Sisu : Lorsque l’absurde surpasse la simple fantaisie
« Sisu : de l’or et du sang », un film finlandais qui a éveillé mon intérêt pour son origine peu commune à mes yeux. N’ayant jamais vraiment plongé dans le cinéma finlandais, je fus intrigué par le synopsis qui promettait une aventure intense à la fin de la Seconde Guerre mondiale, une période rarement explorée dans ce contexte géographique.
Le film s’ouvre sur une prémisse captivante où l’on découvre un héros solitaire, évoluant dans une Finlande sauvage et indomptée, évoquant les vastes étendues de la taïga québécoise. Cette introduction est une claire ode aux films westerns, un hommage appuyé non seulement par les paysages désolés mais aussi par un choix de typographie vieillotte qui nous transporte immédiatement dans cet univers cinématographique spécifique.
La scène où le protagoniste découvre un filon d’or est peut-être la plus réussie du film, offrant un moment de satisfaction qui capte parfaitement l’essence de la découverte et de l’aventure. Malheureusement, après ce pic initial, le scénario prend un tournant mécanique et prévisible. Le film se lance dans une trame linéaire et sans surprise qui tente de s’inspirer du style de Quentin Tarantino, sans toutefois en capturer ni la finesse ni le dynamisme.
Au cœur de cette déception cinématographique, le traitement invraisemblable du protagoniste cristallise tous les défauts de Sisu. Le film pousse son héros dans des situations toujours plus extravagantes, frôlant le ridicule, où il semble doté d’une immortalité propre aux personnages de bandes dessinées plutôt qu’à ceux d’un drame de guerre réaliste. Le summum de cette surenchère survient lorsqu’il survit à un crash d’avion sans parachute, après avoir été pendu par des soldats nazis. Une scène qui, loin de susciter l’admiration, provoque plutôt l’incrédulité et même une certaine lassitude chez le spectateur.
Cette invincibilité excessive du héros détruit toute tension narrative qui aurait pu s’établir. Comment s’investir dans le sort d’un personnage qui, quelles que soient les épreuves, semble échapper à toutes formes de danger réel? L’absence de vulnérabilité transforme ce qui aurait pu être un poignant récit de survie en une parodie, où le suspense est systématiquement sapé par l’invraisemblance des événements.
En fin de compte, cette exagération nuit gravement à l’authenticité et à l’impact émotionnel du film. « Sisu : de l’or et du sang » perd ainsi non seulement la possibilité de toucher intellectuellement son audience mais aussi celle de rendre un hommage crédible à la période historique qu’il prétend explorer. Le film, en sacrifiant la crédibilité au profit de l’action débridée, manque une occasion précieuse de raconter une histoire captivante ancrée dans la réalité brutale de la guerre.
Sisu
- -Deep in the wilderness of Lapland, Aatami Korpi is searching for gold but after he stumbles upon Nazi patrol, a breathtaking and gold-hungry chase through the destroyed and mined Lapland wilderness begins.