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Posté par le 9 juin 2008 dans Anecdote, Politique municipale

L’Arbre du destin

arbre menaçant

Certaines personnes gagnent à la loterie; moi je suis vraisemblablement plutôt le genre à encaisser des situations singulières. En effet, ce matin, j’ai simplement manqué d’y laisser ma peau… comme ça, bêtement écrasé sous la chute d’un érable à Giguère sur la rue de Brébeuf dans le Plateau.

Est-ce parce que l’arbre n’est pas tombé d’un coup, est-ce parce j’avais quelques secondes d’avance sur la mort… peu importe, je m’en suis tiré indemne en roulant sous le mastodonte. Toutefois, ayant été averti par le lourd bruit de la déchirure du tronc, il est fort à parier qu’un baladeur aux oreilles aurait handicapé ma vive réaction.

Est-ce à cause de mes réflexes issus par mon jeu vidéo Call of Duty 4, est-ce à cause que j’avais observé un avion tapageur la veille, est-ce à cause que je craignais préalablement un orage avant de sortir en roller ? Du premier moment où le grondement se fit entendre au dessus de ma tête, j’ai instinctivement compris la situation.

Et là, une fois en sécurité, je me suis retourné, immobile, pratiquement hypnotisé par la fracassante déchirure de l’arbre… assistant complètement à son effondrement entre deux voitures stationnées dans la rue. Toute ma vie, je serai habité par cette image. Combien de temps suis-je resté ainsi, bouche-bée, fixant l’endroit où j’étais 10 secondes avant l’impact, considérant les deux automobiles écrabouillées comme de la vulgaire tôle? Je ne pourrais dire. Le temps est finalement une notion si perceptuelle dans les moments de danger. Puis, vint ce sentiment d’euphorie; ce puissant sentiment d’être vivant.

Après avoir repris possession de mes moyens, j’ai évidemment cherché à comprendre «les raisons» qui auraient pu amener à ma perte. Première constatation, le cœur de l’arbre était complètement pourri au point de rupture… mais à priori, aucun signe visible à l’extérieur de cette détérioration. Je pris donc une feuille afin d’identifier l’essence de l’arbre par Internet. De toute façon, j’étais en retard pour un rendez-vous avec un collègue de travail.

Racontant ma mésaventure à ce dernier, Gino m’apprendra qu’il devait s’agir d’un érable à Giguère… car il y a quelques jours, un arbre de cette essence s’était aussi effondré dans une ruelle du quartier. Je retourne donc chez moi, et validant l’identité de mon agresseur, j’y apprends que l’érable à Giguère est constitué d’un bois fragile, ce qui rend dangereux les travaux d’élagage à son endroit . À ce moment, je considère alors d’intérêt public la chute de deux érables à Giguère à intervalle rapproché dans le même quartier; je raconterai donc ma mésaventure à une journaliste du journal local. Afin de visualiser la scène en question, cette dernière me donnera donc rendez-vous à Ground Zero avec son photographe.

Évidemment, n’ayant plus d’appareil photo, je suis heureux d’avoir cette possibilité d’un souvenir visuel… mais le plus intéressant durant mon retour sur les lieux, c’est la découverte de ce que je crois être l’agent responsable de la situation.

En effet, la Ville ayant commencé de découper le tronc de l’arbre affalé, j’y ai alors remarqué la présence de nombreuses fourmis charpentières. Ces dernières ayant des galeries complètes dans les moindres billots de l’arbre, il est fort à parier qu’elles y ont inexorablement affaibli la structure. Comme quoi le chaos fait partie de la nature.

Quand tombera à Montréal le prochain arbre ravagé par ces fourmis ? Et s’il existe un moyen de détecter la présence des fourmis charpentières dans un arbre, pouvons-nous tolérer de risquer la vie des citoyens ? Cette mésaventure est un avertissement, n’attendons pas une éventuelle victime avant d’agir.

Aujourd’hui, non, je ne suis pas mort sur l’une des rues où j’ai grandi. Mais peut-être, après tout, était-ce un signe que je suis destiné, finalement, à devenir technicien en gestion parasitaire.

Les hommes ont inventé le destin afin de lui attribuer les désordres de l’univers, qu’ils ont pour devoir de gouverner
Romain Rolland (Extrait d’ Au-dessus de la mêlée)

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11 Commentaires

  1. Un autre arbre tombé
    par Carole le Hirez

    Un arbre est tombé lundi dernier sur la rue Saint-Hubert, entre Rachel et Marie-Anne, endommageant trois véhicules stationnés.
    Prévenu à 6h30 par l’appel d’un citoyen, le service des travaux publics a dégagé la rue vers 8h, et la circulation a pu reprendre normalement dans le secteur.

    Selon Michel Tanguay, chargé de communication à l’arrondissement, il s’agissait d’un arbre atteint d’une carie importante à la base. Le phénomène de pourrissement, qui n’était pas apparent de l’extérieur, a engendré la chute de l’arbre.

    Un véhicule stationné du côté est de la rue a subi d’importants dommages, tandis que deux autres automobiles garées le long du trottoir ouest ont été moindrement touchées.

