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Posté par le 25 août 2008 dans Philosophie-politique, Politique nationale

La jeunesse libérale et le renoncement tranquille

Québec à vendre

Il suffit parfois d’un congrès pour révéler la véritable couleur d’une génération politique. Les propositions fraîchement sorties de la commission jeunesse du PLQ l’illustrent avec une clarté troublante, et même si plusieurs ont déjà commenté ces idées néolibérales décomplexées, je ressens le besoin d’exprimer le malaise profond qu’elles suscitent. Derrière ces visages trop confiants, je vois un groupe de jeunes carriéristes qui se rêvent déjà intégrés au système, non pour le transformer, mais pour mieux s’y installer.

À force de se fondre dans l’ordre dominant, on finit par devenir un simple code à scanner dans le marché du pouvoir.

Sincèrement, bien que valorisant l’engagement politique, j’ai toujours entretenu une prudence instinctive envers certains jeunes issus du mouvement étudiant, ceux pour qui la politique semble moins un appel qu’un terrain de jeu. Ils arrivent tôt avec une fascination pour les structures plutôt que pour les causes, avec un intérêt marqué pour l’ascension plutôt que pour la justice. Plus ils avancent, plus leurs idées se moulent au réseau qu’ils convoitent, un réseau où le succès individuel prime sur la pensée critique et où l’on apprend vite que la loyauté importe davantage que la conviction.

Dans ce paysage, la jeune garde libérale occupe une place particulière, à la fois sûre d’elle et singulièrement docile. Et la question s’impose. Qu’est-ce qui pousse un jeune Québécois à consacrer son énergie au Parti libéral du Québec? On voudrait croire à l’envie d’améliorer la société, à l’espoir d’un Québec plus juste. Pourtant, rien dans leurs propositions ne témoigne d’un tel élan. On y décèle plutôt la volonté d’être reconnu par l’ordre dominant, d’obtenir une place au soleil dans un système qu’ils ne remettent jamais en question.

Je n’ai jamais cru que ces jeunes remettaient réellement en question le système dans lequel ils cherchaient à se fondre. Le parti libéral, même en 2008, n’était déjà plus l’héritier des idées de Claude Ryan ni celui des valeurs civiques d’une certaine tradition québécoise. Il s’était aligné sur un néolibéralisme sans dimension sociale, une pensée du chacun pour soi qui rompait ouvertement avec l’héritage de la Révolution tranquille. Sa commission jeunesse n’était que la version étudiante de ce renoncement, un laboratoire où germaient des idées présentées comme modernes mais qui, en réalité, réduisaient l’État à un gestionnaire minimal et la société à un marché.

C’est ainsi que l’on se retrouve devant des propositions qui, sous couvert de modernité, relèvent d’un renoncement collectif. Tripler les frais de scolarité. Ouvrir la porte à la privatisation du système de santé. Réduire le rôle social de l’État. Se prosterner devant le marché libre comme s’il s’agissait d’une loi naturelle. Et surtout, cette étrange distance avec l’identité québécoise, perçue comme un obstacle plus que comme une base commune. Pour plusieurs, le Québec est déjà une province bilingue, vouée à l’être davantage, en parfaite continuité avec la vision dominante du Canada.

ici, admirez le babillage politique de ce jeune carriériste libéral

De l’origine du pouvoir

Maintenant, expliquons-nous. Que cherchent réellement ces jeunes « militants » néolibéraux? Comment peut-on en venir, sans sourciller, à défendre le triplement des frais de scolarité, la privatisation partielle ou totale du système de santé, le démantèlement méthodique du rôle social de l’État, l’aplaventrisme politique devant le marché libre et ses caprices chaotiques, l’indifférence morale qui accompagne cette idéologie du chacun pour soi, jusqu’au rejet tranquille de sa propre identité nationale? Pour en arriver à de telles positions, il faut être profondément gagné par une vision du monde où le pouvoir n’est plus lié à la communauté, mais à la faveur reçue d’un système économique étranger à nos intérêts.

Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Plus un jeune militant est apte à « vendre » les intérêts collectifs québécois au plus offrant, moins il exige en retour, et plus sa petite personne sera favorisée dans sa progression politique. On lui fera croire qu’il compte, qu’il joue un rôle, qu’il a accès à une influence qui dépasse son âge. On lui promettra un avenir confortable, un titre, peut-être un jour l’appellation flatteuse de ministre, un bon salaire et la possibilité de consommer plus, bref une série de signes extérieurs destinés à lui donner l’impression qu’il détient du pouvoir.

L’illusion du pouvoir, c’est lorsque l’on se croit maître de l’argent alors qu’on en porte déjà les menottes.

Or tout cela n’est que décor, une mise en scène conçue pour qu’il confonde reconnaissance et domination. Le véritable pouvoir ne réside pas dans la capacité de servir docilement les forces dominantes, mais dans la faculté d’imposer une vision propre sur son environnement, idéalement en fonction des intérêts collectifs auxquels on appartient. Le vrai pouvoir transforme, il ne s’adapte pas. Et le salaire de ce pouvoir authentique est rarement monétaire, ce qui explique peut-être pourquoi il demeure inaccessible pour ceux qui confondent réussite personnelle et mission politique.

L’argent, dans ce système, n’est qu’un instrument destiné à encadrer la vie des masses, à orienter leur travail, leur temps, leur consommation, à limiter leur champ d’action. Les esprits forts reconnaissent cette mécanique et s’en détachent autant que possible. Les autres s’y abandonnent, parfois avec enthousiasme.

En définitive, plus un individu s’enfonce dans l’individualisme, plus il se coupe de son identité collective, plus il devient vulnérable à l’influence d’un système étranger. Et c’est précisément là que se situe le problème de ces jeunes libéraux. Ils rivalisent de soumission pour gravir les échelons, comme si la capacité à se plier au modèle dominant constituait une vertu en soi. L’adaptation au système, puis la corrosion morale qui l’accompagne, deviennent alors un modèle tacite de réussite plutôt qu’une trahison des intérêts du Québec. Dans ce renversement silencieux, la servitude se déguise en compétence, et la démission politique se fait passer pour de la modernité.

la conscience collective

ma conception de la conscience collective

Aliénation et désir mimétique

Cette dynamique s’enracine dans un phénomène plus profond encore, celui du désir mimétique. L’identité dominante étant d’origine anglo-saxonne, plusieurs jeunes militants cherchent inconsciemment à s’y conformer pour en retirer un sentiment de légitimité. Ils adoptent ses codes, ses valeurs, sa vision du monde, parfois jusqu’à minimiser la leur. Dans cette logique, la différence québécoise devient un irritant, un accent à effacer plutôt qu’une culture à défendre.

Il n’est donc pas étonnant que certains répètent que le Québec est naturellement bilingue, que notre particularité doit s’effacer dans une modernité canadienne présentée comme supérieure. En s’imaginant membres de cette élite, ils renoncent déjà à ce qui les rattache à leur propre peuple. Et lorsqu’on les qualifie de colonisés, l’insulte les touche parce qu’elle frôle une vérité qu’ils ne souhaitent pas affronter. Ils aiment croire qu’ils ont été choisis pour leurs mérites ou leurs idées, mais la réalité est plus simple. Ils ont surtout appris à refléter les attentes de l’ordre dominant.

Or, le PLQ fonctionne depuis longtemps comme une machine à transmuter le pouvoir collectif du Québec en richesse individuelle pour ceux qui s’y arriment. On n’y prépare pas l’avenir d’un peuple, mais la carrière d’individus prêts à se plier aux cadres fédéraux. Et ces cadres, qui déterminent tout, empêchent toute vision politique réellement québécoise. Un politicien libéral peut bien parler fort, mais il évolue dans une architecture qui l’empêche de changer le cours de l’histoire.

Dès lors, la question persiste, sans éclat mais avec gravité. Cette jeunesse libérale représente-t-elle vraiment l’élite de demain? Ou simplement les gestionnaires dociles d’un affaiblissement déjà en cours?

Ci-haut, Simon Bégin, ancien président de la Commission-Jeunesse du PLQ, incarnation limpide de cette façon qu’a le parti de célébrer la faiblesse comme modèle. Sérieusement, imaginez ce type sur une île déserte. Qui pourrait croire un instant qu’il en deviendrait le leader?

