The Watchers : Un film qui peine à trouver son identité

Avec The Watchers, Ishana Night Shyamalan signe son premier long métrage en tentant de conjuguer folklore celtique, fable horrifique et huis clos anxiogène. L’ambition est réelle et, sur le papier, séduisante. Une forêt irlandaise hors du temps, des créatures tapies dans l’ombre et un dispositif de surveillance quasi rituel auraient pu constituer les bases d’un conte sombre et sensoriel. Pourtant, comme trop souvent dans la filmographie récente associée au patronyme Shyamalan, l’idée de départ se heurte à une incapacité à faire confiance au pouvoir du cinéma pur, celui qui suggère plutôt qu’il n’explique.
Le film s’ouvre sur Mina, jeune artiste solitaire interprétée par Dakota Fanning, perdue dans une forêt qui devient rapidement un espace mental autant qu’un piège physique. Le bunker de verre où elle trouve refuge avec trois inconnus instaure un huis clos prometteur, évoquant par moments The Village ou encore The Descent de Neil Marshall, pour cette idée d’un environnement naturel hostile chargé de mythes anciens. Mais très vite, The Watchers révèle son principal défaut. Il refuse l’ambiguïté. Là où l’horreur gagne à se nourrir du non-dit, Ishana Night Shyamalan choisit l’explication frontale, affaiblissant progressivement la tension.
Le scénario, qu’elle signe elle-même, multiplie les dialogues explicatifs, comme si le film craignait constamment de perdre son spectateur. Cette méfiance se retourne contre lui. Les personnages, au lieu d’évoluer à travers leurs actes et leurs silences, sont définis par des paroles appuyées qui les figent. Dakota Fanning, pourtant actrice aguerrie, se retrouve enfermée dans une écriture monotone qui limite toute expressivité. Georgina Campbell, remarquée dans Barbarian, parvient à insuffler une présence plus intériorisée, mais elle ne peut compenser la pauvreté dramatique de l’ensemble.
Sur le plan visuel, The Watchers laisse entrevoir une cinéaste sensible à la composition et à la lumière. Les scènes nocturnes, baignées d’ombres mouvantes et de reflets, rappellent parfois le cinéma de Robert Eggers, notamment The Witch, dans cette volonté de faire émerger la peur du paysage lui-même. Hélas, ces qualités plastiques sont régulièrement sabotées par des choix de mise en scène maladroits. La révélation trop claire des créatures, moment clé du film, annihile leur potentiel symbolique et les fait basculer du côté de la simple illustration, un écueil déjà observé dans plusieurs films d’horreur contemporains à gros budget.
Le plus grand problème demeure toutefois l’incapacité du film à choisir sa nature profonde. Conte mythologique ou thriller horrifique, parabole écologique ou simple exercice de tension, The Watchers oscille sans jamais s’ancrer. Cette indécision narrative étire inutilement le récit, qui aurait gagné en efficacité sous une forme plus resserrée. On pense à certains épisodes de The Twilight Zone ou à des œuvres comme It Comes at Night, où la suggestion et la frustration deviennent des moteurs dramatiques assumés.
En toile de fond, la question du népotisme plane inévitablement sur la réception du film. Ishana Night Shyamalan ne peut échapper à la comparaison avec son père, dont elle reproduit malheureusement ici les travers les plus critiqués. Concept intriguant, exposition excessive et final explicatif composent une formule désormais usée. Cela ne signifie pas l’absence de talent, mais plutôt un besoin évident de maturation, de lâcher-prise et, surtout, de confiance envers le spectateur.
Au final, The Watchers apparaît comme une œuvre inaboutie, plus préoccupée par ce qu’elle veut dire que par ce qu’elle fait ressentir. Malgré quelques éclairs visuels et une atmosphère initiale prometteuse, le film se dissout dans une narration laborieuse et un imaginaire trop balisé. Une entrée en matière décevante qui laisse espérer, malgré tout, une évolution future. Ma note s’établit donc à ★★★★☆☆☆☆☆☆, soit 4 sur 10 étoiles, une appréciation sévère mais cohérente avec les ambitions non tenues du film.

Les Guetteurs
- -Cette forêt n'existe sur aucune carte. Toutes les voitures qui y pénètrent tombent immanquablement en panne, et celle de Mina n'a pas fait exception. Bloquée sur place, elle n'a pas d'autre choix que de s'aventurer dans les bois. Le cri d'une femme la mène jusqu'à un bunker au milieu des arbres. Quand elle franchit la porte, des dizaines de cris résonnent autour d'elle. Mina se retrouve prisonnière d'une pièce aux murs de verre et dont la lumière s'allume automatiquement au coucher du soleil, lorsque les Guetteurs sortent. Ces créatures émergent pour observer leurs captifs humains et un sort terrible attend tous ceux qui n'atteignent pas le bunker à temps. Terrifiée et prise au piège avec des inconnus, Mina cherche désespérément des réponses, et un moyen de s'enfuir. Qui sont les Guetteurs ? Pourquoi gardent-ils des humains enfermés ? Et pourquoi surveillent-ils leurs moindres mouvements ?


























