The Girl with All the Gifts et la généalogie oubliée de l’apocalypse fongique
The Girl with All the Gifts fait partie de ces œuvres injustement reléguées à la marge, alors qu’elles auraient mérité une place bien plus centrale dans la conversation autour de l’apocalypse fongique. Sorti en 2016, le film de Colm McCarthy précède l’engouement phénoménal pour The Last of Us, tout en explorant des thèmes similaires avec une sensibilité plus austère, presque britannique dans son approche. Adapté de la nouvelle de Mike Carey, le récit imagine un monde dévasté par un champignon parasitaire, une prémisse que de nombreux spectateurs associent aujourd’hui au succès de la série de HBO, même si l’œuvre de McCarthy existait déjà comme un jalon solide du genre. La réception mitigée qu’a connue le film, malgré une nomination aux BAFTA, témoigne d’ailleurs de la difficulté pour une production plus modeste de s’imposer dans un marché dominé par les grandes franchises.
L’un des points forts du film réside dans son exploration des enjeux éthiques, un aspect que des œuvres comme Children of Men ou 28 Days Later ont également su aborder. Ici, tout repose sur la jeune Melanie, incarnée par Sennia Nanua, dont l’interprétation dégage une intensité rare pour un rôle d’enfant dans un récit post apocalyptique. Sa relation complexe avec le personnage de Gemma Arterton devient le fil conducteur d’une réflexion troublante sur la transmission, le conditionnement social et les limites de notre empathie. Cette dynamique évoque d’ailleurs par moments l’iconique duo de The Road et rejoint certaines préoccupations contemporaines concernant la violence institutionnelle exercée sous couvert de survie collective.
Le film ne bénéficie toutefois pas du luxe d’un format sériel qui aurait permis d’explorer en profondeur son univers et ses personnages. Là où The Last of Us peut déployer ses enjeux narratifs sur plusieurs épisodes, The Girl with All the Gifts doit condenser son propos en un peu moins de deux heures, ce qui laisse certains détours thématiques en friche. La malchance de sa sortie, arrivée en pleine vague de dystopies pour jeunes adultes inspirées par The Hunger Games, a aussi nui à son rayonnement en l’associant malgré lui à un imaginaire plus formaté que ce qu’il propose réellement. Pourtant, sa conclusion audacieuse et dérangeante lui confère une singularité qui, à mes yeux, le place parmi les œuvres les plus originales du genre, un peu comme l’avait fait I Am Legend en son temps tout en suscitant le même type de débat moral.
Si The Girl with All the Gifts n’a pas eu l’impact culturel de The Last of Us, il demeure une pièce essentielle pour comprendre l’évolution de l’apocalypse fongique dans la culture populaire. Son regard sombre et nuancé rappelle que la science fiction la plus percutante s’intéresse moins aux monstres qu’aux choix impossibles auxquels l’humanité se confronte. Et même si l’ensemble manque parfois d’ampleur, l’expérience reste suffisamment riche pour mériter une redécouverte attentive, un verdict qui m’amène à lui accorder cinq étoiles sur dix.
The Last Girl - Celle qui a tous les dons
- -Un petit groupe d’enfants, immunisés contre un terrible virus qui risque de décimer l’humanité, est détenu dans un camp militaire. Bien qu’ils se nourrissent eux aussi de viande humaine, les enfants sont encore capables d’éprouver des sentiments. Ils sont donc essentiels à la recherche menée par le docteur Caldwell, biologiste, pour trouver un vaccin capable de sauver l’espèce humaine. Parmi les enfants, une petite fille, Melanie, sort du lot : dotée d’un esprit brillant, elle est très liée à la maîtresse, Miss Justiniau. Quand le camp est attaqué par les zombies, le petit groupe entame une terrible odyssée dans une Grande-Bretagne en ruine. Melanie, l’ancienne prisonnière, devient un précieux guide…
