Ghost in the Shell: The New Movie – Une continuité sans révolution
Ghost in the Shell: The New Movie s’inscrit comme un prolongement direct de la série Ghost in the Shell: Arise, dont il vient clore l’arc narratif sans réellement chercher à en déplacer les fondations. Sorti en 2015 et réalisé par Kazuya Nomura, le film se déroule en 2029, dans un monde encore marqué par les séquelles de la Quatrième Guerre Mondiale non nucléaire. Le récit s’articule autour du virus Fire-Starter, une arme informationnelle capable de manipuler les souvenirs et, par extension, la volonté des individus. Cette prémisse, typiquement cyberpunk, renvoie aux obsessions centrales de la franchise, soit la fragilité de l’identité, la malléabilité de la mémoire et le contrôle exercé par des systèmes invisibles.
Le film retrouve le Major Motoko Kusanagi à un moment charnière de sa trajectoire. Encore en construction comme figure d’autorité, elle dirige une équipe d’agents dont la loyauté est sans cesse mise à l’épreuve. La dynamique interne de la Section 9, déjà esquissée dans Arise, demeure ici conflictuelle. Motoko adopte un leadership froid, presque mécanique, percevant souvent ses subordonnés comme des extensions fonctionnelles plutôt que comme des individus à part entière. Cette approche rappelle certaines tensions observées dans Ghost in the Shell 2: Innocence, où l’humanité des corps augmentés se heurtait déjà à une logique utilitariste déshumanisante.
Avec le recul, il devient difficile de ne pas constater à quel point le choc initial provoqué par Ghost in the Shell en 1995 s’est atténué. À l’époque, le film de Mamoru Oshii ouvrait un espace de réflexion vertigineux sur la conscience et le corps, comparable à ce que Blade Runner avait fait pour la science fiction quelques années plus tôt. Aujourd’hui, ces questionnements ont été largement repris, digérés et parfois radicalisés par des œuvres contemporaines comme Black Mirror ou même Ex Machina, qui déplacent le débat vers des enjeux plus immédiats et plus ancrés dans notre réalité numérique. Dans ce contexte, The New Movie semble regarder davantage en arrière qu’en avant.
L’intrigue, dense et volontairement complexe, respecte les codes de la franchise, mais peine à surprendre. Le film fonctionne efficacement comme pièce finale d’un ensemble, cependant il demeure prisonnier de son rôle de conclusion. Là où Ghost in the Shell: Stand Alone Complex parvenait à renouveler le discours politique et technologique de la série, ce nouvel opus se contente surtout de consolider des acquis, sans véritable prise de risque narrative ou formelle.
Sur le plan visuel, la production reste solide. L’animation, précise et fluide, témoigne du savoir faire de Production I.G., et certaines séquences d’action rappellent la rigueur chorégraphique qui a toujours distingué la franchise. Néanmoins, la dimension philosophique, autrefois centrale, apparaît ici plus fragmentée, abordée par touches plutôt que développée en profondeur. Le film pose des questions pertinentes, mais sans leur laisser le temps de réellement s’incarner.
En définitive, Ghost in the Shell: The New Movie s’adresse avant tout aux spectateurs déjà investis dans l’univers de Arise. Il offre une conclusion cohérente et respectueuse de la mythologie, mais sans l’élan visionnaire qui a fait la réputation de la saga. Pour un public dont le regard sur le cyberpunk a été transformé par des œuvres plus contemporaines, le film apparaît comme une continuité appliquée plutôt qu’un geste marquant. Une proposition honnête, parfois stimulante, mais rarement essentielle, qui mérite une appréciation mesurée de 5 étoiles sur 10.
Ghost in the Shell : The New Movie
- -Mars 2029. Dans un monde en phase de cybernétisation accélérée, les Etats souverains sont désormais dépassés par les flux d'informations et affaiblis par l'émergence de nombreux groupuscules se livrant une lutte de pouvoir effrénée. Le Premier Ministre du Japon est alors brutalement assassiné. Motoko Kusanagi, une cyborg d'élite à la tête de la Section 9, est chargée de découvrir la vérité. Une enquête très dangereuse sur les traces d'un cyber-virus d'une ampleur sans précédent l'emmènera à questionner ses origines ainsi que le rôle grandissant de la technologie dans un monde encore vulnérable..
