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Posté par le 30 janvier 2012 dans Économie, Politique municipale

Le prix des vignettes sur le Plateau-Mont-Royal; l’histoire d’un budget sous-doté

Budget du Plateau-Mont-Royal

Le budget du Plateau-Mont-Royal en 2011… un vrai casse-tête

Assurément, le prochain conseil d’arrondissement dans le Plateau-Mont-Royal se fera sous la palpitante thématique du stationnement. En effet, durant l’adoption de notre dernier budget d’arrondissement en octobre dernier, nous avons voté l’augmentation du prix des vignettes de stationnement.

Puis, en vue d’une uniformisation de la gestion du stationnement, nous avons aussi pris l’occasion d’étendre les zones de SRRR. (Tous les quatre nouveaux secteurs du Plateau sont dans mon district en passant). Bien sûr, nous étions conscients que ces deux décisions n’allaient pas être populaires, mais étant donné le gel de notre dotation (l’enveloppe que la Ville-centre donne une fois par année pour gérer notre budget d’arrondissement), nous étions littéralement contraints à trouver des solutions pour balancer notre budget. D’ailleurs, je pense vraiment que nous étions pris dans un piège politique conçu par l’administration centrale, car concrètement c’est elle qui tient les cordons de notre bourse. Mais peu importe le réel responsable de cette situation, il faudra admettre que la majorité des citoyens ne comprend rien à la dotation et aux différences administratives entre celle de l’arrondissement et celle de la Ville de Montréal (Ville-centre dans notre jargon municipal). Cependant, nous saisissons tous que nous payons toujours davantage de taxes… pour toujours moins de services.

Bref, avant de vous expliquer les objectifs de notre plan de stationnement dans un article ultérieur, je tiens aujourd’hui à relater l’histoire de notre budget, car les deux sujets cette année sont reliés l’un à l’autre. Par ailleurs, puisque la Ville-centre reconnait enfin le problème de sous-dotation et que le président du comité exécutif, M. Michael Applebaum, fait présentement une tournée des arrondissements afin d’écouter nos propositions, ce sera aussi pour moi un exercice pour me préparer psychologiquement à cette rencontre avec M.Applebaum.

D’entrée, si l’on parle beaucoup des complications budgétaires de mon arrondissement, il faudra réaliser ici que le  problème n’est pas de nature économique, mais bien d’ordre politique. Formellement, le Plateau-Mont-Royal est riche: nos impôts fonciers se surélèvent à chaque rôle triennal (principalement à cause de la spéculation) et les taxes commerciales s’amplifient toujours davantage. Or, tous ces nouveaux revenus vont directement à la Ville-centre. Collectivement, les propriétaires fonciers du Plateau-Mont-Royal verseront des taxes supplémentaires estimées à plus de 33 millions $ à la Ville de Montréal en 2012, par rapport à 2011. Et ce, après avoir versé des taxes supplémentaires de plus de 30 millions $ en 2011, par rapport à 2010, et de 9,3 millions $ en 2010, par rapport à 2009. Alors, comment expliquer le fait que la Ville-centre n’a pas retourné à l’arrondissement un seul dollar de cet accroissement de l’assiette fiscale ?

Si l’administration Tremblay-Applebaum était vraiment honnête, voire réellement une adepte de la décentralisation dont elle se réclame officiellement, ces revenus devraient être indexés pour être partagés équitablement dans notre dotation annuelle. Malheureusement, c’est tout le contraire qui s’applique: non seulement la dotation du Plateau-Mont-Royal est gelée depuis 5 ans (!!!), mais les budgets de fonctionnement et d’immobilisations que la Ville accorde au Plateau-Mont-Royal ont subi une baisse combinée de près de 7 % depuis 2009 (de 60,6 millions $ en 2009 à 56,5 millions $ en 2011 2009 à 56,5 millions $ en 2011). Dans les faits alors, nous subissons les frais d’une politique de centralisation fiscale sournoise… il était plus que temps que les médias et les autres arrondissements allument! (Mention spéciale à Michèle Ouimet… merci beaucoup d’avoir compris et expliqué le problème).