 Mieux encore, dans cette vidéo ridicule, le paroxysme des moutons libéraux s’auto-gratulant. Observez bien d’ailleurs la langue brune de Simon Bégin : ne sachant alors s’il doit faire semblant de parler au premier ministre, s’agenouiller devant lui… ou de rester debout. Éloquent de symbolisme.

Membre du Parti libéral du Québec, une rupture avec le Québec

Assez d’euphémismes. Au Québec, s’afficher libéral revient à quitter le camp de ceux qui défendent la nation pour rejoindre celui qui travaille à la dissoudre. Le PLQ agit comme une force de dilution, une courroie interne au service d’intérêts qui ne sont pas les nôtres. Et ceux qui l’appuient deviennent, qu’ils le veuillent ou non, les relais de cette mécanique.

Les mots traître ou vendu sont lourds, je le sais, mais ils décrivent parfois plus fidèlement la réalité qu’un discours trop poli. Lorsqu’un engagement sert systématiquement un ordre étranger au nôtre, lorsqu’il troque le pouvoir collectif pour un avancement personnel, comment nommer cela autrement? On peut masquer cette vérité sous les habits de la démocratie pluraliste, mais le vernis craque dès qu’on observe les conséquences.

Appuyer le PLQ, ce n’est pas seulement choisir une option parmi d’autres, c’est participer à la réduction du Québec en simple province administrée, c’est renoncer à tout projet national authentique. On ne peut pas servir deux maîtres. Et le PLQ, depuis longtemps déjà, ne sert pas le Québec.

Qu’on ne s’étonne donc pas qu’un peuple en quête de dignité cherche à se protéger de ceux qui travaillent, consciemment ou non, à sa mise en tutelle. Il y a des choix qui séparent, des choix qui engagent. Celui-là en fait partie.

Révélée, la corruption financière peut être combattue et sanctionnée. La corruption des idées est plus insidieuse, plus subtile et, à ce titre, d’une dangerosité plus essentielle
Edwy Plenel (Extrait de Secrets de jeunesse)

