Rebel Moon ou l’art de l’ennui sidéral

Il y a des films qui, dès les premières minutes, révèlent qu’ils n’ont rien à offrir au-delà de la poudre aux yeux. Rebel Moon de Zack Snyder appartient tristement à cette catégorie. Alors que Netflix le présentait comme une ambitieuse épopée de science fiction capable de rivaliser avec Star Wars, le résultat s’avère d’une platitude désarmante, au point où j’ai interrompu le visionnement tant la prévisibilité du récit frisait l’ennui total.
Ce qui frappe d’abord, c’est l’absence presque totale de profondeur dramatique. Les personnages demeurent figés dans des archétypes grossiers, comme si la direction artistique avait confondu caricature et caractérisation. Le traitement des antagonistes est particulièrement gênant, puisque les figures du mal prennent systématiquement la forme d’hommes blancs aux silhouettes militarisées, habillés pour évoquer sans détour l’esthétique nazie (longs manteaux sombres, casquettes rigides, visages fermés). Une telle iconographie aurait pu servir de commentaire social sur la montée contemporaine de l’autoritarisme, à la manière d’un V for Vendetta ou du THX 1138 de George Lucas, mais elle n’est jamais assumée et demeure prisonnière d’un littéralisme creux. Même Lucas, dans La Guerre des étoiles, savait jouer avec les codes visuels du totalitarisme tout en leur insufflant une mythologie propre.
L’inspiration narrative, elle, ne cherche même pas à se dissimuler. Rebel Moon emprunte sans vergogne aussi bien à Star Wars qu’aux Sept Mercenaires, eux-mêmes redevables aux Sept Samouraïs. Or, là où John Sturges et Akira Kurosawa proposaient une réflexion sensible sur le sacrifice, la communauté et l’honneur, Snyder recycle ces thèmes sans leur offrir la moindre incarnation nouvelle. Le film avance comme une mécanique fatiguée qui aligne les clichés à la manière d’un Valerian and the City of a Thousand Planets, mais sans le charme plastique ni l’audace worldbuilding de Luc Besson.
Sur le plan de la science fiction, l’univers manque cruellement de cohérence interne. Les décors, souvent somptueux, ressemblent davantage à des tableaux figés qu’à un véritable monde habité. Cette sensation de facticité rappelle le côté trop propre de Jupiter Ascending, où la forme immense ne parvenait jamais à justifier son absence d’âme. Ici aussi, le spectateur reste à distance, incapable de croire à ce qui se déroule devant lui.
La direction d’acteurs accentue le problème en multipliant les poses héroïques sans jamais atteindre la moindre intensité émotionnelle. On sent l’effort pour compenser la vacuité du scénario en surchargeant le film d’action, comme si une avalanche de combats suffirait à camoufler l’absence de sens. Contrairement à Mad Max. Fury Road, qui justifiait son spectacle par une vision politique, sociale et esthétique cohérente, Rebel Moon s’enlise dans le spectaculaire pour le spectaculaire.
On ressort donc de cette expérience avec la désagréable impression d’un immense gaspillage, comme si Netflix avait financé un produit calibré pour l’algorithme plus que pour le public. À l’heure où tant de romans de science fiction riches en idées attendent d’être portés à l’écran, cette œuvre bancale laisse un goût amer. Au final, je ne peux qu’inviter les cinéphiles à économiser leur temps, car Rebel Moon ne mérite malheureusement pas qu’on lui accorde plus qu’un bref regard. Deux étoiles sur cinq.

Rebel Moon - Part One: A Child of Fire
- -Lorsqu'une colonie pacifique à la périphérie de la galaxie se retrouve menacée par les armées du tyran Regent Balisarius, ils envoient Kora, une jeune femme au passé mystérieux, chercher des guerriers des planètes voisines pour les aider à résister


























