Discours tenu comme candidat à l’investiture du Parti Québécois du comté de Mercier (04-03-01)
Le 4 mars dernier, c’était jour d’investiture pour les péquistes dans Mercier, et en tant que candidat de dernière minute, mon discours se devait d’être efficace et pertinent. Effectivement, ayant plutôt fait ma campagne en invitant mes connaissances à l’investiture plutôt qu’en courtisant les membres péquistes de Mercier, le but de ma démarche était, à dire vrai, de porter un message dissident; et quand il est question de faire triompher ses idées, la victoire électorale est très secondaire. Ainsi, quand j’ai aperçu qu’aucun des aspirants candidats n’aborderait « l’affaire Michaud-Bouchard » pour éviter de compromettre une éventuelle carrière politique, je pris la décision de foncer, visière baissée, tout droit dans le nid de vipères. Étant jeune, militant, fils d’un militant reconnu, indigène du quartier et xénophile avoué, j’étais dans ce « laboratoire humain » le candidat idéal pour recoudre l’appui de ma génération au combat de Monsieur Michaud… ce qui veut dire, entre autres, la continuité de notre option indépendantiste. Je voulais décrier le danger que représente pour notre nation la rectitude politique, tout en faisant l’apologie du nationalisme québécois devant mes amis néo-québécois. Ayant donc acquis 26 voix et ayant été des plus applaudi par tous les clans confondus, je peux me dire: mission accomplie, même si mon impact dans les médias ne fut pas celui que j’escomptais avoir… mais faut-il s’en étonner quand nous transportons une idéologie socialiste?
Peu importe, le moment était d’importance pour moi et le tout que je représente. Dans ces 11 minutes où je pris le contrôle de la conscience collective à l’investiture, je me devais donc d’être efficace et pertinent. Or un discours politique est un ensemble d’idées organisées d’une certaine façon pour créer des liens et susciter la sympathie chez les auditeurs, dans le but de transmettre un message. Ainsi, dans ce rôle d’émetteur, je peux affirmer que la majorité de mes idées émises lors de mon discours à l’investiture ont été directement puisées dans mon environnement, particulièrement dans Vigile. Je ne pourrais dire ni où, ni quand, ni de qui j’ai pris les idées, mais il est vrai que Vigile m’aura fourni beaucoup de briques à la construction de mon discours. Alors, même si je garde l’honneur de la présentation de mon discours, il va de soi que, pour moi, les idées sont définitivement supérieures aux individus; et cela est en fin de compte positif pour tout le monde. Effectivement, prenez cette exemple. Imaginez dix personnes dans une pièce. Chacune possède une idée unique et un objet unique. D’abord, elles échangent leur objet, un peu au gré du hasard. Finalement, elles se retrouvent chacune avec un objet, comme avant l’échange. Ensuite, elles décident de s’échanger leur idée. Et là, miracle! Elles se retrouvent toutes plus riches de neuf idées nouvelles. C’est ça, la magie de la communication. Le partage de points de vue différents rend possible un enrichissement exponentiel.
Concrètement, ce que je tenais à faire comprendre par ces belles métaphores, c’est mes remerciements à Vigile de nous permettre l’accès à toute l’actualité souverainiste du Québec. Vigile est voué à devenir le noeud de réseau de l’intelligentsia souverainiste d’ici, et c’est en archivant l’information souverainiste que nous réussirons à transmettre dans le temps les idées nécessaires à la création de notre pays. De plus, en laissant libre cours dans ce site aux débats entre souverainistes, et par le fait même aux authentiques échanges d’idées, Vigile fait un vrai travail de journaliste dont les médias traditionnels devraient suivre l’exemple. Alors, que cela soit clair, Vigile fait présentement plus pour la cause indépendantiste que n’importe quel de nos « représentants » du PQ.
Cela dit, puisque je veux que mon discours puisse, lui aussi, donner ses briques, voici donc le texte intégral du discours que j’ai tenu à l’investiture péquiste le 4 Mars dernier. Vous remarquerez que chaque ligne est définie par un point et regroupée en bloc par groupe d’idées pour faciliter la reprise du discours en cas d’oublis.