Bon, je vous laisse ci-dessous avec cette réplique parue dans La Presse

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Les Jeunes libéraux vivent sur une autre planète !
www.cyberpresse.ca
mercredi 6 août 2008
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Une fois de plus, les jeunes du PLQ ont prouvé qu’ils représentent les intérêts de leur parti avant de représenter ceux des jeunes. En mission commandée, les jeunes libéraux ? Il semble bien que oui ! Encore une fois, ils veulent que les jeunes du Québec assument les frais de la piètre gestion libérale.
La première proposition que nous avons analysée, est celle de vouloir tripler les frais de scolarité des jeunes étudiants québécois. C’est totalement inacceptable ! En proposant une mesure du genre, les jeunes libéraux envoient un message bizarre à la population. C’est un peu comme si on voulait punir le jeune qui veut étudier. Là-dessus, ils agissent comme si l’instruction était un fléau qu’ils voudraient enrayer.
Déjà que depuis son élection en 2003, le gouvernement libéral aura haussé plusieurs tarifs, maintenant on veut s’attaquer aux jeunes en les endettant jusqu’au cou. Belles perspectives d’avenir n’est-ce pas ? En appliquant une telle mesure, c’est de 32 000 à 50 000 étudiants universitaires québécois qui seraient exclus du réseau, qui ne pourraient plus aller à l’université, selon une étude réalisée par le Ministère de l’Éducation. Une fois de plus, les jeunes libéraux sont totalement déconnectés des besoins réels de la jeunesse québécoise.
Une autre proposition nous a fait sursauter, c’est cette volonté d’un bon nombre de jeunes militants libéraux à l’effet de multiplier la présence d’écoles primaires bilingues au Québec. On sait que les libéraux ont plusieurs bons donateurs provenant de l’électorat anglophone, mais il y a une limite au ridicule ! Déjà que nous questionnons grandement la présence de cours d’anglais dès la première année du primaire, c’est un non sens de vouloir « bilinguiser » les écoles primaires du Québec.
S’il appert important pour nous que les jeunes québécois possèdent au moins trois langues à leur sortie des études, il n’en demeure pas moins que l’école primaire n’est pas l’endroit pour appliquer de telles mesures. Des périodes d’immersion au secondaire auraient en ce sens un meilleur impact. Dans ce dossier, les jeunes libéraux agissent en colonisés. Ils veulent transformer une nation différente des autres en une province pareille comme les autres. Vraiment désolant !
Si le débat sur les accommodements raisonnables nous aura appris quelque chose, c’est que bon nombre de Québécois sont attachés aux traditions et aux valeurs qui les caractérisent. Ils veulent un Québec de justice et d’égalité des chances où tous les jeunes qui le désirent, peu importe l’épaisseur de leur portefeuilles, pourront aller aux études. Ces gens veulent aussi un Québec respectueux de ses racines et de sa culture. Ils sont fiers de la loi 101 qui leur aura permis de protéger ce qu’ils sont.
Il faut alors continuer d’aller en ce sens et miser sur un bon apprentissage du français, tout en leur permettant de s’ouvrir sur le monde par l’apprentissage d’autres langues. Une chose est claire par contre, ce ne sont pas des robots bilingues qu’il faut produire, mais bien de jeunes québécois ouverts sur le monde oui, mais aussi fiers de ce qu’ils sont, fiers d’être différents, fiers d’appartenir à une nation francophone en Amérique.
Jerry Beaudoin, Mathieu Laplante-Goulet, Antoine Sarrazin-Bourgoin, Steve Plante, Thomas Gionest-Briand, Vincent Roy, Catherine McDonald, Jean-René Roy, Simon-Pierre Savard-Tremblay, Kaven Mathieu, Émilie Auclair, Jean-Thomas Grantham, Didier Sacy, Maxime Clément, Jean-François Lévesque, Michaël Bond, Philippe Leblanc-Lamothe, Guillaume Cléroux, Pierre-Luc Benoît, Jean-François Dumas, Mathieu Léveillée, Sophie Pelletier, Simon Verret, Mathieu Giroux, Gabrielle Jean.
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6 Commentaires

  1. Bonjour M. Boileau

    j’aime relire cet article sur la jeunesse néolibérale de manière croisée avec les événements actuels du mouvement étudiant. J’avais 16 ans lorsque je vous ai écrit, j’en ai aujourd’hui 20.

    J’ai organisé ma première manifestation en 2005, à l’âge de treize ans, et depuis, je me suis toujours investis corps et âme dans le mouvement étudiant et dans tous les autres mouvements d’émancipation. Je n’ai pas de poste, pas de visage dans les médias. Comme vous, je me méfie des professionnels des luttes étudiantes. Je crains aussi le fascisme naissant, la malléabilité des masses face à des tribuns démagogues etc. à l’époque, vous étiez un jeune péquiste, et moi un anarchiste militant dans l’ASSÉ qui tentait tant bien que mal de contrer le conformisme et l’autoritarisme à son échelle, l’école secondaire, en luttant pour une association de type syndical versus un parlement scolaire imposé et non représentatif ainsi que contre le port de l’uniforme.

    Vous ne m’aviez pas donné de réponse, j’en ai trouvé une par moi-même.

    Depuis maintenant sept ans que je travaille aux brèches que le mouvement étudiant opère actuellement à travers le tissus de mensonge et de propagande des néolibéraux. On se réveille à peine.

    Au Cégep du Vieux-Montréal, nous avons décidé de ne plus faire de vote de reconduction. Nous sommes en grève par défaut, tant et aussi longtemps que Line Beauchamp n’a pas annoncé la gratuité scolaire. Plusieurs me disent que c’est une position radicale. Au contraire, c’est une position trop modérée.

    Au Chili, les étudiants sont en grève depuis plus de six mois. Ils ont obtenu la gratuité scolaire, mais c’était nettement insuffisant. Ils ont poursuivi la grève.

