Entre réalité et illusion, Never Let Go s’égare dans ses propres longueurs
Dans Never Let Go, réalisé par Alexandre Aja, Halle Berry incarne une mère protectrice qui tente de sauver ses fils d’une entité maléfique qui semble les poursuivre dans un monde post-apocalyptique. Ce huis clos familial se concentre sur la lutte intérieure et extérieure de cette famille isolée, perdue entre réalité et illusion.
Malgré un début efficace, le film souffre malheureusement de longueurs qui viennent ralentir l’intrigue. Les scènes se répètent et semblent parfois étirées sans réel ajout à l’histoire, ce qui peut frustrer le spectateur en quête de montée en tension. Alors que l’on s’attend à une progression continue vers l’horreur, le rythme traîne et enlève une partie de l’impact que Never Let Go aurait pu avoir.
Un autre point faible du film réside dans sa bande sonore. Si certaines compositions apportent une atmosphère oppressante, plusieurs séquences musicales, notamment celles intégrant des flûtes, viennent perturber l’immersion. Ces passages décalés, voire agaçants, sont tellement « offset » par rapport à l’ambiance générale qu’ils en viennent à distraire du récit. Ces choix musicaux, inopportuns, affaiblissent l’efficacité dramatique des scènes clés.
Halle Berry livre une performance solide en tant que mère protectrice, mais son jeu reste souvent unidimensionnel. L’ambiguïté de son personnage, tiraillée entre folie et lucidité, n’est pas assez exploitée pour rendre le rôle vraiment mémorable. En revanche, Alexandre Aja, épaulé par le directeur de la photographie Maxime Alexandre, parvient à créer une atmosphère visuellement captivante, jouant habilement sur les ombres et les mouvements en arrière-plan pour maintenir un sentiment d’insécurité. C’est d’ailleurs dans ces moments visuels que le film trouve sa véritable force.
Dans Never Let Go, le film joue constamment sur la frontière entre le réel et le mental, laissant planer une incertitude sur la nature des événements vécus par les personnages. L’horreur à laquelle ils sont confrontés pourrait être le résultat de leur environnement surnaturel, ou bien une manifestation des traumatismes transmis au sein de la famille. La possibilité que la schizophrénie, qui affectait déjà la mère, soit un facteur déterminant dans la perception des deux frères est fortement suggérée. Le film interroge ainsi subtilement si le « mal » qu’ils perçoivent est une entité réelle ou bien une projection psychologique héritée, laissant au spectateur le soin d’interpréter cette ambiguïté sans jamais trancher clairement.
Never Let Go est un film qui séduit par son ambiance visuelle et son potentiel narratif, mais qui peine à pleinement convaincre en raison de ses longueurs et d’une bande-son parfois discordante. La performance de Berry est honorable, mais manque de nuances pour porter un film dont la richesse aurait pu résider dans une exploration plus profonde de la folie et du traumatisme. Si le film saura captiver certains amateurs d’horreur atmosphérique, il laisse néanmoins une impression de potentiel inachevé.
Mother Land
- -Depuis la fin du monde, June protège ses fils Samuel et Nolan, en les confinant dans une maison isolée. Ils chassent et cherchent de quoi survivre dans la forêt voisine, constamment reliés à leur maison par une corde que leur mère leur demande de ne surtout « jamais lâcher. » Car, si l’on en croit June, la vieille cabane est le seul endroit où la famille est à l’abri du « Mal » qui règne sur la Terre. Mais un jour la corde est rompue, ils n’ont d’autre choix que de s’engager dans une lutte terrifiante pour leur propre survie…