La crise budgétaire du Plateau-Mont-Royal et son traitement médiatique

Mon dernier texte sur la crise budgétaire du Plateau y est-il pour quelque chose ?

Subséquemment, puisque le système informatique détaillant notre budget à l’administration centrale est programmé pour refuser d’envoyer le budget si ce dernier est négatif, il faut comprendre que c’est donc à nous, dans l’arrondissement, de couvrir l’augmentation des frais de fonctionnement (TVQ, TPS, indexation des salaires, prix de l’essence). Pour ce faire, nous avons seulement deux options à notre disposition: provoquer des coupures de services et trouver des nouvelles sources de revenus.

Un piège à con signé Union Montréal

Voyez-vous donc le portrait se dessiner. Plutôt que de faire adéquatement notre travail d’opposition et questionner l’administration Tremblay-Applebaum sur l’endroit où va notre argent, l’attention médiatique est plutôt canalisée sur les décisions budgétaires négatives que l’arrondissement du Plateau est contraint de prendre. Pour utiliser une métaphore issue du langage sportif, nous sommes ainsi acculés en défensive alors que nous devrions plutôt contre-attaquer.

Maintenant, mettez-vous un peu à notre place et imaginez notre casse-tête budgétaire. Car au moment où nous comprenons être résignés d’accepter (encore) le gel de notre dotation, nous devons alors débattre, entre-nous sur le mauvais scénario à décider… et choisir par le fait la crise inhérente que « nous » allons déclencher. Grosso modo, devons-nous tout geler nos projets d’investissements (c’est à dire le programme pour lequel nous avons été élus), couper des postes, voter une taxe spéciale, fermer une piscine ou trouver (encore) des nouveaux revenus? Et nous le réalisons maintenant, à moins d’un changement quant au calcul de notre dotation, la situation ne s’améliorera pas non plus en 2012: alors que les propriétaires du Plateau s’apprêtent à absorber une nouvelle hausse substantielle de leur compte de taxes, la Ville-centre a encore une fois décidé unilatéralement de conserver la totalité des nouveaux revenus.

Voilà qui est moralement difficile à accepter pour notre jeune équipe politique. Effectivement, nous sommes arrivés avec l’énergie de nos ambitions pour notre quartier et la fraicheur de nos grands projets pour notre ville. Depuis nos débuts en 2005, nous avons fait rêver nos concitoyens avec notre vision du futur… or les attentes sont proportionnellement aussi élevées quant aux réalisations du seul arrondissement géré intégralement par notre formation politique. Car, oui, nous avons été élus pour provoquer des changements, réaliser des projets et investir dans l’espace public… pas pour gérer la réduction systématique de notre budget. Ça, les stratèges d’Union Montréal le savent, et tiennent ainsi à nous empêtrer dans une position budgétaire qui nous ferait passer à côté de l’essentiel de notre programme… tout en nous aliénant une frange de la population réactionnaire avec «nos» décisions à saveurs fiscales.

Quebecor et principalement son Journal de Montréal font une guerre constante à notre maire dans un flot de nouvelle adapté selon l’angle éditoriale du patron

Alors, j’admettrai qu’en tant que jeune parti politique, il nous aura pris deux ans avant de bien comprendre le manège dans lequel nous étions embarqués. Mais quand j’y pense, les filets de ce piège étaient déjà bien tendus le jour même de notre élection en novembre 2009.

L’Histoire de notre budget (2009-2010-2011)

A la dernière élection municipale, Projet Montréal raflait les 7 postes du Plateau-Mont-Royal avec près de 50%. Notre mandat était clair: apaiser la circulation véhiculaire, investir dans l’espace public, embellir, verdir et promouvoir le transport en commun. Mais à peine élu, nous faisions face à un premier défi budgétaire, car l’administration sortante ne nous laissa que quelques jours pour voter le (son) budget… déficitaire. Or, non seulement nous héritions alors d’une dette structurelle de 4,1 millions$, mais les réserves d’au moins 4 millions$ que l’arrondissement doit normalement maintenir étaient à zéro. Pour couronner le tout, la situation financière difficile des années précédentes avait déjà mené à d’importantes compressions dans tous les services. Bref, si nous votions le budget tel qu’il était proposé par l’administration sortante, nous étions d’entrée « game over » pour le reste de notre mandat. Ainsi, avant même d’orienter nos investissements, nous nous devions de remettre l’arrondissement à flot.

