M3GAN 2.0 : Le cinéma algorithmique dans toute sa platitude
Que de temps perdu devant ce naufrage filmique ! Alors que le premier M3GAN s’amusait à détourner, avec une certaine finesse, l’archétype de la poupée tueuse à l’ère de l’intelligence artificielle, M3GAN 2.0 enterre aussitôt tout ce qui faisait la fraîcheur de son prédécesseur. Ce second opus est l’exemple parfait du cinéma algorithmique : une production prémâchée, ultra-formatée, qui recycle à l’aveugle des éléments empruntés à de meilleurs films sans jamais rien proposer d’authentique.
Exit les frissons : M3GAN 2.0 évacue totalement l’horreur pour se vautrer dans un divertissement bruyant, surchargé et dénué de tension. Le virage vers l’action et la comédie désoriente dès les premières scènes, mais c’est surtout l’indigence du scénario qui finit par achever toute tentative d’investissement émotionnel. L’intrigue est confuse, ponctuée de rebondissements absurdes, où chaque scène semble surgir d’un autre film… souvent meilleur.
Car M3GAN 2.0 ne se contente pas d’être maladroit : il pompe. À commencer par Terminator 2, qu’il copie de manière si grossière qu’on ne sait plus s’il faut y voir un hommage bancal ou un plagiat non assumé. Le méchant robot du premier film devient ici l’allié protecteur d’une adolescente menacée par un androïde militaire plus puissant. Même sans le “hasta la vista, baby”, la filiation est évidente… et désolante. Autre emprunt manifeste : Upgrade de Leigh Whannell, thriller d’anticipation brillamment tendu autour de l’idée d’une puce contrôlant un corps humain conscient. Ici, ce concept fort est réduit à une simple mécanique narrative, sans enjeu ni réflexion.
On y retrouve aussi des clins d’œil maladroits à d’autres univers : Mission : Impossible pour les séquences d’espionnage gadgets, Austin Powers pour le second degré douteux, et même une touche de X-Men dans la valorisation des jeunes génies numériques. Mais ce cocktail indigeste ne fait que souligner l’absence d’identité propre du film.
Le montage ultra-rythmé, probablement dicté par des projections tests et une peur panique du silence, trahit l’incapacité du film à instaurer une quelconque tension dramatique. Tout est précipité, artificiel, anesthésié par une musique insistante et des effets tape-à-l’œil. Les scènes d’action, bien que correctement chorégraphiées, semblent ajoutées pour flatter un public adolescent en quête de frissons immédiats, au détriment de toute construction dramatique durable.
Les dialogues sont creux, les archétypes si caricaturaux qu’on se croirait devant une mauvaise série pour ados produite à la chaîne. Le personnage de Gemma, toujours interprété par une Allison Williams aussi expressive qu’un avatar numérique, reste aussi froid et antipathique que dans le premier film, mais sans plus aucune ambiguïté. Quant à la jeune Cady, elle peine à exister face à la vacuité ambiante. J’ai personnellement abandonné le visionnement aux deux tiers, lassé par tant de vide, de répétition, et d’incohérences.
Le plus consternant demeure toutefois le sous-texte idéologique du film. Sous couvert de spectacle, M3GAN 2.0 flirte dangereusement avec une forme de propagande pro-technologie. L’un des antagonistes principaux est présenté comme un terroriste anti-IA, caricatural au possible, ce qui donne au récit une tonalité presque dystopique… mais pas dans le bon sens. On est ici face à une œuvre qui, sous couvert de satire, épouse sans recul les discours marketing qu’elle prétend critiquer.
En définitive, M3GAN 2.0 échoue sur tous les tableaux. Ni film d’horreur, ni satire convaincante, ni même divertissement pleinement assumé, cette suite apparaît comme une tentative maladroite et opportuniste d’exploiter une idée jadis rafraîchissante. Incapable de choisir un ton clair ou une direction narrative cohérente, le film se condamne à l’oubli immédiat. Pire encore, en sabordant toutes les promesses du premier volet, M3GAN 2.0 sonne le glas précoce d’une franchise qui semblait pourtant avoir de beaux jours devant elle. Un échec déjà oublié, symptomatique d’une industrie cinématographique trop pressée d’exploiter un succès sans en comprendre la véritable essence.
M3GAN 2.0
- -Deux ans ont passé depuis la destruction de M3GAN, le prototype à la pointe de l’intelligence artificielle devenu incontrôlable lors d’un carnage aussi sanglant qu’impeccablement chorégraphié. Sa créatrice Gemma aujourd’hui auteure de renom milite pour l’encadrement drastique des I.A. par le gouvernement, alors que Cady, sa nièce de 14 ans entre dans l’adolescence et se rebelle contre les règles trop strictes de sa tante. Cependant, à l’insu de tous, la technique de pointe mise au point pour M3GAN a été volée et détournée pour créer une arme militaire connue sous le nom d'AM3LIA.