    Les employés du service des parcs de l’arrondissement inspectent deux fois par an tous les arbres qui se trouvent sur le domaine public. Une première inspection sommaire a lieu au printemps. Une autre plus poussée est effectuée à l’automne. S’il y a des signes apparents de maladie (cavités, champignons, etc.), l’arbre sera éventuellement coupé, dans la mesure où il constitue une menace pour la sécurité.

    Près de 850 arbres ont ainsi été abattus dans les rues du Plateau entre 2003 et 2007 et 355 dans les parcs. «Les inspections permettent de prévenir une bonne partie des incidents. Toutefois, il est impossible de prévoir qu’un arbre qui ne souffre d’aucun problème apparent va tomber», indique M. Tanguay.

    Au printemps dernier, après un épisode de fortes bourrasques, un autre arbre de taille imposante était tombé à quelques centimètres d’un citoyen qui passait en patins à roues alignées, sur la rue De Brébeuf. Là encore, il s’agissait d’un arbre gagné par la carie qui ne présentait aucun signe apparent de maladie.

  2. Salut Guillaume,
    je serai en vacances a partir du 21 juillet. appel moi quand tu passeras

    Carl Boileau| lire ici le dernier article de son blogue: Juste pour rire

  3. et oui, toujours chez nos voisins. Je serai à Montréal pendant les vacances de la construction… on se croise peut-etre?

    La preuve est effectivement faite: change de carrière, Carl, c’est plus payant, question visibilité, être cascadeur que politique!

    Aurore Boréale| lire ici le dernier article de son blogue: Gaza: six mois pour faire les courses

  4. Bonjour groupe,

    merci DC et noisette de vous inquiéter à mon sujet… mais je vais très bien, simplement que ces derniers jours, je travaillais intensément sur le story-board d’une vidéo qui fera la promotion du Centre Boréal. Mais de toute façon, maintenant que ces fondations sont bien ancrées, je compte progressivement réduire mon activité sur mon blogue (quitte à la maintenir actif ma vie entière).

    Mais bon, cette histoire d’arbre est un autre exemple démontrant à quel point la vie est fragile; et surtout, qu’ont ne peut jamais savoir d’avance lorsque nous viendra notre tour. Alors, la morale que j’en tire (s’il y en a une), c’est de bien profiter du temps à notre disposition.

    Hey Guillaume !!! heureux d’avoir de tes nouvelles (j’allais dire vielle branche). En passant, es-tu toujours à Yellowknife ?

    Bon, je vous laisse, je dois me préparer pour le match à sens unique, Italie-France. Un classique annoncé.

  5. Ah oui, quand même. Cette histoire d’arbre m’aura octroyé la première page du journal local de la semaine dernière. Quand j’y pense, mon cheminement politique ne m’aura jamais donné ce genre de visibilité.

    Cet article a le mérite de pousser plus loin mon questionnement quant aux causes et nos responsabilités civiques en rapport à la chute des arbres en milieu urbain. Assurément, cette mésaventure aura forgé un souvenir au fer rouge.

    Quel souvenir !

    Fourmis charpentières

    J’avais alors orienté l’attention du photographe de ce journal sur la présence d’une colonie de Fourmis Charpentières dans l’arbre en question. A ce sujet, je poursuivrai prochainement mon investigation.

  6. Et puis? pas de nouvelles de toi depuis ce billet. J’espère que ces arbres ne se sont pas passé le mot!

    Le Détracteur Constructif| lire ici le dernier article de son blogue: L’incroyable histoire de Christian le Lion, pour tous les amoureux des animaux

  7. Y a des jours comme ça. Pas plus tard que lundi dernier je roulais à 90 km./h et une voiture a tourné à quelques mètres en avant de moi. Si j’avais roulé à 95 km./h c’était le face à face.

    Au fond, je crois que nous sommes tous des survivants d’une grosse loterie appelée la vie.

  8. Le choc!!!

    En lisant ça, j’ai eu des frissons.

    Bien contente que tu sois encore parmi nous, cher Carl 🙂

    Noisette Sociale| lire ici le dernier article de son blogue: Psyoccupation

  9. Sacrée histoire ça dis donc! En espérant que tu n’en devienne pas plus parano, tu devras marcher au beau milieu de la rue! Faudra voir s’il s’en trouve aussi dans mon quartier!

    Je me demandais sacrément pourquoi on appelait ça « Un érable à Giguère ». Il m’aura fallu 30 secondes pour trouver ça : « On l’appelle parfois aussi érable à Giguère, par déformation du nom «érable argilière» qu’utilisaient les Français de l’Illinois, en 1814. »

    Le Détracteur Constructif| lire ici le dernier article de son blogue: Écriture automatique en différé de l’UQAM

  10. Hej !

    Une jeune fille de ma ville a vécu la même chose mais elle n´a pas eu ta chance !
    L´arbre est tombé sur elle . et les passants ont eu un mal fou pour l´aider.
    Elle a dû subir plusieurs opérations et gardera des séquelles toutes sa vie .
    Sois heureux , tu sais maintenant que la vie peut être courte !

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