Kill Me Again : un Black Mirror du pauvre
Le film Kill Me Again (2025), réalisé par Keith Jardine, s’inscrit dans une lignée de thrillers violents flirtant avec la science-fiction, mais peine à atteindre sa cible. On y suit Charlie, surnommé The Midnight Mangler, un tueur en série qui se retrouve coincé dans une boucle temporelle, revivant la même nuit sanglante dans un dîner routier. L’idée de base, celle d’un assassin prisonnier de ses propres crimes, évoque les détours métaphysiques d’un épisode de Black Mirror, mais une coche en dessous, tant par sa réalisation que par la profondeur du propos.
Le concept, bien qu’intéressant sur papier, souffre d’un traitement inégal. L’aspect cyclique aurait pu servir de miroir psychologique à la folie du protagoniste, mais la mécanique tourne vite à vide. On comprend que Charlie n’est pas simplement un meurtrier, mais un véritable sociopathe, un asshole antipathique qui ne suscite ni empathie ni curiosité. Le spectateur reste à distance, incapable de s’identifier à lui ou même de s’attacher aux personnages secondaires, esquissés de manière superficielle. Dans un récit où l’émotion devrait naître du contraste entre la violence et la prise de conscience, il n’y a ici qu’un vide affectif, presque clinique.
Visuellement, le huis clos du diner instaure une tension correcte, soutenue par un éclairage cru et un cadre étouffant. On sent la volonté de créer une expérience sensorielle, mais la répétition des séquences finit par diluer l’impact. L’absence de véritable montée dramatique empêche toute catharsis. Il faut admettre qu’on ne comprend pas réellement, au fil du récit, où l’intrigue mène ni pourquoi. À l’instar du personnage central, on se retrouve prisonnier de cette logique opaque. Vers la mi-parcours, le film installe une attente grandissante, celle d’un twist final qui, bien que surprenant, manque de punch et laisse un goût d’inachevé. Un épisode de Black Mirror aurait sans doute mieux raconté cette histoire dans un format condensé d’une heure, plutôt que d’étirer la sauce sur près de deux heures, comme c’est le cas ici.
Sur le plan narratif, la logique interne du film demeure floue. La boucle temporelle n’obéit à aucune règle perceptible, si bien que le dispositif perd de sa force. L’ensemble manque de cohérence dramatique, et la tension initiale s’effrite faute de repères. Les répétitions n’apportent pas de nouvelles nuances à l’histoire, ce qui rend la deuxième moitié du film monotone.
Kill Me Again aurait pu être une méditation sur la culpabilité, la fatalité ou le châtiment intérieur, mais son écriture manque de nuance. On ressort de la projection avec le sentiment d’avoir vu une esquisse prometteuse, mal aboutie. Une curiosité pour les amateurs de concepts de boucle temporelle et de violence stylisée, mais un film qui, malgré quelques éclairs visuels, reste prisonnier de sa propre superficialité. Ma note : 2,5 / 5.
Kill Me Again
- -Charlie, un tueur en série notoire surnommé le Dévoreur de Minuit, se retrouve piégé, condamné à revivre sans cesse la même nuit d'horreur. D'abord adonné à ses pulsions macabres, Charlie est bientôt pris de panique et cherche désespérément à échapper à ce cauchemar sans fin.