Nous en avons alors profité pour consulter l’expertise de nos fonctionnaires (j’en profiterai au passage pour affirmer que ces derniers furent forts heureux d’avoir finalement une oreille attentive pour écouter leurs propositions). De la sorte, une ribambelle de bonnes idées découlèrent de cette dynamique; et très rapidement, les pratiques de déneigement traditionnelles s’imposèrent comme le problème alpha à résoudre. Ici, il faut réaliser qu’une seule opération de déneigement coûte environ 1 million de dollars à l’arrondissement. Et dans cette hystérie collective entourant la course au déneigement, notre arrondissement est fortement pénalisé par une dynamique qu’aucun média n’aura expliquée.

En effet, puisque nous sommes éloignés des chutes à neige,  si nous envoyons nos camions déverser la neige en même temps que les autres arrondissements, ces derniers s’embourbent dans la file d’attente et risquent de ne pas être en mesure de revenir faire un deuxième voyage dans la journée. Bref, le fait d’attendre après les autres arrondissements avant d’envoyer nos camions nous fait économiser des milliers de dollars… sans pour autant affecter le résultat en bout de compte. D’autre part, même si notre arrondissement est aussi achalandé que le centre-ville, il ne reçoit pas plus en dotation qu’un arrondissement en périphérie.

la carte des routes à déversement de neige à Montréal par secteur

La carte des routes à déversement de neige à Montréal par secteur. Chaque ligne équivaut à une dépense d’énergie (en temps, salaire et carburant) proportionnelle à sa longueur. Ici, il est manifeste que le Plateau est désavantagé sur les autres arrondissements.

Le déneigement du Plateau-Mont-Royal en quelques chiffres:

  • Total: 135km de rues, dont environ 28 km en artériel et 14 km de commercial
  • 80% du réseau artériel est nord sud et doit être déneigé rapidement
  • 100% de la neige doit être ramassée contrairement à certains arrondissements qui peuvent pousser sur les côtés ou sur les terrains
  • Nos sites de disposition de neige sont éloignés: Fullum 5.7km, St-Michel : 9.5km (Ville-Marie a accès à des sites à 1 ou 2km Sud-Ouest à accès à des sites à 2 ou3 km)

Nous avons donc décidé de chercher de nouvelles façons d’économiser. En ce sens, notre politique de déneigement nous aura permis d’économiser 1.5 million en un an (sans compter les économies liées aux faibles quantités de neiges reçues en 2010). Mais plutôt que d’expliquer le contexte et la logique économique de nos décisions politiques, les médias partirent en cavale sur le nouveau sujet de l’heure (ben oui, parler de Luc Ferrandez et du Plateau-Mont-Royal, ben ça fait vendre des journaux). Bref, à travers le Québec en entier, nous étions dépeints comme des idéologues bornés du Plateau-Mont-Royal n’ayant aucune logique pour l’économie. Mais bon, peu importe ce que les médias peuvent bien colporter, de notre côté il nous fallait rester concentrer sur nos responsabilités.

Ferrandez vu par Chapleau 466144-2-fevrier-2012

Même le caricaturiste Chapleau commence à comprendre l’essence de notre problème

Si bien que durant l’année 2010, l’administration du Plateau-Mont-Royal a donc comprimé ses dépenses, rééquilibré ses priorités afin de faire face à ses contraintes financières tout en renforçant plusieurs services de première ligne, en remboursant une portion de la dette et en commençant à renflouer nos réserves, et ceci, sans renoncer à réaliser des projets porteurs pour notre collectivité. De la sorte, non seulement nous avons réussi à atteindre un équilibre budgétaire, mais non avons même généré un profit afin d’initier notre programme. Ici, qui peut admettre que Luc Ferrandez et notre directrice d’arrondissement ont été des bons gestionnaires ?

