Sting : un drame familial enfermé dans un huis clos d’horreur

Sting (2024), réalisé par Kiah Roache-Turner, s’inscrit dans la tradition du film de créature à budget modeste, un sous-genre souvent sous-estimé mais capable, à l’occasion, de livrer de véritables paraboles sur la peur, la responsabilité et la cellule familiale. Production australienne prenant place dans un décor urbain américain, le film combine science-fiction, horreur et drame domestique pour exploiter une phobie universelle, celle de l’araignée, en l’ancrant dans une dynamique intime et conflictuelle. Porté par Alyla Browne, le récit suit Charlotte, une fillette de douze ans qui recueille une étrange araignée tombée du ciel, sans se douter que ce geste anodin déclenchera une série d’événements mortels.
L’intrigue se concentre sur Charlotte, une enfant solitaire vivant dans un immeuble vétuste de New York avec sa mère et son beau-père, Ethan. Fascinée par une petite araignée d’origine extraterrestre, elle la garde secrètement dans sa chambre. Rapidement, la créature connaît une croissance accélérée et développe une intelligence prédatrice inquiétante, capable d’imiter les sons humains pour attirer ses victimes. Ce qui débute comme une curiosité enfantine se transforme en cauchemar lorsque l’araignée devient une menace directe pour les habitants de l’immeuble. Acculée, Charlotte doit affronter les conséquences de son attachement malsain, épaulée par Ethan, dans une tentative désespérée de stopper la créature avant qu’elle ne sème la mort à grande échelle.
La structure narrative de Sting repose sur un schéma classique du cinéma d’horreur, progression lente, montée de la menace, confinement spatial, puis affrontement final. Ce canevas balisé rappelle autant Arachnophobia que certains films de monstres des années 80, où l’horreur servait de révélateur aux tensions familiales. Le huis clos de l’immeuble joue un rôle central, transformant chaque corridor, chaque conduit et chaque appartement en piège potentiel. La relation entre Charlotte et son beau-père constitue l’axe émotionnel du film, tentant de donner une épaisseur dramatique à un récit autrement très codifié. Si cette dimension familiale apporte une humanité bienvenue, elle demeure parfois schématique, comme si le film hésitait à pleinement assumer soit la fable intime, soit l’horreur frontale.
Alyla Browne s’impose comme le véritable moteur du film. Elle parvient à rendre crédible le paradoxe de son personnage, à la fois enfantine, fragile et dangereusement obstinée. Sa prestation évoque, par moments, celle de jeunes héroïnes du cinéma de genre confrontées trop tôt à la responsabilité adulte. Jermaine Fowler, dans le rôle d’Ethan, injecte une légèreté teintée d’ironie qui désamorce partiellement la tension, un choix qui ne plaira pas à tous mais qui permet au film d’éviter une monotonie oppressante constante.
À sa sortie, Sting a suscité des réactions partagées. Certains critiques ont salué son efficacité technique et son utilisation ingénieuse d’un espace restreint, tandis que d’autres lui reprochent son manque d’audace narrative et son incapacité à surprendre réellement. Ce clivage reflète bien la nature du film, solide dans son exécution mais rarement surprenant, oscillant entre hommage assumé et recyclage de motifs déjà largement exploités dans le cinéma d’horreur contemporain.
Sting est un film qui connaît parfaitement les règles du jeu et qui s’y conforme avec application. Cette maîtrise devient toutefois sa principale limite, car chaque étape du récit semble annoncée d’avance, menant à une conclusion aussi attendue que convenue. Sans jamais être médiocre, le film demeure prisonnier de ses références et de ses intentions modestes. Il n’en reste pas moins supérieur à bien des productions récentes du genre, notamment des œuvres tapageuses et creuses comme Abigail, ou certaines déclinaisons interchangeables de l’horreur industrielle contemporaine. Sting ne marque pas durablement l’imaginaire, mais il propose un divertissement honnête, parfois tendu, parfois trop sage, qui mérite une ★★★★★☆☆☆☆☆, soit 5 sur 10 étoiles, une œuvre moyenne, efficace sur le moment, vite oubliée ensuite.

Sting
- -Charlotte est une jeune fille rebelle de 12 ans qui trouve une minuscule araignée dans son immeuble délabré. Elle la garde dans un bocal, mais elle commence bientôt à grandir à une vitesse monstrueuse et à développer un appétit insatiable pour le sang. Alors que ses voisins commencent à disparaître, Charlotte et sa famille se retrouvent dans une lutte désespérée pour leur vie contre un arachnide vorace qui a un goût prononcé pour la chair humaine.


























