Montréal sans accent : galerie d’un effacement numérique
Depuis quelque temps, j’ai pris l’habitude de capturer des images de ce que me présente l’algorithme de Facebook. Pas les publications de mes amis, non — celles-là se font de plus en plus rares. Je parle ici des Reels, ces courtes vidéos qui s’imposent d’elles-mêmes dans mon fil d’actualité, même si je ne les ai jamais demandées.
Or, ce qui frappe, c’est que ces vidéos ont presque toutes été tournées à Montréal… mais dans une langue qui n’est pas la nôtre. L’anglais domine ; parfois un vague franglais, mais rarement un français assumé. Ces clips parlent de nos rues, de nos quartiers, de notre ville. Ils sont captés dans le Plateau, au centre-ville, à Laval, au Parc Lafontaine. Et pourtant, ils effacent totalement la dimension francophone de ce territoire.
On pourrait croire qu’il s’agit de contenu destiné à des touristes, ou à une clientèle internationale. Mais il ne faut pas se raconter d’histoires. Ce contenu est produit par et pour des gens d’ici, pour les jeunes qui vivent à Montréal et consomment leur environnement comme n’importe quel autre produit globalisé. C’est l’expression d’une culture locale qui ne se revendique plus comme québécoise, mais qui s’aligne, sans sourciller, sur les standards culturels et linguistiques de TikTok, d’Instagram, de YouTube Shorts. Et ça, c’est un fait sociologique que nous ne pouvons pas ignorer.
L’Office québécois de la langue française ne voit pas ça. Les chroniqueurs des grands médias n’en parlent pas. Les politiciens ne le mesurent pas. Mais là, dans le flot numérique, c’est le français qui disparaît sous nos yeux, non pas interdit, mais simplement ignoré, contourné, jugé « moins efficace » pour générer des clics et de l’engagement.
Cette galerie regroupe une cinquantaine de captures d’écran prises directement de mon fil personnel. Ce n’est pas une étude scientifique, mais un témoignage visuel, brut et quotidien, d’un phénomène inquiétant. Montréal, sans accent. Montréal, sans mémoire. Montréal, comme s’il ne restait plus que la façade.
Je vous invite à parcourir ces images. À observer. À réfléchir. Et surtout, à partager.
Parce que si nous ne sommes pas les gardiens de notre langue et de notre imaginaire collectif, personne ne le fera à notre place.
Bref, voici une cinquantaine de captures d’écran pour illustrer la disparition en ligne du français à Montréal