The Bad Guys 2 : quand le grand méchant loup devient irrésistiblement bon

Avec The Bad Guys 2, DreamWorks Animation prouve que la suite d’un film à succès peut non seulement égaler son prédécesseur, mais peut-être aussi le dépasser en audace et en inventivité. Dès les premières minutes, j’ai adoré l’introduction : réintégrer la société après avoir fait de la prison n’est pas chose facile pour cette bande de cambrioleurs notoires. Un segment hilarant montre quatre des cinq complices tentant de passer des entrevues d’embauche. Le ton est donné : l’humour est vif, mais en arrière-plan se dessine une réflexion sur la difficulté d’être du côté du bien et de trouver sa place après avoir payé sa dette.
Sur le plan narratif, la structure reprend les codes du récit d’équipe façon heist movie, mais les détourne subtilement. Le scénario multiplie les faux-semblants et les revirements, gardant le spectateur dans un état constant d’anticipation. Inutile toutefois d’avoir vu l’œuvre de 2022 pour profiter pleinement de ces nouvelles aventures : le grand méchant – ou gentil ? – Le Loup résume l’essentiel en quelques secondes, en brisant le quatrième mur pour s’adresser directement au spectateur avec un clin d’œil complice. Chaque personnage bénéficie d’un arc plus nuancé, où l’action et l’humour s’entrelacent avec une sincérité inattendue. Le film n’a pas peur d’alterner entre le burlesque assumé et des moments de tendresse, donnant une humanité surprenante à ces figures animales anthropomorphes.
L’esthétique visuelle est sans doute l’un des points forts. L’animation ose une hybridation entre un rendu numérique ultra-dynamique et une stylisation graphique inspirée des comics et du street art. Les couleurs saturées, les jeux d’ombre et de lumière, ainsi que le rythme quasi-musical du montage confèrent au film une identité visuelle singulière. On retrouve ici une écriture de l’image qui assume la vitesse et l’excès, mais qui sait aussi ralentir pour souligner un regard, un geste, une hésitation. Bref, c’est un film complètement éclaté, qui joue avec son énergie visuelle pour créer une véritable fête pour les yeux.
Sur le plan sonore, la bande originale brille par son mélange éclectique : hip-hop, funk et orchestrations épiques se répondent pour accompagner les poursuites et les affrontements. Mais ce sont surtout les silences et les respirations sonores qui donnent de l’ampleur aux scènes d’émotion, un choix qui témoigne d’une maîtrise mature du tempo cinématographique.
Là où The Bad Guys 2 impressionne, c’est dans sa capacité à conjuguer divertissement grand public et réflexion morale. Même si le film tourne autour de la question du Bien et du Mal, le ton n’est en rien moralisateur. Contrairement à une tendance actuelle de l’animation familiale – notamment chez Disney post-2017 – à asséner une moraline “woke” cherchant à éduquer davantage qu’à divertir, ce film choisit de faire réfléchir sans jamais sacrifier son objectif premier : le plaisir. Pas de lourdeur idéologique ici, mais un humour rafraîchissant, original, sympathique, et une histoire qui fait mouche. En interrogeant la frontière poreuse entre le bien et le mal, le film invite son jeune public à réfléchir à la notion de choix, tandis que les adultes y trouveront un sous-texte ironique sur la réinvention de soi. Cette double lecture confère à l’œuvre une profondeur inattendue
En somme, The Bad Guys 2 n’est pas seulement une suite réussie : c’est un film d’animation qui confirme la vitalité du studio et son audace à repousser les limites esthétiques et narratives. Avec ses personnages attachants, sa mise en scène inventive et son humour qui fait mouche, il s’impose comme une référence du cinéma d’animation contemporain. Un divertissement bien ficelé, splendide à regarder et qu’on prendra plaisir à réécouter jusqu’à la toute fin. Jubilatoire, intelligent, complètement éclaté et visuellement éclatant, il restera sans doute comme l’une des œuvres marquantes de 2025.

Les Bad Guys 2
- -Un loup, un serpent, une tarentule, un requin et un piranha sont une ancienne bande de criminels repentis tentant une réinsertion dans la société. Cependant, leur mauvaise réputation les précède et ils peinent à trouver du travail. Lorsqu'une série de cambriolages sont perpétrés dans la ville, ils en deviennent les principaux suspects. Pour prouver leurs bonnes intentions, ils offrent à la commissaire de police d'utiliser leurs habiletés uniques pour identifier le véritable coupable.

























