« MadS » : Un exercice de style qui sacrifie le fond pour la forme
« MadS », réalisé par David Moreau en 2024, se veut une tentative ambitieuse de révolutionner le genre de l’horreur avec un plan-séquence unique qui embrasse le concept de temps réel. Pourtant, malgré cette prouesse technique indéniable, le film peine à capter l’attention au-delà de son artifice stylistique.
L’histoire suit Romain, un jeune homme de 18 ans, qui sombre dans une descente aux enfers après avoir consommé une drogue expérimentale. Lorsqu’il croise le chemin d’une femme blessée, sa nuit devient un tourbillon d’événements violents et désorientants. L’effet esthétique des jeux de sons et lumières est sans doute l’un des rares éléments à sortir du lot. Les contrastes lumineux, notamment dans les scènes où les infectés réagissent de manière quasi animale à la lumière, créent des moments visuellement frappants. On ressent ici une véritable intention d’explorer un langage cinématographique unique.
Cependant, ces réussites esthétiques sont rapidement étouffées par une cacophonie générale, qui rend l’expérience pénible à supporter. Les cris incessants, les bruits agressifs, et la bande-son criarde ne parviennent pas à instaurer une véritable atmosphère de terreur. Au lieu d’éveiller l’angoisse, cela plonge le spectateur dans un état de lassitude, où l’excès sonore devient un obstacle à l’immersion.
Le choix audacieux d’un plan-séquence continu, bien que techniquement impressionnant, se révèle être une arme à double tranchant. Les longueurs interminables inhérentes à ce type de narration finissent par diluer l’intensité du récit. Plutôt que de maintenir une tension soutenue, le film semble s’enliser dans des scènes étirées à l’excès, où la caméra erre sans véritable objectif, comme si elle cherchait désespérément une histoire à raconter.
Les personnages, notamment Romain et Anaïs, manquent cruellement de profondeur. Le scénario ne prend pas le temps de développer leurs motivations, ce qui rend difficile pour le public de s’investir émotionnellement. Même les dialogues, souvent réduits à des échanges creux, n’apportent pas la substance nécessaire pour véritablement comprendre leurs peurs et leurs dilemmes.
Mais le véritable point faible de « MadS » réside dans sa conclusion décevante, qui laisse le spectateur dans un sentiment d’inachevé. Après une longue attente ponctuée de moments chaotiques et confus, le film se termine de manière abrupte, nous abandonnant avec un personnage secondaire dont l’importance reste floue. La fin, morne et apparemment improvisée, ne parvient ni à résoudre les arcs narratifs, ni à offrir une véritable résolution émotionnelle. C’est comme si, épuisé par son propre exercice de style, le film choisissait de se conclure sans apporter de véritable réponse aux questions soulevées. Rarement un final aura été aussi anticlimatique, laissant le public perplexe et frustré par ce sentiment d’inachèvement.
Enfin, malgré quelques idées intéressantes sur les effets hallucinogènes de la drogue et la réactivité des infectés à la lumière, le film s’enlise dans des clichés et des stéréotypes. En privilégiant la forme au détriment du fond, « MadS » perd de vue ce qui fait l’essence même d’un bon film d’horreur : une histoire captivante, soutenue par des personnages bien développés et une tension palpable.
En conclusion, « MadS » est une tentative de renouveau qui échoue à livrer une expérience satisfaisante. Bien que la direction artistique et quelques choix esthétiques soient louables, l’ensemble souffre d’une narration mal maîtrisée et d’un final terriblement décevant. Ce film est un exemple frappant de la manière dont l’obsession pour la technique peut éclipser l’essentiel, laissant le spectateur sur sa faim avec plus de frustration que de satisfaction.
MadS
- -Un adolescent s'arrête chez son dealer pour tester une nouvelle drogue avant de partir faire la fête. Sur le chemin du retour, il récupère une femme blessée et la soirée prend une tournure surréaliste.