecoutez le dernier paraghraphe merci

Martin
Martin
12 années il y a

A André : Oui, je suis bien d’accord avec vous, cette chanson est effectivement un pur chef d’oeuvre. La scène est tellement bien décrite, avec des mots si forts… En écoutant cette merveille, on les « voit », ces deux êtres déchirés.
Je l’écoute plusieurs fois par semaine, non pas que j’aime les scènes triste (je suis plutot joyeux, comme garçon !!) mais je suis tout simplement très sensible à la beauté du texte.
De toute façon, avec des merveilles comme Ces Gens-là, Jef, Amsterdam, Madeleine, Le Plat Pays, les Flamingants, Voir un ami pleurer, Vesoul, ou encore les Remparts de Varsovie, Brel était un parolier de génie.
Et un showman d’exception (cf ses inoubliables prestations prestations scéniques).
Un seul regret, me concernant : je ne l’ai jamais vu en concert, je suis trop jeune ! ma mère l’a vu pour son dernier concert, en 66 à L’Olympia, et elle s’en souvient encore

André ROBIN
13 années il y a

Bonjour, n’ayons pas peur des mots, cette chanson est un pur chef d’oeuvre.
Tout d’abord, en réponse à Joris : quand Brel dit « c’est triste Orly le dimanche », j’imagine qu’il fait allusion à l’aéroport, lieu de nombreuses séparations, notamment le dimanche. « Ses bras vont jusqu’à terre » : de découragement, de lassitude, mais aussi de désespoir, c’est une attitude fréquente de laisser les bras ballants le long du corps. Dans cette scène, la jeune fille est tellement désespérée que ses bras semblent descendre jusqu’au sol. « Ça y est, elle a mille ans » : on dit que quand on aime, on a toujours vingt ans. Pour elle, qui perd son amour à cet instant, elle n’a plus d’âge, elle n’a plus de vie, ou la vie va lui paraître interminable.

J’ai été témoin d’une scène de ce type, il y a une trentaine d’années : j’étais jeune, je sortais de l’hôpital militaire de Bordeaux qui venait de me réformer à ma grande joie, puisque j’allais pouvoir rentrer retrouver ma fiancée. Je venais de monter dans mon train, tout à mon bonheur, quand j’ai vu un jeune couple sur le quai, exactement dans la situation du couple que nous décrit Brel. Le contraste entre le désespoir de ces deux jeunes et la joie qui était la mienne m’a bouleversé, profondément. Au delà de la pureté du texte, de la justesse du ton, du réalisme des sentiments que retranscrit cette chanson, c’est peut-être, sûrement, le souvenir de cette scène qui fait que je ressens tant d’émotion lorsque je l’écoute.

Joris . M
Joris . M
13 années il y a

Bonjours , je suis un ados de 14 ans et je suis fan de Brel , et cette chanson j’ai beaucoup de mal a la comprendre …. Votre article ma aidé , mais je ne comprend pas pourquoi il dit  » c’est triste Orly le dimanche … » qu’elle est les rapport avec la ville? ou « c’est bras vont jusqu’à terre Ça y est elle a mille ans »

florent91
Répondre à  Joris . M
9 années il y a

On parle de l’aéroport d’Orly, l’homme prend un vol et quitte sa femme là…

jean luc borzillo
jean luc borzillo
Répondre à  Joris . M
4 années il y a

Bonjours joris j’espère qu’après toutes ses années depuis ton commentaire tu verra ma réponse , je suis moi aussi un très grand fan de jacques brel il m’arrive même de le chanter en public pour me conssoler je pense, de ne jamais l’avoir vu en concerts car j’avais seulement 4 ans l’or de sa mort. Alors pour tes questions  » c’est triste orly le dimanche avec ou sans becaud  » il fait reference a gilbert becaud qui a écrit une chanson qui s’appelle » le dimanche a orly « , en suite,
 » ces bras vont jusqu’a terre  » c’est de desespoire, car je pense fortement qu’il parle d’une prostituer qui vient de tomber amoureuse de son client car il dis elle a connue des hommes… mais là elle pert l’amour… et c’est pour celà qu’il dis aussi qu’elle a mille ans… car ce metier est considéré comme le plus vieux du monde ,  » la revoila fragile avant que d’être a vendre  » et  » que la foule grignote comme un quelconque fruit  » voilà pour mon analyse .

Peewhy
Peewhy
Répondre à  Joris . M
3 années il y a

Pour ceux qui se poseraient encore la question dix ans plus tard, L’allusion à la tristesse d’Orly le dimanche est à la fois une référence au fait que la « jetée » de l’aéroport d’Orly (nom que portait dans les années 50-60 la terrase de l’aéroport, maintenant fermée) était un lieu de promenade où on allait, souvent en falmille, se promener le dimanche pour voir les avions décoller et atterrir. Evidemment, ce genre de promenade ne concernait que ceux qui n’avaient pas les moyens (à l’époque) de prendre l’avion. Ils rêvaient donc ainsi à des voyages lointains et exotiques qu’ils ne pouvaient s’offrir. Bécaud en a fait une chanson, « Orly le dimanche », qui souligne un aspect pathétique de cette distraction (un couple menant une vie monotone, ne se parlant pratiquement plus, mais dont l’homme continue d’aller rêver à Orly le dimanche). Pour écouter la chanson de Bécaud, cherchez « Orly le dimanche » sur Youtube.

montorge94
Répondre à  Joris . M
2 années il y a

« ses bras vont jusqu’à terre, çà y est elle a mille ans » « la vie ne fait pas de cadeau, bon dieu que c’est triste Orly le dimanche avec ou sans Bécaud » là tu lis en dernier le refrain ou bécaud s’entend bécot ( petit baiser du bout des lèvres), car Orly est dans une certaine partie empruntée à Gilbert Bécaud sans son autorisation, chanson gaie que ce dernier avait composée auparavant, et qui, peut-être a été écoutée par les deux amants qui se séparent. Il faut savoir que Brel avait promis à Sylvie, sa compagne, amour de l’époque, qu’il reviendrait de ce tour du monde la retrouver, mais quand il repart pour les Marquises en enregistrant ce dernier disque testament, il sait qu’il part y mourir…Il est parti d’Orly comme dans la chanson , son état ne lui permettait plus de faire le trajet en bateau, et à cette époque ( 1977 ), Orly était le grand aéroport français de Paris… » ses bras vont jusqu’à terre, ça y’est, elle a mille ans », est le passage le plus difficile à comprendre quand on est un ado aujourd’hui; il se trouve dans cette multi métaphore poétique de multiples références à son oeuvre entière. Il faut, entre autres, s’imprégner de sa chanson  » les vieux « , on peut y voir aussi une allusion à une célèbre peinture de Munsh  » le cri « , on y sent un rappel de  » ne me quitte pas « ; une référence à « Amsterdam « …C’est un petit raccourci, Joris; Brel est tellement immense!

Carl Boileau
15 années il y a

Du Slam… je parle du genre musical; vous connaissez ??? En tout cas, moi je viens tout juste de comprendre un peu de quoi il en retourne. En effet, j’ai découvert cette semaine ce petit bijou : de Grand Corps Malade, la chanson s’appelle Les Voyages en Train. C’est musicalement banal, mais c’est pour mieux mettre les paroles au premier plan. Somme toute très inspiré; ne se sentant pas obligé de faire tout rimer, l’ensemble est axé sur les propos… très modestes. Bref, je trouve l’analogie de cette chanson (de comparer l’amour au voyage en train) simplement géniale, tout est là… simplement compliqué.

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=DdyJVJQia6k[/youtube]

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