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Posté par le 20 avril 2024 dans

South Park explose le wokisme dans Joining the Panderverse

Image du film "South Park: Joining the Panderverse"

Il faut reconnaître que South Park possède une longévité culturelle que peu de séries satiriques peuvent revendiquer. En tant que spectateur de la première heure, j’attendais ce nouveau volet avec un mélange d’appréhension et de fébrilité, un peu comme lorsqu’un vieux camarade nous promet une dernière aventure. Dès les premières minutes de « Joining the Panderverse », on comprend que Trey Parker et Matt Stone ne se contentent plus de commenter l’actualité, ils la démontent pièce par pièce afin d’en exposer les mécanismes internes. Le résultat est une satire à la fois ludique et féroce, portée par une acuité sociale rare, ce qui rappelle la façon dont Team America, ou encore certains épisodes phares comme « Go God Go », prenaient autrefois la température idéologique du moment.

L’épisode se distingue par sa capacité à cartographier la guerre culturelle américaine, terrain miné où s’affrontent activistes progressistes et conservateurs anxieux devant l’érosion de leurs repères. En s’attaquant à la « culture d’entreprise woke », le récit adopte la structure d’un conte moral où chaque faction révèle ses obsessions. Disney devient ainsi l’emblème d’un capitalisme qui instrumentalise les luttes sociales, une idée que l’on retrouve aussi dans des films comme Don’t Look Up, où la communication corporative dévore tout sens de responsabilité. Parker et Stone poussent ce principe jusqu’à l’absurdité afin de montrer comment l’activisme performatif peut devenir, paradoxalement, une mécanique de reproduction des clichés.

Au cœur du chaos multiversel, Eric Cartman se réveille en hurlant sa terreur d’être remplacé par une femme noire, scène qui résonne comme une parodie grinçante des débats sur le race swapping dans les reboots hollywoodiens. L’épisode emprunte intelligemment au concept du multivers, devenu un outil scénaristique omniprésent depuis Spider Man, Into the Spider Verse et les productions Marvel, pour mieux retourner cette tendance contre elle même. Les multiples versions de Kathleen Kennedy, obsédées par l’idée de transformer chaque protagoniste masculin blanc en héroïne racisée, forment un chœur satirique qui rappelle les excès de l’industrie lorsqu’elle tente de calibrer des produits culturels selon des impératifs de communication plutôt que de création.


À un moment donné de l’épisode, on voit une version fictive du PDG de Disney, Bob Iger, qui dit à ses collègues cadres de « flatter davantage » un public frustré via le « panderstone » que le studio utilise pour refaire les mêmes histoires encore et encore. C’est là que la présidente de Lucasfilm, Kathleen Kennedy, entre en scène pour répéter le même refrain : « Put a chick in it and make her lame and gay! »

La dimension multiverselle prend toute son ampleur lorsque cette Kennedy égarée se retrouve piégée dans l’Univers Woke en compagnie de Cartman. Tel le t 800 du Terminator original, elle le poursuit dans un monde alternatif pour le convaincre de s’allier et rééquilibrer les forces de l’univers, une poursuite improbable qui fusionne satire sociale et absurdité narrative tout en demeurant fidèle à l’esprit subversif de la série. Cette rencontre forcée débouche sur une alliance inattendue où les deux personnages, chacun prisonnier de ses contradictions, doivent collaborer pour retrouver leurs mondes respectifs.

La force de « Joining the Panderverse » tient à sa capacité à dépasser la simple moquerie. Le film spécial déploie un miroir déformant mais révélateur, mettant en lumière ce que les controverses culturelles ont de sincère, de ridicule ou de tragique. Les fans indignés, les cadres d’entreprise convertis à la gestion par slogans et les militants épuisés par l’instrumentalisation de leurs causes sont tous renvoyés à leurs contradictions, ce qui donne à l’ensemble une portée critique étonnamment humaniste.

Pour un amateur comme moi, chaque sortie de South Park est un rendez vous incontournable, et ce chapitre confirme que Parker et Stone demeurent parmi les meilleurs satiristes de leur époque. Avec une audace visuelle et politique qui rappelle leur période la plus incisive, « Joining the Panderverse » s’impose comme une œuvre phare de la décennie. Il mérite généreusement neuf étoiles sur dix.

Affiche du film ""

South Park: Joining the Panderverse (2023)

NR 49 min - Animation, Comédie, Science Fiction, Téléfilm - 27 octobre 2023
Votre note :

Les rêves profondément troublants de Cartman annoncent la fin de la vie qu'il connaît et qu'il aime. Les adultes de South Park sont aux prises avec leurs propres décisions de vie, alors que l'avènement de l'IA bouleverse leur monde.

Réalisateur :  Trey Parker
Écrivains :  Trey Parker
Acteurs :  Trey Parker, Matt Stone, April Stewart, Kimberly Brooks, Mona Marshall, Adrien Beard, Janeshia Adams-Ginyard, Mo Ashley, Montana Jacobowitz, Diana Lauren Jones, Bibi Mama, Luis Perez, Alice Ghostlie

Photos

Histoire

Les rêves profondément troublants de Cartman annoncent la fin de la vie qu'il connaît et qu'il aime. Les adultes de South Park sont aux prises avec leurs propres décisions de vie, alors que l'avènement de l'IA bouleverse leur monde.



Détails

Site officiel : 
Pays :   États-Unis
Langue :  Anglais
Date de sortie :  27 octobre 2023

Box Office

Compagnies

Compagnies de production :  MTV Entertainment Studios

Détails techniques

Durée :  0 h 49 min
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