Luc Ferrandez en première page du Journal de Montréal

La première page que vous ne verrez jamais dans le Journal de Montréal

Fort de ce premier budget équilibré en 2010, le premier vraiment signé Projet Montréal, nous avons donc pu initier des projets d’investissements. Concrètement,  nos minces économies issues du budget 2010 nous auront permis d’agrandir 1000 carrés d’arbres (dont 500 fleuris avec des vivaces), développer une cinquantaine de saillies, de rouvrir le chalet du parc Lafontaine, et d’initier la future Place Laurier.

restaurant Espace La Fontaine

La réouverture du chalet-restaurant du parc Lafontaine nous aura couté près de 900 000$… soit moins qu’une seule opération de déneigement

Mi-mandat au Plateau-Mont-Royal | CHOSES DITES, CHOSES FAITES

Pour la suite des choses maintenant, si nous voulons générer davantage de places publiques, développer un réseau vert et appliquer le plan de quartier vert (dans mon district), il nous faut impérativement dégager un budget positif (et non simplement balancé). Or, dans le contexte où nous ne contrôlons pas le calcul ésotérique de notre dotation, c’est vraiment difficile de projeter les surplus que notre arrondissement peut dégager en fin de budget… surtout lorsque l’objectif de l’administration centrale semble être de torpiller nos capacités d’actions. Puis, dans la mesure où nous comprenons être résignés quant au gel de notre dotation, la recherche de nouveaux revenus ne sert pas qu’à générer des projets d’investissements, mais finalement nécessaires pour balancer notre budget sous-doté. Subséquemment, suivant la logique de notre programme, le temps était donc venu de demander aux visiteurs qui se déplacent en voitures de contribuer aux dépenses. Et dans la dynamique où nos résidents ont de moins en moins de places pour stationner leurs voitures, nous avons donc saisi l’opportunité de concevoir parallèlement notre plan de stationnement/revitalisation.

La bataille du stationnement sur le Plateau-Mont-Royal

Comme je l’expliquais ici dans mon article «La bataille du stationnement sur le Plateau-Mont-Royal», l’actuel problème de l’offre en stationnement n’a pas été inventé par notre administration

Au-delà des problématiques de la répartition de l’espace public en stationnement, la prémisse de notre plan était de mettre fin à la disparité quant à la gestion des parcomètres à Montréal. Effectivement, depuis les fusions municipales, contrairement au 9-ex (arrondissements de l’ancienne ville), les 10 ex-banlieues contrôlent 100% de leur stationnement et obtiennent 100% des revenus issus des parcomètres. Nous basant donc sur cette iniquité, après plusieurs discussions avec le cabinet du maire Tremblay sur ce sujet, un mémo signé par M. Robert Lamontagne (le directeur principal au Service de finance à Montréal) à l’attention de tous les directeurs d’arrondissement, nous annonçait, finalement, les mêmes facultés de perception que les 10-ex-banlieues quant aux revenus issus du stationnement (ce qui a depuis été invalidé dans la crise sur les parcomètres). Ici, il faut comprendre que nos revendications faisaient le jeu de l’administration centrale, car cette dernière pouvait alors plaider le gel des dotations aux autres arrondissements en leur suggérant de  suivre l’exemple du Plateau dans la recherche de nouveaux revenus (laissant ainsi les arrondissements prendre seuls le coût politique quand elles osent trouver des moyens pour équilibrer leur budget).