    On me dit que le Québec, ce n’est pas le Chili. Mais il le faut pourtant. Il le faut car de telles trouées ne durent pas longtemps et s’il fallait que la grève étudiante de 2012 ne soit qu’un moment d’en l’histoire, peu importe le résultat des négociations avec le gouvernement, tout aura été fait en vain.

    Notre seul espoir, c’est que la grève étudiante soit l’étincelle qui allume la plaine, à l’image de l’immolé du printemps arabe. C’est que ce printemps sonne le glas au néolibéralisme et que nous construisions ensemble une nouvelle ère, postnéolibérale, qui ne sera pas l’ère du postnéolibéralisme, mais simplement l’ère de la démocratie, l’ère de la pensée/action autonome et de l’autodétermination des peuples – de tous les peuples (donc du nôtre, peuple de métis, de colons-colonisés peuple en attente de son indépendance).

    Cette ébauche de révolution, c’est la réponse que j’avais en tête lorsque je vous ai posé toutes les questions rhétorique de mon commentaire, il y a 4 ans. C’est une réponse que je partage avec mes camarades dans la lutte.

    Dans l’espoir que nous ne serons pas seuls

  2. J’attends toujours…

  3. hahaha,t’es malade!
    super site!

    mais le pire…c’est qu’y vont rentrer majoritaires..

  4. Wow!!! Geoffroy… de loin le commentaire le plus détaillé que j’ai reçu depuis que je blogue. Cependant, étant la longueur de tes propos… il me faudra trouver plus de temps pour te répondre adéquatement.
    A plus alors.

  5. Bonjour cher blogueur,

    Je suis moi-même un jeune de seize ans et je viens de lire votre article. Je ne suis pas un jeune libéral, ne vous en faites pas.

    Cependant, nous assistons présentement à un réel désengagement de la jeunesse dans la réalisation de ce que vous appelez la nation québécoise. Suite à la lecture de votre article, je me demande ce que vous pensez que pourrait faire un jeune de son avenir sans tomber dans une forme de politicaillerie aliénée où on procède à l’abdication volontaire de son libre-arbitre dans l’espoir d’une récompense venant de l’ordre établit.

    Présentement, l’Assemblée Nationale installe dans toutes les écoles secondaires québécoises un nouveau système de parlements scolaires qui incite justement à cette forme de subordination et de collaboration afin d’atteindre le summum de la prostitution idéologique. Il propose même de fédérer ces parlements, et que les jeunes qui s’illustrent dans cet apprentissage de “l’exercice démocratique” soient récupérés par différents organes tels les jeunes libéraux ou son équivalent péquiste la FECQ. On pourrait donc assister à la FESQ (Fédération des Écoles Secondaires du Québec).

    Je combats chaque jour ce manège visant à conditionner la jeunesse dès ses 12 ans, mais j’aimerais vous demander, quelle est notre alternative?

    Au niveau collégial et universitaire, sur des enjeux nationaux, nous n’avons que trois possibilités. Ou on lèche des anus néolibéraux fédéralistes en participant au congrès des jeunes libéraux, nous flattant nous-même de notre propre servitude, ou on lèche des anus néolibéraux souverainistes par le biais de la FECQ et de la FEUQ, avec les mêmes motivations et les mêmes intérêts que les premiers, ou alors, on s’implique dans l’ASSÉ, au risque d’être taxé d’idéalistes révolutionnaires rêveurs finis, dépassés, irréalistes, communistes, anarchistes, violents et sans avenir.

    Vous-même, sur votre blog, vous affichez certaines images, certains symboles, vous soutenez certains propos qui vous classeraient parmi les troisièmes. Vous vous réclamez de la gauche à maintes reprises dans votre blog, disant mener une lutte “anti-capitaliste” et pour une forme de radicalisme. Or, regardons le sort réservé à l’ASSÉ. Souvent, nous entendons des idées préconçues de cette association méconnue par le biais des médias qui la démonisent depuis 2005. On lui reproche d’être peu crédible, de ne pas tenir compte de la conjoncture économique et sociale actuelle, de ne pas être réaliste. C’est exactement le discours que tient notre jeune libéral dans le premier des vidéos publiées dans le présent article. Ce discours ne se limite pas seulement aux médias par contre. Le Parti Québécois participe aussi à marginaliser cette association étudiante et a lancé dernièrement une vaste campagne de désaffiliation à l’ASSÉ qui s’est soldée tout récemment par la désaffiliation du cégep Bois-de Boulogne par 14 voix.

