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Posté par le 28 août 2025 dans Québec solidaire

La gauche, la laïcité et l’impasse stratégique de Québec solidaire

QS et la laïcité : analyse d’une dérive multiculturaliste et de ses effets sur la cohésion et le mouvement souverainiste.

À l’intérieur du paysage politique québécois, il existe quelques points de repère qui, pour la gauche, devraient aller de soi. Le logement, l’indépendance nationale, la qualité de nos services publics, le coût de la vie et la lutte aux changements climatiques forment depuis longtemps l’ossature d’un projet progressiste crédible. Je reconnais d’emblée que les cinq priorités mises de l’avant dans cette illustration partisane de Québec solidaire s’inscrivent dans cette continuité. Elles sont nécessaires, voire fondamentales, pour tout citoyen de gauche qui se soucie de l’avenir commun.

Mais cette évidence n’annule pas le reste. On peut marcher et mâcher de la gomme en même temps. Banaliser ou ignorer le phénomène des prières de rue, comme si cette question relevait d’un détail secondaire ou d’une distraction médiatique, me semble irresponsable. La laïcité, comprise dans un angle universaliste, n’est pas une lubie identitaire surgie de l’air du temps. C’est une position historiquement de gauche, parce qu’elle vise d’abord à protéger l’égalité de tous devant l’État et à garantir un espace public dégagé des pressions religieuses de tout acabit.

Cette conception s’oppose frontalement au wokisme d’origine étatsunienne, qui confond souvent égalité et culpabilité, tolérance et complaisance. Sous couvert d’ouverture, cette approche en vient trop souvent à justifier des pratiques foncièrement conservatrices et rétrogrades, au point de perdre de vue l’intérêt général et les équilibres sociaux.

C’est dans ce contexte que je crois, sincèrement, que Québec solidaire aurait tout intérêt à éviter ce débat… ou, à tout le moins, à ne pas se retrouver à faire front commun avec le Parti libéral sur ce terrain. Il en va non seulement de la cohérence intellectuelle de son propre positionnement progressiste, mais aussi de sa capacité à continuer à s’adresser à l’électorat social-démocrate qui loge au Parti Québécois, comme c’est mon cas. Car le PQ, dans son processus de croissance populaire et de convergence nationale en vue d’un éventuel référendum, sera inévitablement poussé vers le centre droit pour élargir sa base électorale. Si QS souhaite réellement peser dans le rapport de force démocratique, il lui revient plutôt d’assumer pleinement son rôle de défenseur de la sociale-démocratie, voire d’une promotion assumée du socialisme, s’il tient véritablement à se démarquer du PQ.

En adoptant malheureusement une posture multiculturaliste qui va jusqu’à défendre l’émergence de prières agressives dans l’espace public, QS devient objectivement l’allié du Parti libéral et, incidemment, de l’agenda fédéraliste. Or ce n’est pas une orientation politiquement intelligente dans une perspective de convergence nationale vers un futur camp du OUI, car cela fragilise le ciment nécessaire à la cohérence de notre mouvement. Comment faire comprendre à QS que défendre un espace public laïque, égalitaire et dégagé des pressions religieuses, ce n’est pas céder à quelque obsession identitaire, mais défendre des conditions essentielles à la paix sociale et au progrès réel de la société québécoise?

La laïcité est un humanisme, elle n’est pas un combat contre la religion mais pour l’homme
– Abdennour Bidar (Plaidoyer pour la fraternité)

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