Parlant de coût politique, avez-vous déjà entendu parler de l’iniquité dans la gestion du stationnement entre les arrondissements, du fait que les 9-ex versent 35 % des revenus issus de leur parcomètre à Stationnement de Montréal, que cette même «société de commandite» est en fait une création de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain qui perçoit 10 % des revenus pour financer ses activités? Pourquoi, contrairement au Plateau, personne ne s’oppose au fait que notre arrondissement voisin d’Outremont perçoit 100 % des revenus issus de ses parcomètres? Pourquoi notre arrondissement voisin de Ville-Marie facture ses parcomètres à 3$ de l’heure depuis plusieurs années (et l’activité commerciale se porte à merveille sur la rue Ste-Catherine piétonisée), mais que l’administration du Plateau, elle, «tuerait» ses commerces s’il en fait autant? Pourquoi aucun journaliste n’est en mesure de relier les revenus que nous voulons obtenir aux projets que nous voulons réaliser ?

Pourquoi Quebecor n’est pas capable de mettre en relation nos initiative d’apaisement en circulation avec nos projets d’investissement dans l’espace publique?

Bref, en échange d’une trêve sur les questions de dotation, nous pensions pouvoir acquérir la collecte intégrale du stationnement à l’instar des 10 ex-banlieues. D’un autre côté, afin d’augmenter le succès de la démarche, nous avions même proposé de donner 33% de ces nouveaux revenus aux sociétés de développement commercial du Plateau. Du jamais vu à Montréal en terme d’aide aux commerces via la tarification des parcomètres.

Malheureusement pour les intérêts du quartier, les dirigeants des SDC de cette époque se sont alors subitement rebiffés contre notre plan de stationnement et nous ont mené une guerre médiatique sans précédent. Or, non seulement ce fut certainement la pire campagne de marketing imaginable inventé par des commerçants (dire à tout le Québec que venir dans le Plateau c’est l’enfer), mais en définitive, cela ne nous a pas empêchés d’augmenter la tarification des parcomètres à 3$ de l’heure sur notre territoire.

Cependant, puisque la trêve entre les SDC et l’administration du Plateau fut convenue en échange de notre renoncement à percevoir les revenus issus des artères (!!!), l’accord tripartite stipula alors que ce serait ainsi du ressort de la Ville-centre de donner ces revenus (estimés à 2 millions) aux SDC. Or devinez quoi, aux dernières nouvelles cet argent n’avait toujours pas été alloué aux SDC. En définitive, si le maire Tremblay fut médiatiquement interpellé pour «ramener à l’ordre» les radicaux taxeurs du Plateau, c’est bien lui qui finalement sera parti avec le butin… sans que personne ne trouve quelque chose à redire.

  • lose pour les SDC (perte d’un incroyable fonds 33% par année issu des parcomètres)
  • lose pour la promotion commerciale (campagne hyper-négative contre l’activité commerciale du quartier)
  • lose pour le budget du Plateau (pertes de plusieurs millions de dollars aux profits de la Ville- centre)
  • lose pour le programme politique choisi démocratiquement par les citoyens (ralentissement de la mise en œuvre de nos projets)
  • lose pour l’image de Luc Ferrandez (sans commentaires)
  • lose pour la cohésion sociale (polarisation et incompréhension populaire autour des enjeux politiques)
  • win pour l’administration centrale. (Ils prennent notre argent en nous divisant les uns contre les autres)
  • Bref, Union Montréal a encore une fois bien joué ses cartes. Une belle mention d’honneur ici à Michel Depatie et Gordon Bernstein pour leur fabuleuse participation à ce dénouement négatif.
Le résultat de la crise des parcomètres en 2011 est déplorable… mais nous n’étions pas pour autant encore au bout de nos peines.
Gordon Bernstein

Cynisme et dérision… Jean Charest vient de nommer Gordon Bernstein sur le conseil d’administration de l’OQLF. Il faut dire que Bernstein est perçu comme le prochain maire de Montréal par le site ParkAvenugazette.com, un groupe francophobe qui promettait de pendre Pauline Marois pour crime contre l’humanité à cause de son attachement à la loi 101. Soyons assurés que M. Bernstein fera preuve du même « enthousiasme »  pour la défense de la langue française… que celui déployé contre Projet Montréal

