Affaire Patrick White, suite et fin
Dans un échange récent, M. Jean-Hugues Roy, que j’avais mis en lumière dans mon précédent article, m’a interrogé avec pertinence : pourquoi ne l’avais-je pas contacté avant de publier ? Ma réponse est simple : en tant que simple blogueur, je ne me conforme pas systématiquement aux normes du journalisme traditionnel. Mon approche, plus spontanée, visait à pallier des lacunes d’une presse justement trop hâtive, surtout dans des cas comme celui de Patrick White, injustement crucifié sur la place publique sans avoir eu la chance de se défendre.
Le besoin de défendre Patrick White était donc dicté par l’urgence de la situation face à la culture d’annulation qui était alors d’emblée enclenchée. Rédigé dans un sentiment d’urgence, mon article visait donc à contrecarrer cette dynamique toxique : C’est à dire cette justice parallèle rapide et impitoyable qui tend à écarter quelqu’un socialement et professionnellement avant même que la vérité officielle n’émerge.
Parallèlement, il est donc de ma responsabilité de permettre à M. Roy d’aussi présenter son point de vue, surtout quand il conteste la perspective que j’avais initialement énoncée. Voici donc, ci-dessous en cocarde, des extraits du courriel que Jean-Hugues Roy m’a fait parvenir au sujet de mon dernier article le concernant :
Tu écris: «Ironiquement, d’ailleurs, il devrait incomber aux journalistes professionnels, et non à un simple blogueur comme moi, de fournir des nuances et de révéler les conflits d’intérêts». C’est la première question que m’a posée Isabelle Hachey: «On dirait que tu convoites le poste de Patrick». Je lui ai expliqué dans les grandes lignes ce que je viens de détailler, ci-dessus. Pourquoi elle n’a pas inclus cet élément dans sa chronique? Je l’ignore. D’autres journalistes me l’ont posée, aussi. J’ai répondu la même chose. Un simple blogueur et Luc Lefebvre ne me l’ont pas posée, cependant. J’étais facile à rejoindre, pourtant.
Tu écris: «Ce procédé toxique de mise en exergue d’une histoire médiatique dans l’objectif de s’approprier un poste rémunéré est, à mon avis, plus grave en termes d’éthique que ce qu’on reproche à Patrick White». Être responsable de programme ne procure aucune rémunération additionnelle, ni aucun avantage pécuniaire. Parce que c’est quand même beaucoup de boulot, on obtient du temps pour le faire avec un dégrèvement, c’est-à-dire qu’au lieu de donner quatre cours par année, on peut n’en donner que trois. Mais mon plan de travail étant déjà fait pour l’année 23-24, je ne peux pas profiter de ce cours de moins. Je pourrai obtenir 0,5 dégrèvement. Et puisque je ne peux pas abandonner 0,5 cours, je pourrai le mettre «en banque» ou traduire ce demi-dégrèvement en une somme de 3150$ à être versée dans un fonds de recherche, un fonds «C», tel que le décrit l’article 10.07 3) de notre convention.
Ainsi, M. Roy m’a apporté des éclaircissements essentiels. Bien que j’ai évoqué des apparences de conflit d’intérêts, sa réponse offre un aperçu plus nuancé. En tant que responsable de programme à l’UQAM, il n’a bénéficié d’aucune rémunération additionnelle significative, un détail que je n’avais pas abordé dans mon article initial. Ces précisions sont cruciales, éclairant non seulement les complexités de son rôle dans cette affaire, mais aussi les défis inhérents à la gestion académique.
Son rôle, selon lui décrit comme un fardeau plutôt qu’une source de revenus, souligne un engagement envers sa communauté académique. Les fonds de dégrèvement qu’il a reçus étaient destinés à soutenir des activités de recherche et pédagogiques, révélant une réalité souvent ignorée : l’enseignement et la gestion académique ne sont pas toujours synonymes de richesse.
La réponse de M. Roy met en lumière l’éthique dans l’enseignement et la gestion universitaire, et interroge notre tendance à juger rapidement sur la base d’informations partielles.
Nous devons résister à la tentation de nous joindre aux condamnations hâtives et rester ouverts à la possibilité que les choses ne soient pas aussi tranchées qu’elles le paraissent. Adopter une approche plus réfléchie et mesurée est le seul moyen de progresser vers un discours public plus juste et nuancé.
En conclusion, l’affaire Patrick White nous rappelle l’importance de la prudence et de la réflexion dans notre quête de vérité. J’espère que cette histoire servira de leçon pour l’avenir, encourageant la réflexion, la compréhension complète, et la résistance à la précipitation. Que cela guide le futur directeur du programme de journalisme à l’UQAM et nous tous dans notre manière d’aborder l’information et la justice.
En définitive, toute cette histoire renforce ma conviction de la nécessité de développer un « système immunitaire » collectif contre la culture d’annulation, en particulier lorsqu’elle est utilisée à des fins politiques.
Il faut toujours chercher la vérité dans l’argument de l’autre
– Denis Diderot
Mais surtout libérer Julian Assange! Laurent Son
stannourel@gmail.com