Le Plateau
Dimanche 22 janvier 2006, p. 3

Nouvellement élu, le chef de Projet Montréal prend les bouchées doubles

Alain Perron

Un peu plus de deux mois après son élection, Richard Bergeron, chef de Projet Montréal et conseiller de ville dans le district DeLorimier, n'est pas encore tout à fait installé. Il doit pourtant prendre les bouchées doubles, en assumant à la fois son rôle de conseiller municipal du Plateau-Mont-Royal et d'opposition à l'hôtel de ville de Montréal.

La jeune formation politique en a surpris plus d'un lors de l'élection municipale du 6 novembre, sur le Plateau-Mont-Royal. Projet Montréal a terminée bon deuxième, devant Vision Montréal et chauffant l'Union des citoyens de l'île de Montréal, la formation du maire Gérald Tremblay.

Projet Montréal a récolté 9% des votes à l'échelle montréalaise. Avec un maigre budget de 50 000$, la nouvelle formation politique aura tout de même réussi à attirer 120 000 votants.

Le plus grand regret de Richard Bergeron est de ne pas être accompagné par la candidate Émilie Thuillier, défaite par seulement neuf voix au poste de conseillère de quartier. "À deux, les choses auraient tellement été plus faciles", reconnaît-il. Mme Thuillier continue d'oeuvrer à titre de responsable des communications au sein de Projet Montréal.

Depuis son élection, Richard Bergeron avait déjà participé à cinq séances au conseil de Ville en rapport avec l'adoption du premier budget en novembre et décembre. L'exercice budgétaire a recommencé la semaine dernière, l'obligeant à y retourner pour les mêmes questions..

Les défis

Depuis sa fondation, le 7 novembre 2004, Projet Montréal a attiré quelque 1010 membres, dont le tiers (306) habite le Plateau-Mont-Royal. Le tiers des votes obtenus à l'élection provenait également du Plateau.

Selon le chef, Projet Montréal profite d'une base solide. Les membres sont actifs dans quelques arrondissements et tiennent des rencontres régulières. Une rencontre avait lieu dans Ville-Marie la semaine dernière, de même que sur le Plateau-Mont-Royal et dans Villeray-Saint-Michel. Une assemblée générale se tiendra au mois de février prochain.

Sur le plan politique, d'ici 24 mois, Richard Bergeron compte recruter des "atomes libres" afin d'augmenter le nombre de conseillers municipaux de Projet Montréal. M. Bergeron croit que certains conseillers municipaux de Vision Montréal pourraient quitter la formation de Pierre Bourque et se joindre à sa formation.

Tramways sur le Plateau

Lorsque Projet Montréal a été donné gagnant dans un secteur du Plateau, le directeur de la Société de développement de l'avenue du Mont-Royal, Michel Depatie, a failli avoir une crise d'urticaire. Ce dernier voit très mal la construction d'un tramway tout en rendant piétonne l'avenue du Mont-Royal. "Depuis, les choses se sont tassées, mentionne M. Bergeron. J'ai parlé à M. Depatie. L'idée d'un tramway suivra son cours. Et si les gens veulent poursuivre vers une piétonnisation, on verra. Ce sont les gens qui nous diront ce qu'ils veulent. L'aménagement d'un tramway se fait avec la consultation du public, par un référendum. Le débat doit s'activer", soutient-il.

Lorsqu'on aborde la question des tramways à Montréal, le débit de Richard Bergeron s'accélère à la vitesse d'un TGV. Il en est un ardent défenseur et son expertise est reconnue, entre autres, à l'Agence métropolitaine de transport (AMT), son employeur. Il déplore, par exemple, le retard dans la mise en place du SLR (Service léger sur rails) sur l'avenue du Parc.

Sur le site Internet de Projet Montréal, on trouve une section dédiée aux tramways.

Les dossiers

Le Plateau est densément peuplé. Il ne reste pratiquement plus de terrain disponible pour la construction d'habitation. Pour Richard Bergeron il est "impératif de faire place au logement social. Le garage de la Société de transport de Montréal (STM) constitue un bon potentiel".

M. Bergeron compte aussi s'attaquer à l'Est du Plateau, un secteur délaissé. "Il faut y ramener une qualité de vie", maintient-il.

Le chef de Projet Montréal croit qu'il est possible de limiter les hausses de la valeur foncière des résidences au taux d'inflation et non selon les prix des ventes spéculatives du secteur. Ce gel s'appliquerait tant que le propriétaire réside dans sa maison. Le taux de la valeur foncière s'appliquerait au moment de la vente de la maison, comme cela se vit dans des villes comme Seattle, aux États-Unis. "Cette façon de procéder est rigoureusement documentée. Il y a moyen de faire changer les choses à Québec. La marge de manoeuvre de la Ville de Montréal est plus grande que ce qu'on laisse croire", ajoute-t-il.

Enfin, Richard Bergeron déplore que la Ville de Montréal consacre moins d'argent au transport en commun que pour l'automobile. "Notre programme propose une autre manière de vivre la ville", affirme-t-il, en invitant les gens à prendre connaissance du programme politique et de la plate-forme de son parti.