Taxe, piscine, vignette: la crise du budget 2011

En effet, déjà que nous sommes sous-dotés, l’autre problème de notre budget est que la Ville-centre peut y modifier les modalités de calcul selon son humeur (politique). Ainsi, dans notre cas en 2011, non seulement nous n’avons pas acquis le pouvoir de perception des parcomètres sur les artères de notre arrondissement (-2 millions), mais coup de théâtre, voilà que la Ville-centre révise la méthode de son calcul pour partager les nouveaux revenus issus de la hausse des parcomètres perçut par l’arrondissement. Leur concept, les nouveaux revenus se calculeraient à partir d’un seuil basé sur l’achalandage antérieur plutôt que basé sur l’intégralité des revenus. Mine de rien, cette «petite» différence comptable nous enlève près d’un million de dollars… Soit l’équivalent d’une taxe spéciale à raison de 60$ par propriétaire foncier.

« Le maire Ferrandez devrait assumer ses responsabilités et ce n’est pas à tous les Montréalais de payer pour la mauvaise planification des élus de Projet Montréal. » — Michael Applebaum, président du comité exécutif de la Ville de Montréal

Maintenant confronté à la réduction de notre dotation… et voilà subitement que l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal se retrouve avec un déficit budgétaire plutôt qu’un surplus. Franchement ici, après avoir lu mes explications, pensez-vous vraiment que nous sommes pour autant des mauvais gestionnaires? C’est ainsi que durant une réunion d’urgence avec la directrice de l’arrondissement en octobre, nous (les élus du Plateau) apprenions formellement avoir un déficit plutôt que des surplus. Et puisqu’il faut absolument livrer un budget équilibré dans le système informatique, je vous laisse imaginer le cauchemar que nous aura provoqué cet horrible casse-tête… ce piège à con conçu par Union Montréal.

plan de quartier vert dans le district de DeLorimier

Cette nouvelle fut une douche d’eau froide pour moi. Par déduction, je comprenais parallèlement que mes projets de conseiller sont tous compromis … est-ce dire ici que j’ai passé des années à militer pour me rendre là… et me faire lancer des tomates par une frange de la population aliénée par les agents politiques du pouvoir.

Le gel de nos projets d’investissement et les drastiques compressions dans notre fonction publique n’étant pas suffisante pour combler le déficit imposé, la solution facile qui fut proposée était alors de voter une « taxe spéciale » en arrondissement. Déjà, il m’était difficile d’accepter le gel équivoque de l’essentiel de notre programme, voilà qu’il aurait fallu se farcir en plus un autre psychodrame médiatique à propos de l’augmentation d’une nouvelle taxe. D’ailleurs, pour la petite histoire, je vous relaterai ici un passage que personne ne connait à l’exception des protagonistes en question.

Alors aujourd’hui, je vous ferai une confession: dans l’optique que nous allions appliquer une taxe spéciale, même si je n’ai pas eu à l’affirmer formellement (c’est tout l’art de la chose), j’allais toutefois voter contre notre budget. En effet, dans le contexte où les contribuables du Plateau payent toujours plus d’argent pour moins de services, il m’apparaissait injustifiable de contribuer à l’augmentation du fardeau fiscal de notre population. Or, aussi minime pouvait être cette taxe, même si la Ville-centre a poussé le tiers des arrondissements de Montréal dans cette position, j’étais convaincu que dans le Plateau c’était la goutte d’eau qui allait faire déborder le vase.

Listes des arrondissements à Montréal qui ont des taxes spéciales en 2011 :
  • Anjou
  • Lachine
  • LaSalle
  • Sud-Ouest
  • Montréal-Nord
  • Pierrefonds-Roxboro
  • Saint-Léonard
  • Verdun
Fait à noter, dans l’optique où nous allions voter une taxe spéciale pour aller chercher 1 million de dollars, certains commerçants se préparaient encore une fois à partir en guerre absolue contre notre administration. Pourtant, comment expliquer que ces derniers demeuraient muets quant à l’augmentation exponentielle de leur taxe commerciale par l’administration centrale. D’ailleurs, j’en profiterais ici pour leur poser une question. En quoi une taxe d’un million à l’arrondissement, répartie entre les propriétaires du Plateau serait pire que l’actuelle augmentation de 50 millions des taxes commerciales du Plateau donnée directement à la Ville- centre? Putain, réalisez-vous un peu l’incohérence de leur parti pris… c’est vraiment à se demander quels sont les réels intérêts de certains leaders commerciaux.

