Pour le réaménagement des grands axes urbains à Montréal; l’exemple du boulevard de Magenta à Paris
Comme militant durant les congrès politiques, l’expérience m’aura appris qu’il vaut mieux s’en tenir à la promotion d’une minorité de propositions plutôt que de donner son avis sur tout et n’importe quoi… comme une poule sans tête. Pour ma part, si j’ai toujours une proposition maitresse autour de laquelle s’activent mes alliances et mes négociations, j’essaye au mieux de faire passer quelques propositions secondaires. Ainsi, bien que la «réalisation de Quartier verts» fût ma proposition principale au dernier congrès de Projet Montréal, j’avais aussi une proposition secondaire; soit, celle de réaménager les grands axes urbains.
Engagement 3.29 : Réaménager les grands axes urbains
La plupart des grands axes montréalais ont été transformés en routes, voire en autoroutes urbaines, véritables aspirateurs à voitures. Cela s’est traduit par une forte diminution de la place consacrée aux autres modes de déplacement. Il s’agit ici de diminuer l’espace consacré à l’automobile et limiter sa vitesse en facilitant la circulation des transports en commun par des voies spécifiques réservées, en implantant des aménagements cyclables et rollables, en urbanisant les boulevards, en sécurisant les traversées des piétons.
Évidemment, cette proposition trouve aussi sa source durant mon stage à Paris. En effet, c’est en me baladant sur le boulevard de Magenta (10e) que j’ai expérimenté le sens d’un «espace civilisé».
Il faut dire que dans les années 1980, ce boulevard avait préalablement été transformé en axe rouge (voies routières à Paris interdites aux stationnements). Considéré comme une «autoroute urbaine» (2 km de long entre République et Barbés), le boulevard a donc été réaménagé sous l’ère Delanoë entre juillet 2004 et mars 2006. Ainsi, dans le cadre de travaux d’embellissements en 2006, le boulevard de Magenta aura été transformé en « espace civilisé ». De la sorte, 300 nouveaux arbres ont été plantés, des couloirs de bus et des pistes cyclables y ont aussi été aménagées.
Évidemment, les piétons sont très satisfaits. Toutefois, à lire cette étude du nouvel observateur, la plupart des automobilistes jugent maintenant le boulevard impraticable (deux voies de circulation ont été supprimées – une dans chaque sens – pour élargir les trottoirs et y placer une piste cyclable). Mais contrairement aux automobilistes, la conseillère d’alors, Charlotte Nenner (Vert), y voit une réussite: «La circulation automobile a été réduite de 50% par rapport à 2004 et la vitesse moyenne est de 11,7 km/h, ce qui en fait une voie chargée, mais pas embouteillée.»
Sur la pollution, les chiffres de l’étude donnent raison à mon ancienne collègue: diminution de 50% des émissions d’oxyde d’azote, de 56% des particules… Idem sur le bruit, avec une baisse de 2 décibels la journée et de 4 la nuit.
Alors, voilà, à Montréal, pourquoi ne pas nous inspirer de l’exemple de Magenta pour, à notre tour, civiliser les boulevards Saint-Joseph, Pie-IV, René-Levesque, DeLorimier, Notre-Dame, Rosemont et Parc ?
Que Delanoë n’assume pas, je trouve ça nul. Mais je persiste : pour moi, Magenta n’est pas un échec, c’est un exemple.
– Charlotte Nenner
L’étude est disponible ici à http ://municipales2008.blogs.nouvelobs.com
Les pistes cyclables sur les trottoirs comme sur la première photo ne sont pas terribles car les piétons marchent dessus (et sur la piste cyclable des boulevards des maréchaux il y a aussi des scooters qui roulent à fond)