Sisu : Lorsque l’absurde surpasse la simple fantaisie

Sisu : de l’or et du sang s’annonçait comme une curiosité venue du Nord, un film capable de proposer un regard différent sur la fin de la Seconde Guerre mondiale dans une région rarement représentée à l’écran. Le film s’ouvre sur une prémisse captivante où l’on découvre un héros solitaire, évoluant dans une Finlande sauvage et indomptée, évoquant les vastes étendues de la taïga québécoise. Cette entrée en matière possède une puissance visuelle indéniable, presque mythique, qui évoque autant l’âpreté de Il était une fois dans l’Ouest que la rudesse silencieuse de The Revenant. Elle laisse croire à un récit où la nature serait un personnage à part entière, capable de refléter la dureté du destin de cet ancien soldat devenu prospecteur.
La découverte d’un filon d’or sert de point d’ancrage narratif et propose un bref moment d’élévation. Pourtant, la trajectoire du film bascule rapidement dans un registre mécanique et répétitif qui imite maladroitement un cinéma d’action décomplexé. Là où un cinéaste comme Tarantino joue sur la tension et la rupture, Sisu enchaîne les situations extravagantes sans jamais construire le moindre enjeu dramatique. La surenchère prend ainsi la place du récit, un peu comme si le film cherchait à rivaliser avec l’excès stylisé de Mad Max: Fury Road mais sans en posséder la cohérence interne.
Cette dérive s’incarne surtout dans l’indestructibilité du protagoniste. Le film lui fait traverser l’enfer avec une invulnérabilité qui frôle la caricature, ce qui annule toute possibilité d’empathie. Survivre à une pendaison, échapper à une exécution, ressortir indemne d’un crash d’avion qui défie toute logique, voilà autant de scènes qui suscitent non pas l’émerveillement mais une incrédulité tenace. La tension dramatique s’effondre, exactement comme dans certains films d’action des années 80 où le héros surhumain absorbait tout le poids du récit en le vidant de sa substance émotionnelle.
En cherchant à magnifier la résistance finlandaise à travers une figure quasi mythologique, le film finit par trahir ce qu’il cherche à célébrer. Le réalisme historique disparaît au profit d’un spectacle tapageur qui ne permet jamais de ressentir la brutalité de la guerre. Là où un film comme Dunkerque parvient à conjuguer souffle épique et fragilité humaine, Sisu : de l’or et du sang choisit la voie de l’exagération qui désamorce toute portée symbolique. Au terme de cette expérience, il reste l’impression persistante d’un film qui aurait pu être incisif mais qui s’égare dans sa propre fantaisie, si bien que ma note finale s’arrête à 3 étoiles sur 10.

Sisu
- -Au cœur des étendues sauvages de Laponie, Aatami Korpi est à la recherche d'or, mais lorsqu'il tombe sur une patrouille nazie, une course-poursuite haletante et avide d'or commence à travers les étendues sauvages dévastées et minées de Laponie.


























