Predator: Killer of Killers – L’instinct de survie retrouvé
En 2025, Predator: Killer of Killers débarque comme une sorte d’acte de rédemption pour une franchise qui avait sérieusement perdu pied. Après l’accident industriel qu’a été The Predator (2018), avec ses choix de ton absurdes et sa tendance à ridiculiser son propre mythe, puis le rachat par Disney qui a accouché du très polarisant Prey (2022) et de ses lectures idéologiques “woke” clivantes, beaucoup pensaient que l’univers des Yautja ne se relèverait jamais vraiment. C’est précisément là que Killer of Killers surprend : sans être un chef-d’œuvre, il replace enfin la franchise sur un terrain solide.
Ce n’est pas le film génial que certains fans surexcités prétendent avoir vu. Killer of Killers reste un pur film d’action, rythmé, nerveux, mais presque exclusivement concentré sur l’efficacité de ses scènes de combat et ses environnements variés. Pourtant, après les échecs précédents, cette proposition fait l’effet d’une bouffée d’air frais, un retour à la base : des chasseurs extraterrestres, des humains redoutables, et une mise en scène qui prend au sérieux ses enjeux.
La structure en anthologie fonctionne bien : trois époques, trois décors, trois codes de combat. D’abord, l’ouverture nordique avec la farouche guerrière Ursa ; ensuite, un détour par le Japon féodal où les frères Kenji et Kiyoshi s’affrontent dans un duel d’honneur entremêlé de traîtrises ; enfin, un segment Seconde Guerre mondiale, aérien et tendu, centré sur le pilote John Torres. Chacun de ces chapitres possède sa propre grammaire visuelle et narrative, avant de converger vers un final commun.
Sur le plan formel, Dan Trachtenberg, épaulé par The Third Floor, signe une animation lisible, dynamique et tactiquement claire. Le montage alterne ellipses sèches et accélérations brutales, avec un usage calculé du hors champ qui renforce le suspense. La partition de Benjamin Wallfisch agit comme un moteur dramatique, notamment dans le segment japonais où le silence devient une arme.
Côté voix, impossible de ne pas souligner la présence de Michael Biehn — l’un de mes acteurs cultes depuis mon adolescence, immortel caporal Hicks dans Aliens — qui prête ici sa voix au colonel Gerard “Red” Dawson. Sa diction rauque et usée apporte une dimension humaine et crédible au segment WWII, presque à elle seule. Louis Ozawa retrouve aussi une physicalité déjà explorée dans l’univers Predator, et l’ensemble du casting vocal joue avec sobriété.
Sans trop en dire, la scène finale est un coup de maître calculé : un clin d’œil complice aux fans, mais aussi un test discret pour jauger l’envie du public. En reliant finement Killer of Killers aux films précédents, elle tisse un fil narratif qui rend toute la saga un peu plus cohérente, tout en laissant planer la possibilité de suites. Ce n’est pas de la réinvention radicale, mais c’est une remise en ordre salutaire.
Bref, Killer of Killers n’est pas parfait. Mais après avoir vu la franchise se saborder dans l’auto-parodie et s’égarer dans des débats périphériques, voir un film se concentrer de nouveau sur ce qui fait la force de Predator — la chasse, le duel, la tension —, ça fait un bien fou. Et rien que pour ça, c’est un rendez-vous que les fans devraient honorer.
Predator : Killer of Killers
- -Cette anthologie d'animation suit trois des guerriers les plus féroces de l'histoire de l'humanité : une Viking guidant son jeune fils dans une quête de vengeance sanglante, un ninja du Japon féodal s'opposant à son frère samouraï pour la succession et un pilote de la Seconde Guerre mondiale enquêtant sur une menace de la cause alliée en plein ciel.
