Nobody 2 : l’auto-parodie d’un défouloir sans âme
Le premier Nobody surprenait par son mélange d’action sèche et d’ironie, et par l’effet de révélation autour de Bob Odenkirk. Nobody 2 tente d’élargir la formule, mais perd ce qui la rendait piquante. On y ressent une inflation de moyens : plus de décibels, plus de coups, sans gain dramatique. L’effet de surprise s’évapore, la narration s’aplatit.
La structure reste ultra standard : relance du conflit, escalade, grand final. Mais les enjeux paraissent plaqués. La mise en scène privilégie la chorégraphie lisible au détriment de la tension, et le montage empile les pics de spectacle au lieu de construire un vrai crescendo. On regarde davantage un dispositif d’action qu’un récit.
Hutch, autrefois figure ambivalente, devient une icône quasi invincible. En l’arrachant à sa banalité initiale, le film perd sa charge psychologique. Tout glisse vers l’illustration plutôt que vers l’incarnation.
Le virage le plus parlant est l’auto-parodie. Elle est assumée, et c’est son mérite. Pris comme comédie violente volontairement outrée, le film retrouve une efficacité basique. Cerveau à off, on observe Hutch démolir méthodiquement une galerie de méchants caricaturaux et antipathiques. Dans cet angle, on peut relever la cote d’une étoile et demie.
Reste que la proposition vise surtout un public masculin, blanc, classe moyenne, qui cherche un exutoire cathartique. L’orgie de violence désincarnée évoque une session de jeu vidéo où l’on endosse un super-héros anonyme après une semaine de boulot abrutissante. Quelques trouvailles visuelles affleurent, mais la finale est prévisible et s’oublie dès l’écran noir. Verdict : défouloir efficace si l’on accepte la farce, décevant si l’on espérait une suite avec une vraie progression dramatique.

Nobody 2
- -Quatre ans après sa malencontreuse altercation avec la mafia russe, Hutch doit toujours 30 millions de dollars à la redoutable organisation et s'efforce de la rembourser en enchaînant sans répit les contrats d'une liste de criminels à abattre aussi interminable qu'internationale. Bien qu'il apprécie le caractère intense de son travail, Hutch se retrouve vite surmené, tout comme sa femme Becca, et ils s'éloignent inexorablement l'un de l'autre.