Barbarian. Une horreur prometteuse qui se perd en chemin

Barbarian s’impose d’abord comme une proposition audacieuse dans un genre qui se repose souvent sur des schémas balisés. Le film prend plaisir à manipuler les attentes du spectateur, à les déplacer subtilement, installant une tension constante fondée sur l’incertitude et la méfiance. La mise en scène exploite l’espace domestique avec une précision remarquable, chaque cadre semblant chargé d’une menace latente, comme si la maison elle-même observait ceux qui l’habitent.
La prémisse initiale se révèle d’une efficacité redoutable. Une jeune femme arrive dans une maison louée pour la nuit et découvre qu’un homme étrange occupe déjà les lieux. Bill Skarsgård, acteur contemporain désormais indissociable de l’imaginaire horrifique pour avoir incarné le clown maléfique Pennywise dans It, joue habilement avec cette image déjà chargée. Sa simple présence nourrit la méfiance du spectateur, le film exploitant consciemment cette mémoire collective pour installer un malaise immédiat. Cette première partie évoque autant l’inconfort feutré de The Invitation que la logique de suspicion propre à Funny Games, où l’angoisse naît moins de ce qui arrive que de ce qui pourrait arriver.
Le début du film excelle particulièrement dans la construction de cette atmosphère oppressante. Chaque interaction, chaque silence contribue à un sentiment de tension sourde, solidement ancré dans une réalité crédible. La performance de Georgina Campbell y est essentielle. Elle incarne une vulnérabilité authentique, jamais surjouée, qui permet au spectateur de s’identifier pleinement à son point de vue. Les premières révélations se dévoilent alors avec une finesse remarquable, renforçant l’impact émotionnel du récit. L’exploration de la cave constitue le véritable sommet du film. Cette séquence, tendue et maîtrisée, joue avec l’obscurité, l’espace et l’anticipation, réveillant des peurs primales liées à l’enfermement et à l’inconnu. À ce moment précis, Barbarian semble en passe de devenir une œuvre marquante du cinéma d’horreur contemporain.
Cependant, après ce pic d’intensité, le film commence à perdre de son éclat. L’invraisemblance des événements qui se succèdent dans la deuxième moitié contraste fortement avec l’ingéniosité et la rigueur du début. Le récit abandonne progressivement la logique du thriller psychologique pour s’engager dans un enchaînement de situations de plus en plus difficiles à croire. Cette transition est regrettable, car elle dilue l’effet de la première impression, qui avait pourtant captivé par sa cohérence et sa subtilité.
Les rebondissements, manifestement conçus pour maintenir l’intérêt, deviennent graduellement prévisibles et manquent de la délicatesse qui caractérisait la première partie. Ce qui était parti pour être une proposition contemporaine forte dans le genre horrifique glisse vers un scénario tiré par les cheveux, perdant en crédibilité à mesure qu’il cherche à en faire trop. Cette dérive rappelle certains films comme Sinister, où l’efficacité initiale s’érodait au profit d’une surenchère moins maîtrisée.
La seconde moitié du film donne ainsi l’impression d’un récit qui ne sait plus quelle direction emprunter. Le ton oscille entre horreur frontale, satire maladroite et spectacle plus généraliste, sans jamais pleinement s’assumer. Cette indécision narrative affaiblit la conclusion, qui laisse une impression d’inachevé. Comme si la direction initiale avait été abandonnée en cours de route, le film peine à donner un sens clair à son propre parcours, préférant accumuler les effets plutôt que de conclure avec cohérence.
En définitive, Barbarian demeure un film profondément inégal. Son ouverture, brillante et intelligemment construite, démontre une réelle compréhension des ressorts de la peur et du malaise contemporain. Sa seconde moitié, minée par l’invraisemblance et un abandon progressif de sa logique initiale, empêche toutefois cette promesse de se concrétiser pleinement. Il en résulte une expérience à la fois stimulante et frustrante, qui commence très fort avant de se perdre en chemin, ce qui justifie une appréciation moyenne de 5 étoiles sur 10.

Barbare
- -Une jeune femme se rend à Détroit pour un entretien d'embauche, loue une maison, le temps de son séjour. Mais lorsqu'elle arrive tard dans la nuit, elle découvre que la demeure est occupée par deux personnes et qu'un homme étrange y réside déjà... N'ayant pas d'autre choix, elle décide de passer la nuit sur place, à ses risques et périls.


