• Accrochez-vous, ça va débouler!
• Alors bonjour à tous, bienvenue, M. Toussaint, dans le Plateau Mont-Royal.
• J’ai toujours cru que si nous ne nous occupions pas de politique, des pires que nous le feraient.
• C’est pourquoi je suis ici maintenant, devant ma communauté car la politique est pour moi un devoir de citoyen devant se partager, et non un pseudo-métier appartenant à une classe élitiste.
• La politique c’est l’exercice qui unit les citoyens à leur société, elle se doit d’être accessible pour être à l’image de la volonté de la population et permettre à la démocratie de vraiment pouvoir s’exercer.
• Malheureusement, À l’heure de la globalisation capitaliste, les gouvernements reçoivent désormais leurs directives du milieu des finances, et tiennent de moins en moins compte des intérêts de la population.
• Il ne suffit de regarder le programme du PQ pour avoir la preuve que notre parti n’est plus contrôlé par les artisans de sa constitution.
• Les 3 points cruciaux fondamentaux de cette constitution :
• Promouvoir l’indépendance du Québec
• Assurer l’évolution de la social-démocratie
• Et défendre notre véhicule de communication – le français
• ont stagné depuis l’arrivée de Lucien Bouchard comme chef du PQ.
• Ma foi – on voudrait démobiliser les militants, on voudrait les lasser, on voudrait faire mourir le PQ de sa belle mort qu’on ne s’y prendrait pas autrement. On croirait se battre contre le parti Libéral.
• Le PQ n’est donc plus un parti de masse mais une machine électorale, déconnectée des besoins du peuple laissant s’agrandir le fossé entre les riches et les pauvres, laissant les Québécois à la merci du gouvernement fédéral et de l’économie de marché.
• Puisque le Québec est maintenant sans boussole et sans aucune espèce de direction, un homme s’était levé ici, un homme n’ayant plus rien à prouver sinon sa volonté de réactiver le Parti Québécois, de réveiller le Québec par l’ardeur du projet souverainiste, car la prière du militant c’est l’action politique.
• Mais notre ancien premier ministre s’est servi de quelques-unes de ses déclarations maladroites pour tenter de le réduire au silence, lui et le combat qu’il menait depuis 40 années… le combat qui est, je le rappelle, la raison d’être au PQ.
• Comment vendre un projet de société si le débat est étouffé et muselés les militants.
• Alors que fait le PQ au pouvoir en gardant les souverainistes dans l’illusion qu’il se passe quelque chose.
• En fait, il ne se passe rien!
• Les masques sont alors tombés, nous avons vu alors le vrai visage du PQ.
• D’affirmer que des groupes officiellement anti-indépendantistes sont anti-québécois quand on croit que la survivance de notre culture passe par l’indépendance est une opinion somme toute légitime.
• Aussi, ce n’est pas l’holocauste qui a été banalisé quand M. Michaud a dit que le peuple juif n’était pas le seul peuple au monde à avoir souffert, c’est l’Assemblée nationale qui a été banalisée en bannissant à l’unanimité M. Yves Michaud, l’un de nos militants depuis le début du mouvement souverainiste.
• De ce fait, les députés péquistes ont démontré leur aplat-ventrisme et la preuve de ne pas être dignes de nous représenter.
• Alors l’affaire Michaud – ou plutôt l’affaire Bouchard. Ce n’est pas un conflit entre radicaux et modérés, mais entre passivité et volonté d’agir.
• Et dans ce conflit, ou la presse fédéraliste a tenté de marginaliser les militants souverainistes en les catégorisant de radicaux racistes. Il est triste de constater que ce fut avec l’aide de Lucien Bouchard, notre ancien chef?!?
• Quand les Howard Galganov, Howard Stern et Mordecai Richler vomissent impunément sur les Québécois, que faisons-nous? Rien.
