Rocketman, Elton John entre fantasme et vérité

Rocketman se présente comme une plongée intime dans l’univers d’Elton John, mais surtout comme une réflexion sur les masques que l’on endosse pour survivre. Ma réticence initiale envers les comédies musicales et la discographie d’Elton John m’avait préparé à une expérience cinématographique en demi teinte, pourtant le film a su déjouer mes attentes en entremêlant habilement la vie tumultueuse de l’artiste avec ses propres créations. Cette approche, qui rappelle la force évocatrice de Moulin Rouge dans sa manière de fusionner réalité et délire visuel, installe immédiatement une narration hybride et vibrante.
Taron Egerton livre une performance d’une sincérité étonnante, habitant Elton John avec une fragilité qui évoque parfois le travail de Rami Malek dans Bohemian Rhapsody, même si Dexter Fletcher assume ici un geste créatif plus audacieux. Les séquences musicales, que je n’arrive pas à apprécier sur le plan strictement sonore, prennent néanmoins une signification dramatique indéniable, surgissant moins comme des numéros obligés que comme des traductions visuelles de l’état intérieur du chanteur. Cette méthode renvoie à des approches impressionnistes déjà explorées dans All That Jazz, où la mise en scène devient directement le reflet du tumulte émotionnel du protagoniste.
Le film déploie surtout une tension continue entre le spectaculaire et l’intime, entre la démesure d’une star en ascension et la solitude d’un homme brisé par ses dépendances et les blessures familiales. Même si certains épisodes sont brièvement esquissés, voire légèrement lissés comme c’est souvent le cas dans les biopics musicaux, la direction artistique impressionne par son audace, ses couleurs saturées et ses costumes baroques qui rappellent parfois les excès assumés de Velvet Goldmine. Malgré mes appréhensions initiales pour le genre, cette mosaïque sensorielle réussit à maintenir mon attention du début à la fin.
En définitive, même si Rocketman n’aura pas transformé ma relation à la musique d’Elton John, il parvient à dresser un portrait sensible, inventif et cohérent d’un artiste qui tente de se reconstruire en se regardant enfin en face. Un incontournable, non seulement pour les aficionados de l’artiste, mais aussi pour ceux qui apprécient un cinéma qui ose mélanger réalité et fantaisie pour raconter l’histoire d’une vie extraordinaire. Je lui accorde pour cela la note de six étoiles sur dix, une appréciation respectable pour une œuvre qui réussit à me toucher malgré mes réticences initiales.

Rocketman
- -Rocketman nous raconte la vie hors du commun d’Elton John, depuis ses premiers succès jusqu’à sa consécration internationale. Le film retrace la métamorphose de Reginald Dwight, un jeune pianiste prodige timide, en une superstar mondiale. Il est aujourd’hui connu sous le nom d’Elton John. Son histoire inspirante - sur fond des plus belles chansons de la star – nous fait vivre l’incroyable succès d’un enfant d’une petite ville de province devenu icône de la pop culture mondiale.


























