Last Sentinel, un huis clos de science-fiction qui manque d’envergure

Last Sentinel propose un huis clos de science-fiction où l’isolement géographique devient l’extension naturelle de l’isolement intérieur des personnages. Le réalisateur Tanel Toom mise sur un quatuor coincé dans une station militaire battue par les vents, interprété par Kate Bosworth, Thomas Kretschmann, Lucien Laviscount, et un quatrième comédien tout aussi essentiel à la dynamique dramatique. La promiscuité forcée crée un climat pesant qui évoque à la fois la claustrophobie psychologique d’Alien et les tensions latentes de The Thing, deux œuvres qui ont prouvé avant lui que l’espace clos peut devenir un personnage à part entière. Toom tente de s’inscrire dans cette tradition, mais sans toujours réussir à en retrouver la puissance évocatrice.
Le film adopte une structure volontairement minimaliste, presque théâtrale, ce qui aurait pu être l’occasion de creuser davantage les enjeux moraux et politiques de cet avant-poste perdu entre deux mondes. Or cette épure devient rapidement un frein à l’ampleur du récit. Là où un huis clos comme Moon parvenait à transcender la solitude en questionnant l’identité et l’humanité, Last Sentinel reste trop souvent prisonnier d’une mécanique dramatique prévisible. L’ambition est là, mais le scénario manque de ce grain d’audace qui pourrait faire basculer l’ensemble dans une réflexion plus large sur l’autorité, le devoir et la paranoïa militaire, trois thèmes pourtant suggérés en filigrane.
Le film démarre sur une note intrigante et réussit d’abord à susciter l’espoir d’une tension croissante. Cependant cette promesse s’effrite à mesure que la narration emprunte des sentiers trop balisés. Les scènes censées faire monter la pression semblent recyclées d’autres œuvres du genre, sans bénéficier du souffle narratif qui rendait par exemple Sunshine ou Europa Report si captivants. L’expérience demeure correcte, mais elle peine à trouver une identité visuelle et thématique capable de rivaliser avec la profusion de propositions audacieuses qui ont redéfini la science-fiction contemporaine.
Dans l’ensemble, Last Sentinel se regarde avec intérêt, mais il laisse derrière lui l’impression d’un film qui aurait pu être beaucoup plus que la somme de ses intentions. Son huis clos joue son rôle, ses interprètes offrent une solidité appréciable et quelques moments fonctionnent réellement, mais l’ensemble manque d’ampleur, de vision, et surtout d’un souffle qui lui permettrait de se distinguer. En tant qu’expérience de science-fiction contenue et introspective, il satisfera les passionnés du genre, mais risque de laisser les autres sur leur faim. Pour ma part, une appréciation modérée s’impose et je lui accorde deux étoiles sur cinq.

Last Sentinel
- -Situé dans le futur sur une Terre ravagée par la guerre, quatre soldats épuisés gardent Sentinel - une base militaire isolée dans un vaste océan qui sépare deux continents en guerre. Alors que leur tour de service s'est terminé il y a trois mois, l'équipe de secours n'est toujours pas arrivée et, au fur et à mesure que les semaines vides se transforment en mois, la paranoïa s'installe, mettant les relations à rude épreuve jusqu'à leur point de rupture...


























