9 Semaines ½ : Un miroir brisé des années 80

Sorti au milieu des années 80, « Neuf semaines et demi » apparaît comme un reflet trouble de son époque, un objet de fascination qui peine pourtant à atteindre la densité narrative et psychologique de films plus aboutis comme « Basic Instinct ». Ce dernier, porté par une tension dramatique savamment construite et par un jeu d’acteurs magnétique, proposait une lecture serrée des relations toxiques, un regard ambigu qui s’inscrivait dans la continuité de films tels que « Body Heat » ou même « Blue Velvet », où le désir se conjugue à l’inquiétude. À l’inverse, « Neuf semaines et demi » demeure en surface, s’enlisant dans une esthétique tapageuse qui ne parvient jamais à transcender ses propres clichés.
Adrian Lyne, pourtant réputé pour sa capacité à explorer les zones grises de la passion dans « Fatal Attraction » ou plus tard dans « Lolita », semble ici prisonnier d’un rapport de forces mal défini. La relation entre les personnages incarnés par Kim Basinger et Mickey Rourke repose sur une dynamique dominée par la manipulation plus que par la sensualité, une approche qui aurait nécessité une écriture plus subtile. Malgré une alchimie palpable, le scénario manque de profondeur, donnant l’impression d’observer un jeu dangereux sans jamais en saisir les enjeux émotionnels véritables, un défaut que des œuvres comme « Secretary » réussiront à dépasser en abordant des relations de pouvoir plus nuancées.
Sur le plan visuel, Lyne s’en remet trop souvent à une imagerie érotique sans véritable ambition artistique, une succession de tableaux stylisés qui évoquent davantage des vidéoclips que du cinéma. La célèbre scène du frigo, devenue emblématique, témoigne de cette volonté d’esthétiser le désir plutôt que de l’interroger. Cette superficialité contraste durement avec la manière dont d’autres films de la même époque, tels que « 9½ Weeks » ou « Eyes Wide Shut » une décennie plus tard, explorent l’opacité du désir avec une profondeur plus marquée.
Le film parvient néanmoins à capturer un parfum nostalgique du New York des années 80, avec ses rues vibrantes et ses lofts industriels baignés d’une lumière froide. Ce voyage dans un passé révolu constitue probablement son atout le plus durable. Toutefois, cette atmosphère est amoindrie par une bande sonore qui alourdit l’ensemble. Les chansons, loin d’amplifier l’émotion, finissent par devenir répétitives, un choix musical qui trahit un manque de cohérence et qui rappelle que d’autres films de l’époque, comme « Flashdance » ou « Top Gun », utilisaient au contraire la musique pour sublimer le récit.
En somme, « Neuf semaines et demi » est une œuvre qui n’a pas su résister à l’épreuve du temps, une exploration superficielle du désir qui souffre de la comparaison avec des films du même registre, plus inventifs et plus courageux dans leur approche. Malgré quelques éclats visuels et une nostalgie new-yorkaise charmante, l’ensemble demeure inégal et frustrant. Dans cette perspective, mon appréciation personnelle s’arrête à 4 étoiles sur 10, une note qui reflète un film pas terrible, séduisant par instants mais profondément limité par ses choix artistiques.

9 Semaines ½
- -Elizabeth, divorcée, travaille à la Spring Street Gallery, une galerie d'art de New York. C'est en faisant ses courses chez un épicier chinois qu'un homme la remarque et provoque chez elle un certain émoi. Ce mystérieux inconnu ne tarde pas à l'aborder et l'invite à déjeuner dans un restaurant italien.


