De voter comme ça, une taxe spéciale pour boucler un simple budget annuel, c’est un dangereux précédent qui aurait hypothéqué son utilisation ultérieure. En effet, comprenons bien que l’option de voter une taxe spéciale sert à développer des projets spéciaux préalablement expliqués en campagne électorale (maison de la culture, bibliothèque, terrain de soccer, etc.)… par pour combler un déficit conçu par des forces politiques adverses. Quant à moi, cette fuite en avant de voter une taxe en arrondissement, eh bien c’était de jouer le jeu de l’administration Tremblay-Applebaum… de surcroit en repoussant à l’année prochaine la gestion du même problème. Et franchement, après les énormes compressions que nous venons d’effectuer dans notre fonction publique, je n’ose pas imaginer la situation extrême dans laquelle nous pourrions être pris au prochain budget d’arrondissement si la Ville-centre n’établit pas minimalement l’indexation de notre dotation.

Bref, plutôt que de voter cette taxe, mon point fut d’aller en guerre sur la question du sous-financement des arrondissements et de marteler un message simple jusqu’à pouvoir mobiliser l’opinion publique de notre côté. Bien sûr, c’est pas mal moins sexy comme programme que de réaliser des projets; car parler de budget, c’est plate, c’est drabe et pragmatiquement terre-à-terre… mais c’est toutefois la base en politique municipale. Et finalement, quand je constate la suite des choses quant à l’actuelle reconnaissance du problème de sous financement des arrondissements, je suis fier d’avoir maintenu ma position contre la taxe spéciale… qui était somme toute celle aussi de mon Parti. (Effectivement, la perspective de se faire coller l’étiquette de «taxeur» dans le seul arrondissement géré à 100% par Projet Montréal était une hypothèque pour tout le Parti… particulièrement pour mes collègues élus des autres arrondissements).

Mais bon, s’il fut judicieux d’avoir repoussé l’option suicidaire de voter une taxe spéciale, encore fallait-il aussi trouver une solution pour combler notre déficit budgétaire. Or le casse-tête demeurait entier; et comment dire ici, cette expérience fut assurément l’un des moments les plus éprouvants de mon mandat. Effectivement, je vous laisse imaginer la lourdeur de nos longues heures en réunion, où chacun essaye logiquement de défendre les ressources allouées dans son district, où chacun tente de maintenir la possibilité de pouvoir canaliser des projets. Mais essentiellement, la vraie question n’était pas où investir, mais de choisir la moins pire des options budgétaires dans un angle politique. Car malgré les divers scénarios de compression dans notre fonction publique (ce qui équivaut concrètement à une perte de services à la population), même le plus drastique des scénarios présentés n’était pas suffisant pour balancer notre budget… C’est tout dire l’ampleur du problème.

Ainsi, l’option de fermer (temporairement ???) la piscine Shubert (une économie de 400 000$) nous apparut appropriée (à l’exception évidemment de la conseillère du district concerné). Pour ma part, je pensais que cette fermeture allait devenir un excellent symbole pour attirer l’attention publique sur notre problème de financement. En définitive, les utilisateurs de la piscine montèrent aux barricades en un temps record… non sans l’aide discrète du réseau politique d’Union Montréal, réveillé pour l’occasion.

Face à cette mobilisation populaire, et forte de la clairvoyance de ma collègue Piper Huggins sur ce sujet, nous décidâmes donc à huis clos de reculer sur cette décision. C’est ainsi là que l’augmentation du prix des vignettes de stationnement pour atteindre l’équilibre budgétaire fut adoptée à l’unanimité. Et bravo ici au caucus des élus, rien ne transpira dans nos réseaux réciproques; ce qui amena alors un effet de surprise durant le conseil d’arrondissement.

