Weapons : la boîte mystère qui cache le vide
Le film Weapons, réalisé par Zach Cregger, s’impose comme un objet filmique singulier dans le paysage de 2025. S’il reprend les codes du thriller horrifique contemporain, il cherche aussi à les détourner en sondant des dynamiques sociales et générationnelles au moyen d’une intrigue fragmentée. Le récit oscille ainsi entre horreur, drame psychologique et parabole sociétale, sans jamais se fixer tout à fait.
Du point de vue de la structure, Weapons se distingue par un montage éclaté où des récits parallèles convergent vers un même point focal : une communauté meurtrie par un événement traumatique. J’ai vraiment aimé le montage, qui épouse ce découpage et l’enrichit de ruptures calculées, accentuant la tension tout en ménageant des zones d’ombre. Réduite à sa plus simple expression, la trame reste pourtant simple. Oui, Cregger jette de la poudre aux yeux, narrativement et visuellement, et ce clinquant semble au départ en phase avec l’ambition du projet : proposer au spectateur un puzzle à reconstituer, reflet d’un réel morcelé et du sens fuyant de la violence contemporaine. Les trente premières minutes confirment d’ailleurs cette promesse : la disparition massive d’enfants, l’atmosphère poisseuse et l’accumulation progressive de la peur accrochent, nourrissant de réels espoirs pour la suite. Mais cette construction, intrigante dans son amorce, se révèle trompeuse : la révélation centrale, d’une simplicité presque caricaturale, dégonfle tout le mystère. Le film verse alors dans le syndrome de la boîte mystère, préférant retarder l’information plutôt que de livrer une résolution satisfaisante. Au final, malgré quelques jump scares épars, Weapons peine à provoquer la véritable terreur attendue.
La mise en scène s’avère par endroits brillante : poussées soudaines de la caméra, zooms stratégiques, angles insolites, plans larges dans lesquels on traque un indice, une anomalie. La photographie joue sur les contrastes et le hors-champ, suggérant plus qu’elle ne montre. La direction artistique, arrimée à des décors suburbains ordinaires, réactive l’idée d’une horreur tapie au cœur du quotidien, une veine plus psychologique que spectaculaire.
Côté interprétations, le casting est solide. Les acteurs composent des figures vulnérables, parfois brutales, au sein d’un dispositif choral. L’absence de protagoniste central autorise la pluralité des points de vue, mais limite l’identification émotionnelle : la mécanique dramatique reste admirée plus que vécue.
Sur le plan thématique, Weapons s’intéresse moins aux armes qu’à leur symbolique : pouvoir, peur, domination, instrumentalisation de la violence. Pourtant, le choix du titre me paraît particulièrement malvenu. On attendrait d’un film intitulé Weapons qu’il mette les armes au centre du récit, qu’elles soient au cœur de l’intrigue, de l’imagerie ou du discours. Or, ce n’est pas le cas : elles ne constituent jamais un élément moteur ni une clé de lecture majeure. Ce mot, trop générique et volontairement opaque, ne fait qu’entretenir une ambiguïté artificielle. Il promet une radicalité que le film n’assume pas et détourne l’attention du véritable propos, donnant l’impression d’un habillage tape-à-l’œil plus soucieux de style que de substance.
Là où le bât blesse, c’est dans l’écart entre la réception dithyrambique et le résultat : la surestimation critique semble dire autant l’originalité ponctuelle de Weapons que la panne d’imagination d’un horreur contemporain souvent médiocre. Dans ce contexte, un film un tant soit peu singulier fait figure de révélation, moins par sa maîtrise que par contraste avec le paysage ambiant.
S’ajoutent enfin plusieurs invraisemblances et facilités qui brisent la suspension d’incrédulité : un FBI étonnamment peu zélé malgré la disparition d’une classe entière. Il est d’ailleurs difficile à croire que la maison du seul enfant rescapé, recouverte de journaux et abandonnée de ses parents, n’ait pas attiré davantage l’attention des autorités. Ces choix paraissent motivés par la nécessité d’acheminer la narration plus que par sa logique interne.
Weapons avait du potentiel, notamment dans son premier acte, mais dilue ses promesses dans une écriture paresseuse, des comportements illogiques et une récompense thématique trop maigre. En définitive, l’œuvre demeure ambitieuse et visuellement marquante, tout en laissant un arrière-goût d’inachèvement. Plus cérébral qu’émotionnel, le film propose tout de même un miroir de notre société fragmentée. Et si, après Barbarian, la carrière de Cregger paraît bel et bien sur les rails, on reste mitigé ici : curieux de voir jusqu’où son audace le mènera, mais réservé sur la voie qu’emprunte Weapons.

Évanouis
- -En plein cœur de la nuit, les 17 enfants d'une classe de l'école primaire de Maybrook aux États-Unis se réveillent à une heure précise et s'enfuient de leurs foyers. Mus par une force inébranlable, ils sont partis à la course et personne ne sait où ils s'en sont allés. Tous ont disparu, sauf un. Alex est le seul élève restant. Paniqués et inquiets, les parents soupçonnent l'enseignante Justine Gandy d'avoir manigancé quelque chose.