I, Robot : Will Smith au seuil de l’ère de l’intelligence artificielle
I, Robot de Alex Proyas s’inscrit dans une période charnière du cinéma de science fiction, celle où Hollywood croyait encore pouvoir manier l’intelligence artificielle comme un terrain de jeu métaphorique plutôt qu’un enjeu quotidien. Inspiré librement des écrits d’Isaac Asimov, le film transpose les fameuses Trois Lois de la Robotique dans un récit policier futuriste où Will Smith, au sommet de son charisme, incarne un détective technophobe porté par un traumatisme intime. Cette opposition entre instinct humain et logique algorithmique donne au film une tension qui, vingt ans plus tard, résonne encore avec une actualité troublante, un peu comme le faisait déjà Minority Report dans sa réflexion sur le déterminisme technologique.
La force de I, Robot repose en grande partie sur l’interprétation de Will Smith, dont l’énergie à l’écran réussit à humaniser un récit qui aurait pu facilement s’égarer dans l’abstraction conceptuelle. Son personnage de Del Spooner se révèle l’un des rares contrepoids critiques à une société futuriste entièrement soumise à ses machines, une thématique qui annonce en filigrane l’inquiétude contemporaine face à l’automatisation, tout en rejoignant les préoccupations explorées plus tard dans Ex Machina ou Her où l’humain perd graduellement prise sur la technologie qu’il a créée.
Visuellement, le Chicago de 2035 imaginé par Proyas offre une esthétique propre au début des années 2000, élégante mais désormais datée. Le vieillissement des effets spéciaux témoigne de la rapidité avec laquelle la technologie cinématographique évolue, surtout lorsqu’on compare ce film à des œuvres plus récentes comme Blade Runner 2049, qui ont redéfini les standards du photoréalisme. Malgré cette patine numérique, certaines idées visuelles résistent encore au temps, notamment la conception inquiétante de VIKI, l’intelligence centrale dont la froideur aseptisée porte encore un frisson contemporain.
La relation entre les robots NS 5 et la société humaine sert ici de miroir à nos propres contradictions. Le film interroge la place que nous accordons aux systèmes intelligents dans l’organisation collective, une question qui n’a fait que gagner en importance depuis 2004. Bien que I, Robot ne possède plus la même prouesse visuelle qu’autrefois, son exploration des thèmes d’Asimov reste pertinente, ce qui renforce la portée métaphorique de son récit et rejoint les préoccupations que l’on retrouve dans A.I. Artificial Intelligence. En essence, le film encourage la réflexion sur l’intégration de l’IA dans notre quotidien, une tension devenue centrale dans le débat public contemporain. I, Robot sert ainsi d’artefact culturel, capturant l’optimisme et les appréhensions du début des années 2000 face à l’avenir technologique, une œuvre qui se distingue encore dans le paysage de la science fiction même si elle risque progressivement de se dissoudre dans la mémoire collective. Une pertinence durable qui lui accorde une appréciation de cinq étoiles sur dix.
I, Robot
- -En 2035, les robots sont devenus de parfaits assistants pour les êtres humains. Le détective Del Spooner enquête sur le meurtre du docteur Alfred Lanning, un chercheur en robotique. Le principal suspect semble être un androïde nommé Sonny. Or, si l'on s'en réfère aux lois de la robotique, les robots ne sont pas dotés de la faculté de tuer…
