The Last of Us : Une série brillante mais surcotée

N’ayant jamais exploré le jeu vidéo original dont s’inspire The Last of Us, j’ai abordé cette série avec une curiosité neuve, sans le filtre de la comparaison. Pourtant, dès les premiers épisodes, un constat s’impose. Bien que visuellement réussie et intéressante à suivre, cette série me semble surcotée. Elle brille dans ses moments de tension et dans la construction de son univers, mais souffre d’un manque de cohérence narrative. Cette impression traverse l’ensemble de la saison et dicte largement ma réception de l’œuvre.
L’atmosphère post apocalyptique demeure évocatrice, quelque part entre la désolation glaçante de The Road et les méditations humanistes de Children of Men. La présence sporadique des infectés déplace l’attention vers la survie humaine et la reconstruction fragile des liens, une approche qui fonctionne par instants, mais qui contribue aussi à diluer l’enjeu central. On admire la maîtrise visuelle, on respecte l’ambition, mais l’ensemble semble constamment osciller, comme si la série cherchait encore sa direction.
Une mise en contexte parfaite, certes, et certains moments se démarquent. À l’épisode 8, la performance de Scott Shepherd dans le rôle de David s’impose comme l’un des points forts de la saison. Son interprétation d’un prédicateur charismatique, paternaliste et profondément troublant rappelle les figures ambiguës croisant la route des personnages dans The Mist ou The Leftovers. Shepherd apporte une densité inattendue à un personnage secondaire, rehaussant un segment qui aurait autrement paru convenu.
Une mention honorable doit être accordée à Scott Shepherd dans le rôle de David à l’épisode 8, un prédicateur qui dirige une communauté en difficulté. Shepherd livre une performance remarquable, capturant parfaitement l’essence d’un personnage à la fois manipulateur et ambigu. Cette complexité est plus développée que ce que l’on voit habituellement dans ce genre d’histoire, offrant un aperçu rafraîchissant d’un personnage secondaire profondément nuancé.
Cependant, plusieurs choix narratifs renforcent l’impression d’un récit qui se disperse. L’épisode 3, consacré à un couple homosexuel, propose une histoire sensible et admirablement interprétée, mais s’étire au point de sembler totalement détachée de l’intrigue principale. Le même constat s’applique à l’épisode 7, qui explore la relation homosexuelle d’Ellie avec Riley. Ces récits ajoutent certes de la profondeur aux personnages, mais leur traitement donne parfois l’impression de répondre davantage à une logique de sensibilisation aux mœurs progressistes contemporaines qu’à une nécessité organique du récit, une dérive comparable aux digressions thématiques parfois maladroites observées dans The Walking Dead ou The Handmaid’s Tale. L’intention reste honorable, mais la cohérence s’en trouve affaiblie.
La musique, minimaliste et parfaitement calibrée, soutient efficacement la gravité du récit, rappelant l’approche sensible de Gustavo Santaolalla dans Babel. La direction artistique, elle, demeure irréprochable. Les environnements détruits, les ruines envahies par la végétation et les scènes de tension pure comptent parmi les plus belles réussites de la série, évoquant par moments le lyrisme visuel d’Annihilation. Pourtant, malgré ces qualités évidentes, le rythme demeure inégal, accentuant l’impression d’un ensemble qui s’éparpille au lieu de se structurer autour d’un axe clair.
En définitive, The Last of Us se révèle être une œuvre ambitieuse, puissante par moments, mais incapable de soutenir la cohérence nécessaire pour atteindre la grandeur qu’on lui prête. Si ses interprètes et sa mise en scène impressionnent, son récit vacille trop souvent pour convaincre totalement. Je demeure donc partagé entre admiration et frustration, ce qui m’amène à lui accorder 6 étoiles sur 10, une appréciation en demi teinte pour une série captivante, mais indéniablement surcotée.

The Last of Us (saison #1)
- -Joel et Ellie, liés par la dureté du monde dans lequel ils vivent, sont contraints d'endurer des situations extrêmes et des tueurs impitoyables lors d'un périple à travers une Amérique postapocalyptique.


