• Mais les canadiens, eux, savent les récompenser avec genre la Médaille d’honneur de l’Ordre du Canada pour leur merveilleuse contribution à la culture canadienne.
• Ma conviction est donc qu’il existe au pays de Jean Chrétien deux poids, deux mesures : une règle d’éthique pour les franco-québécois et une autre pour les anglophones.
• Alors tolérance n’est pas indifférence.
• Une société démocratique devrait accueillir les conflits sans les nier.
• Or ce n’est pas parce que nous constatons l’auto-exclusion que c’est nous qui excluons.
• Il y a des univers culturels qui ne communiquent pas entre eux. Le constater c’est bâtir des ponts de communication.
• Si nous continuons de rester castrés psychologiquement, de refuser de pointer les adversaires de notre indépendance, par peur de donner des munitions aux fabricants d’images fédéralistes, eh bien, c’est notre mort assurée à long terme.
• C’est comme avoir un système immunitaire défaillant.
• Alors la niaise, la niaise rectitude politique, c’est cautionner l’hypocrisie plutôt que la communication!
• Cela dit, je comprends la peur d’être mal perçu, de ne pas être aimé par les néo-québécois.
• Mais Le « nationalisme ethnique québécois » est une idée qui germe dans la culture des canadians. C’est l’arme symbolique la plus puissante des adversaires de l’indépendance du Québec.
• Par exemple, rappelez-vous de la campagne très agressive « anti-raciste » du fédéral en 1994. C’était des pancartes jaune et noir, bilingues pour que tout le monde puisse comprendre, qui portaient le titre : «Si vous n’arrêtez pas le racisme, qui va l’arrêter».
• Fait bizarre, c’était une campagne ciblée uniquement à Montréal, par hasard juste avant l’élection du PQ.
• Avaient-ils vraiment à coeur d’enrayer le racisme au Canada ou ont-ils plutôt le but d’envoyer à même nos fonds publics le message à nos immigrants que le gouvernement fédéral les protège des méchants racistes francophones auquels il ne faut pas s’intégrer?
• Le fait de remplacer « ethnique » par « civique » n’est qu’un leurre. Tout « civique » soit-il, il n’empêchera pas ces adversaires de s’y opposer et de stigmatiser la majorité, dont ils se sont «civiquement» exclus, d’être porteuse de nationalisme… ethnique! Le «mal de l’ethnicité» est du côté des adversaires de l’indépendance, et non du côté de la Nation québécoise.
• Il n’y a donc tout simplement pas de « nationalisme ethnique » québécois parce que la Nation québécoise ne se fonde pas sur l’origine, mais sur la culture. Et la langue français est le véhicule de cette culture – elle est porteuse d’identité.
• Ce qui différencie les gens, ce n’est pas le sexe, l’âge ou les origines, mais les valeurs et les intérêts.
• Alors pour être québécois, il suffit de se dire Québécois. Dans ma génération, il en a toujours été ainsi.
• Maintenant, que cela soit clair, mon peuple, c’est la culture du Oui, la culture d’une nation en devenir se fondant sur des valeurs plus humaines que ce que nous propose la langue des affaires et de la domination capitaliste.
• Nous sommes une société solidaire – pas une vulgaire unité de consommation fragmentée.
• Je suis donc nationaliste car la nation est devant nous – elle est à créer, car ma culture veut s’exercer dans un pays qui ne nie pas son existence.
• Alors M. Michaud, non vous n’avez jamais été un raciste. J’aimerais maintenant vous redonnez le respect que nos élus, auto-déclarés seuls représentants de notre démocratie, vous ont enlevé par la motion de blâme unanime à l’assemblée nationale.
Hommage à M. Michaud
• Lorsque les citoyens comprennent les enjeux politiques et qu’ils ont des convictions solides, ils exigent la même chose de leurs politiciens.
• Mais lorsque les électeurs ne votent qu’en rapport à des symboles, genre une image ou une couleur, ils s’évaporent dans une sorte de brouillard linguistique rempli de termes caoutchouteux, ouverts à toutes les interprétations.