En effet, tous nos anciens adversaires d’Union Montréal était alors présents, la première fois dans un conseil depuis leur défaire électorale. Mais contrairement à la foule mobilisée pour l’occasion, quelle ne fut pas ma stupéfaction de constater une certaine déception sur le visage de certains membres d’Union Montréal lorsque nous annonçâmes maintenir l’ouverture de la  piscine Shubert. Vraisemblablement, Marc Snyder et compagnie ne s’attendait vraiment pas à nous voir reculer… comme quoi notre réputation d’administration entêtée nous aura cette fois aidé à brouiller la stratégie de nos adversaires.

Mais bon, entendons-nous, si nous nous en sommes relativement bien tirés durant l’adoption du budget d’arrondissement, les agents politiques d’Union Montréal ont depuis travaillé le terrain des vignettes pour faire lever la sauce au prochain conseil. Quand on y pense ici, la perspective que le parti du maire de Montréal puisse  insuffler la révolte populaire contre les décisions budgétaires de l’arrondissement du Plateau est assez machiavélique… surtout quand c’est ce parti qui tient les cordons de notre bourse…

Ce tract de grande qualité a été distribué dans les boites à lettres des résidents ciblés par les nouvelles zone de vignette. Or, étant donné le professionnalisme de l’opération, je recherche à connaitre la source des fonds utilisés

La suite des choses

Bien que l’augmentation du prix des vignettes soit une occasion pour l’opposition politique à notre administration, je n’appréhende pas une crise aussi majeure que pour celle de la hausse des parcomètres. Évidement, les gens n’aiment jamais devoir à payer davantage pour un service. Puis, quoi qu’il en soit quant à l’essence de nos décisions, il y aura toujours aussi une frange populaire pour y réagir primairement sans rien remettre en perspective. Mais heureusement, pour contrebalancer le mouvement de grogne, nous avons la chance dans le Plateau-Mont-Royal  d’avoir une population instruite. Alors, je m’adresserai donc à eux, voire aux journalistes suivant mon blogue. Il est facile de s’opposer pour s’opposer et d’avoir le sentiment de participer à la politique en chialant stérilement sur les politiciens. Mais après avoir lu mon historique sur notre budget, je vous pose maintenant la question : et vous, qu’auriez-vous fait à notre place?

Mais avec votre support, il y a de l’espoir. En effet, la proposition de ma collègue Josée Duplessis demandant l’atténuation des hausses d’impôt foncier a non seulement été acceptée au dernier conseil municipal, mais en plus, il fut accepté de mandater la Commission des finances d’évaluer toutes les options possibles pour limiter le choc fiscal subi par les Montréalais lors de la révision du rôle foncier. Car, au-delà la gestion annuelle du sous-financement en arrondissement, une question fondamentale demeure dans le Plateau. Pourquoi l’augmentation de nos impôts municipaux ne se traduit-elle pas en plus d’argent pour financer l’amélioration de vos services locaux?

Ça vaut la peine de déposer des motions et de convaincre les élus de la majorité. Cet enjeu est crucial. Le choc foncier que vivent les citioyens à chaque rôle d’évaluation, cela a encore plus d’incidences pour les personnes retraitées dont les revenus n’augmentent pas. Nous participerons à ce chantier avec enthousiasme! – Josée Duplessis dans Facebook

En conclusion, il est plus que temps de réfléchir  sur une réforme du financement aux arrondissements, voire sur la structure même de Montréal… ce fameux projet d’une île une ville démantellé à moitié par Jean Charest (fusion-défusion-confusion).

Assurément, nous jouerons contre/avec M. Applebaum une grosse partie de poker multidimensionnelle mercredi. Les règles exactes restent à définir, mais les jetons se calculeront en million $… et la victoire se définira en réalisation, ou non, dans le Plateau-Mont-Royal. Ouf!

impossible

Deux milliards d’impôts ! J’appelle plus ça du budget, j‘appelle ça de l’attaque à main armée !
Michel Audiard

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