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Posté par le 9 décembre 2025 dans

Man Finds Tape. Quand l’horreur virale tourne à vide

Image du film ""

Avec Man Finds Tape (2025), le réalisateur propose une nouvelle incursion dans l’univers du found footage, du mystère analogique et, surtout, de l’esthétique creepypasta, un territoire déjà abondamment exploré depuis The Blair Witch Project, Paranormal Activity et, plus récemment, certaines expérimentations issues de l’horreur numérique comme Skinamarink. Pour rappeler le concept, une creepypasta désigne une légende urbaine née et propagée en ligne, souvent sous forme de récits courts, de vidéos troublantes ou d’archives fictives, conçues pour semer un malaise diffus par leur faux réalisme. Man Finds Tape s’inscrit pleinement dans cette tradition. Son point de départ est accrocheur. Un homme ordinaire met la main sur une vieille bande vidéo dont le contenu semble peu à peu contaminer sa propre réalité, puis celle de toute une petite ville. Sur le papier, tout est en place pour une descente cosmique inquiétante, dans un esprit qui évoque autant The Ring que certaines dérives métaphysiques de Archive 81. À l’écran, toutefois, l’expérience demeure inégale.

Le film réussit d’abord à installer une atmosphère troublante. Le grain de l’image, les artefacts visuels et le travail sonore créent un climat de malaise diffus qui fonctionne dans ses premières séquences. La mise en scène joue habilement sur le hors-champ et l’attente, rappelant certaines réussites du cinéma d’horreur minimaliste et de la culture des vidéos maudites typique des creepypastas. L’étrangeté semble s’infiltrer lentement dans le quotidien, jusqu’à transformer progressivement une ville entière en théâtre d’un mal cosmique difficilement définissable, dans une logique qui n’est pas sans rappeler la montée de la paranoïa collective dans In the Mouth of Madness de John Carpenter. On sent une réelle volonté de miser sur la suggestion plutôt que sur l’esbroufe. Le problème est que cette tension, bien que prometteuse, s’étire rapidement jusqu’à l’essoufflement.

Le scénario, pourtant riche en potentiel symbolique, s’enlise dans une structure répétitive. La mécanique de la découverte progressive de la cassette devient prévisible, presque automatique. Chaque nouvelle révélation semble répondre à un schéma trop balisé. La question du réel et de l’image, pourtant centrale dans l’univers creepypasta, où la frontière entre fiction et réalité est volontairement brouillée, reste ici à l’état d’esquisse. Le film effleure des thèmes intéressants comme l’obsession, la perte de repères, la mémoire et la contamination du quotidien par les écrans et les récits viraux, mais sans jamais les approfondir véritablement. Là où certaines creepypastas, à l’image de Marble Hornets, parviennent à générer une terreur existentielle durable, Man Finds Tape demeure souvent en surface.

L’interprétation du comédien principal se révèle honnête, parfois même touchante dans les moments d’isolement et de doute. Il incarne avec justesse cet individu happé malgré lui par une force qu’il ne comprend pas. Cependant, le personnage manque d’épaisseur psychologique pour soutenir tout le poids narratif du film. Son évolution émotionnelle est souvent suggérée plutôt que vécue, ce qui limite l’attachement du spectateur. Les personnages secondaires, qui auraient pu enrichir la dimension collective de la malédiction frappant la ville, demeurent largement sous-exploités, réduits à de simples fonctions dramatiques, un écueil déjà observé dans plusieurs productions du genre.

Sur le plan visuel, Man Finds Tape joue la carte d’une sobriété volontaire, cohérente avec l’esthétique bricolée et amateur propre aux creepypastas. Cependant, cette retenue finit par frôler la monotonie. Les mêmes procédés sont recyclés sans véritable variation, ce qui affaiblit l’impact de certaines scènes pourtant conçues pour choquer ou déstabiliser. Le montage, parfois trop étiré, donne l’impression que le film cherche constamment à retarder ses propres révélations, sans toujours justifier cette attente par une montée dramatique suffisante, à la différence de The Borderlands, qui savait transformer la lenteur en véritable arme de tension.

Image du film "The Borderlands"

Cliquez sur l’image pour lire ma critique du film The Borderlands

Le dernier acte, que l’on espérait plus audacieux, laisse un sentiment d’inabouti. Plutôt que de pousser son concept de mal cosmique et de contamination collective jusqu’à ses conséquences les plus troublantes, le film choisit une voie plus prudente, presque frileuse. L’ambiguïté finale, au lieu de nourrir un véritable vertige métaphysique à la manière de The Mist ou de Resolution, donne surtout l’impression d’un manque de décision artistique, comme si le film hésitait à assumer pleinement l’héritage radical de la culture creepypasta dont il s’inspire.

Man Finds Tape n’est pas un mauvais film à proprement parler. Il possède une ambiance soignée, une idée de départ solide, quelques fulgurances visuelles et une utilisation intéressante du mythe de la vidéo maudite propre à l’imaginaire Internet. Mais il reste prisonnier des codes qu’il exploite, sans réussir à les transcender. Pour les amateurs du genre et des creepypastas, l’expérience pourra susciter un certain intérêt, sans toutefois marquer durablement la mémoire. Une œuvre correcte, mais trop sage pour laisser une véritable empreinte. Note : 2 étoiles sur 5.

Man Finds Tape (2025)

84 min - Horreur, Mystère, Thriller - 5 décembre 2025
Votre note :

Réalisateur :  Paul Gandersman, Peter S. Hall
Écrivains :  Paul Gandersman, Peter S. Hall
Acteurs :  Kelsey Pribilski, William Magnuson, John Gholson, Brian Villalobos, Nell Kessler, Graham Skipper, Judy McMillan, Christine Hall, Akasha Villalobos, Shane Brady, Fox Manning, Kennedy Jo Wilson, Mia King, Paul Gandersman, Peter S. Hall, David Lawson Jr.

Photos

Détails

Site officiel : 
Pays :   États-Unis
Langue :  Anglais
Date de sortie :  5 décembre 2025

Box Office

Compagnies

Compagnies de production :  Rustic Films, XYZ Films, Arcanum Pictures

Détails techniques

Durée :  1 h 24 min
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