(Je montre l’affiche verte du dépliant de la campagne électorale péquiste de 1998, la face de Lucien Bouchard avec le titre : J’ai confiance.)
• Cela est très vague, à l’image de l’homme illustré mais il y a un texte intéressant. Vraiment intéressant.
Je lis :
• «Dans tous nos engagements, il y a un fil conducteur, celui de notre volonté de participer activement, ensemble, à nos décisions. À l’école, dans notre village ou notre ville, dans les grands débats nationaux, nous ne voulons pas subir le changement, nous voulons le maîtriser, l’orienter, le diriger. Dans ce sens, voter Parti québécois, c’est voter pour soi, pour sa famille, pour ses voisins, pour son milieu, et finalement, pour un peuple incontestablement différent sur ce continent. Le 30 novembre prochain, j’ai confiance! Je vote Parti Québécois, parce qu’ensemble nous savons construire.»
• Si cela est vrai, je profite de l’occasion pour vous parler d’une idée qui pourrait changer beaucoup de choses
• D’ailleurs je ne parlerai pas des grands dossiers socio-démocrates que je laisserai soin à M. Tadros d’aborder car je n’ai pas la prétention de pouvoir changer à moi seul la direction du Parti. Tenir pareil discours, quoique sympathique, est irréaliste dans le PQ actuellement. C’est s’assurer l’isolement – ou pire, la récupération, s’il est élu.
• Peu importe, voilà la solution pour contrôler un peu plus nos élus
• Ce serait simplement la création d’une assemblée de citoyens.
• Je voudrais ainsi que les représentants élus prennent le pouls de la population en des intervalles réguliers dans le cadre d’assemblées ouvertes au grand public.
• De par cet exercice, il en découlerait que les élus resteraient connectés aux priorités de leur populations, tout en donnant le suivi des dossiers qu’ils gèrent.
• Si un dossier est bloqué à Québec, notre représentant devra rendre des comptes et expliquer, pourquoi, par qui et comment les dossiers sont bloqués.
• Ainsi l’élu pourra être à l’écoute des besoins de tous.
• Aussi, ces assemblés permettraient à la population d’échanger, partager et se comprendre.
• Cela est très évolutif socialement : plus il y a d’opinions, plus il y a d’idées et plus il y a de solutions. De la confrontation des idées naissent les meilleures solutions
• Ce serait de permettre vraiment à la population de se sentir impliquée, de participer et de se conscientiser à penser à l’avenir, de solidariser les citoyens.
• Or, ces assemblées ne pourraient aussi que favoriser l’option indépendantiste, car notre le plus grand ennemi de notre option, c’est l’ignorance.
• Ainsi donc, si nous voulons que notre indépendance devienne réalité, c’est à nous, la société civile, à l’imposer au gouvernement.
• Nous devons dès maintenant imposer la création de ces assemblées de citoyens afin que le gouvernement québécois ne puisse plus reculer devant les aspirations du peuple.
• Nous avons donc besoin de représentants transparents, pour partager l’information, la communication, la mobilisation et la solidarité. Non pas de carriéristes cravatés motivés par l’image du pouvoir.
• Le Québec a besoin de croisés insoumis pensant par eux-mêmes pour s’affranchir du Canada, pas de carriéristes passifs obéissant aveuglément à l’ordre établi.
• Le Plateau, oui le Plateau, a besoin de se donner un représentant à l’Assemblée nationale, pas d’avoir un représentant de l’establishment du PQ en son sein.
• Voter pour moi, c’est affirmer haut et fort sa dissidence avec la manière de faire dictatoriale et électoraliste qui règne présentement au PQ,
• Voter pour moi, c’est penser à la reconstruction de l’option indépendantiste en socialisant le débat.
• Voter pour moi, c’est une dernière fois, voter pour la dissidence à l’intérieur du parti…
• Pensez-y bien. Demain est ce que nous faisons aujourd’hui. Si vous n’assurez pas la relève, le Parti Québécois risque de mourir avec la génération qui l’a mis au monde.
• Merci