    Donc, voici le portrait des différents choix pour la jeunesse. L’à-plat-ventrisme conduit inévitablement à la carotte et la remise en question conduit inévitablement au bâton.

    Cela se fait sentir sur beaucoup d’autres sujets que ceux dont on entend parler traditionnellement dans les médias. Dans les écoles secondaires de partout dans la province, on fait taire ceux qui s’opposent au nouveau système représentatif qui leur est imposé, mais aussi aux campagnes de financements qui utilisent les jeunes pour enrichir des intérêts privés au nom de la solidarité et du rêve. On présente les jeunes comme des membres de gangs de rue, des illettrés ou alors des gentils hippies qui font la marche 2/3 et qui voteront pour le parti vert. Dans presque toutes les écoles de la CSDM, on se met à imposer un uniforme. La réforme dans l’éducation vise à faire de nous des travailleurs compétents et non pas des citoyens responsables.

    Au niveau de la nation, les différents souverainistes parlent habituellement avec un cadavre dans la bouche. La souveraineté a été récupérée par la droite, et les derniers souverainistes de centre ont été obligé de teinter leur discours vers la droite pour espérer regagner du vote populaire. La souveraineté du Québec, cela avait du sens lorsqu’on avait René Lévesque qui s’opposait à Pierre Éliott Trudeau. Dès Lucien Bouchard, ça se gâte. Quand on avait de l’espoir, quand on était de gauche, quand on voulait la liberté, la solidarité, l’éducation, des grands projets de société, c’était l’idée du siècle. Alors, la souveraineté, c’était Gérald Godin, Gaston Miron, Raoul Duguay, Robert Charlebois. Tout le monde était jeune, tout le monde était beau.

    Aujourd’hui, ces gens ont vieilli, ils se réfugient dans leurs condos ou leurs maisons uni-familiales, font la promotion du mode de vie américain et renient leurs idéaux d’autrefois. Ils se déresponsabilisent de ce choix en disant que “le monde a changé” “qu’on peut pu faire comme avant” et on connaît le reste.

    La gauche souverainiste a été marginalisée et, ne se sentant plus représentée par le PQ, elle a senti le besoin de s’en détacher en créant Québec Solidaire, qui n’a pas trouvé écho ailleurs que dans Rosemont-La Petite Patrie et le plateau, ainsi que chez une certaine minorité d’intellectuels plutôt urbains aux tendances plus gaugauches que réellement radicales. Aujourd’hui, le peuple crache sur ses artistes et intellectuels, et fait l’éloge de tribuns irresponsables démagogues et polémiques (Les francs-tireurs, Pierre Mailloux, André Pratte, et autres langues pendues de la chronique)

    Alors moi, jeune de 2008, méprisé, ignoré, soumis à une propagande constante par une société aliénante, jugé, critiqué, à moi qu’on reprochera bientôt de ne pas aller voter, à moi, dites-moi, quelles sont mes possibilités? Quelles sont mes alternatives?

    Le Bloc?
    Le NPD?
    Le Parti Vert?
    Le PQ?
    Le PLQ?
    Québec Solidaire?
    La FEUQ?
    La FECQ?
    Le Parlement au Secondaire?
    L’ASSÉ?
    Le NéoRhino?

    ou bien…

    L’abstentionnisme?

    Dans le désir d’être éclairé,

    Geoffroy Delorey

  6. Lorsque tu parles de “justice sociale”, ça me rappelle le concept de “république” tel que réalisé via la Constitution américaine qui, malheureusement est sauvagement usurpée par les criminels qui dirigent actuellement la Maison Blanche.

    Ce concept si fondamental de “justice sociale” ne pèse, hélas, pas très lourd dans la balance d’un jeune libéral typique.

    Tant d’énergie déployée… dans la mauvaise direction!

    Claude Gélinas| lire ici le dernier article de son blogue: Nous sommes en élections fédérales!

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