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Posté par le 11 juillet 2025 dans Politique municipale

Montréal, ville piège ? Quand un virage à gauche devient un traquenard

Virage interdit, signalisation floue, contravention douteuse : enquête sur un piège routier à Montréal, coin Molson et Saint-Joseph.
Il y a quelques jours, j’ai reçu une contravention pour avoir effectué un virage à gauche à l’intersection des rues Molson et du boulevard Saint-Joseph, dans Rosemont. Un secteur que je fréquente presque quotidiennement depuis cinq ans. Ce coin fait partie de mon itinéraire régulier, chaque soir vers 17h30, pour retourner chez moi après le travail.

Mais cette fois, sans le savoir, j’ai été pris dans un piège.

La faute ? Une pancarte temporaire interdisant le virage à gauche, récemment installée, peu visible… et surtout absente des données de Google Android Auto, qui continue d’indiquer que le virage est autorisé. Comme des milliers d’automobilistes, je fais confiance à mon GPS, surtout lorsqu’aucune signalisation claire ne contredit ses indications.

Nos GPS indiquent que le tournant à gauche est toujours l’itinéraire à suivre à travers l’intersection en question

Une signalisation douteuse… et un chantier fantôme

Je dois avouer que je n’ai probablement même pas remarqué la présence de cette petite pancarte lors de mes premiers passages, quand ce nouvel et énième chantier est apparu sur mon itinéraire il y a quelques semaines. Elle était tellement discrète qu’elle se fondait littéralement dans ce décor chargé d’informations chaotiques.

Ce n’est qu’après quelques jours que j’ai véritablement pris conscience de sa présence. Le panneau portatif était alors déjà bancal, incliné, comme s’il avait été déplacé ou bousculé. Il était visiblement en biais, ce qui rendait son message difficile à interpréter. Visait-il ma voie, ou celle en sens inverse ? Rien n’était clair.

Par prudence, j’ai d’abord évité de tourner à gauche à cette intersection. Mais très vite, j’ai constaté que la majorité des voitures dans ma voie continuaient de tourner sans problème. Aucune contrainte physique. Aucun agent. Et surtout, aucun signe d’un chantier actif ou d’un quelconque danger.

J’ai donc fini, comme tant d’autres, par reprendre mon habitude et tourner à gauche à cet endroit à plusieurs reprises… jusqu’à la semaine dernière, où j’ai été intercepté.

La mécanique bien huilée d’un piège réglementaire

La constable M. Lemay (matricule 4134, de l’unité 144), m’a intercepté ce jour-là à 17 h 30, le 5 juillet 2025, pour m’émettre une contravention de 186 $. Motif : ne pas m’être conformé à la signalisation de virage à gauche interdit. Une infraction inscrite au Code de la sécurité routière, article 310, codification P278.

Lorsque je lui ai montré que mon GPS indiquait toujours que le virage était autorisé, la constable a simplement haussé les épaules. Un petit geste banal… mais révélateur. Elle savait clairement que nos GPS continuent de nous guider vers ce virage, comme ils l’ont toujours fait. Elle savait que les automobilistes ne pouvaient pas raisonnablement deviner que le virage était désormais interdit. Et que des dizaines de conducteurs se font piéger chaque jour.

Pendant qu’elle validait mon permis de conduire, deux autres voitures effectuaient exactement le même virage fautif juste à côté de nous, sans provoquer la moindre réaction. Comme si un seul « client » à la fois suffisait.

Puis, en me remettant ma contravention, elle m’a expliqué que cette interdiction avait été mise en place pour protéger les travailleurs du chantier situé plus loin sur la rue Molson. Jusque-là, l’argument semble raisonnable…

Mais en trois mois, je n’ai jamais vu un seul ouvrier sur place. Aucun chantier actif. Aucun véhicule de construction. Rien, mis à part quelques cônes, et cette petite pancarte vissée discrètement sur un poteau portatif dans un décor déjà encombré. On est donc en droit de se demander : protéger qui, au juste ?

Une routine bien documentée

Depuis cette contravention, j’ai maintenu mon itinéraire habituel jusqu’à cette intersection, mais avec un objectif bien précis : filmer la situation à l’aide de ma dashcam. À chacun de mes passages, il se trouve des voitures pour tourner à gauche comme si de rien n’était. Ce comportement est constant, régulier, presque banal.

Cela démontre une chose : la signalisation est ambigüe, insuffisante et largement incomprise. Et pourtant, une escouade du poste de quartier 44 se poste maintenant à proximité, prête à intercepter.

Tout cela donne l’impression d’un piège bien orchestré, pas d’une mesure de sécurité publique.

Une mise en scène répétée… filmée en plein jour

Aujourd’hui même, j’y suis retourné à pied pour filmer une séquence complète. Ce qu’on y voit est sans équivoque : pendant qu’un automobiliste se fait intercepter, plusieurs autres véhicules fautifs tournent devant les policiers… sans qu’ils ne réagissent.

Et une fois le constat remis, la voiture de patrouille rebrousse chemin à contresens, croise deux autres véhicules fautifs, toujours sans intervenir. Comme si un quota venait d’être atteint. Ou comme si le reste n’avait plus d’importance avant l’heure du dîner (il était alors midi tapant).

Un chantier abstrait, figé dans le temps

Soyons justes : le chantier est visible en surface, par la présence de quelques cônes et panneaux. Mais il est totalement inerte. Il n’y a ni ouvrier, ni clôture, ni machinerie, ni périmètre de sécurité. On dirait un décor de théâtre, mis en place pour cocher une case administrative. Il semble conçu pour s’étirer dans le temps, lentement, sans véritable urgence, sans coordination visible.

C’est un autre sujet, j’en conviens, mais qui reste profondément symptomatique des problèmes structurels de notre société publique : lenteur, désorganisation, absence de résultats concrets… et pourtant, des règles strictes imposées aux citoyens.

Et si vraiment le but était de protéger des travailleurs, pourquoi ne pas affecter un agent de circulation ou un cadet ? Pourquoi ne pas mettre à jour les données GPS, comme le ferait n’importe quelle administration responsable ?

La réponse semble évidente : ce flou est entretenu volontairement. Ce n’est pas une mesure de sécurité. C’est une opération de prélèvement silencieux dans les poches des citoyens.

Montréal, ville intelligente… vraiment ?

Quand la Ville installe un panneau portatif bancal, ne synchronise pas ses données avec les GPS, n’informe pas les automobilistes, ne déploie aucun encadrement humain, mais maintient une patrouille d’interception discrète, ce n’est plus de la sécurité publique.

C’est du guet-apens organisé. Et ça mine la confiance. Profondément.

Ce que je demande

Je ne cherche pas simplement à contester mon constat. Je veux que cette logique soit exposée et corrigée.

Voici ce que je réclame :

  1. Que la Ville justifie publiquement cette interdiction, en l’absence de tout chantier actif sur le terrain.
  2. Que le SPVM rende publiques les données sur le nombre de contraventions émises à cette intersection depuis l’apparition du panneau.
  3. Que la signalisation temporaire soit synchronisée avec les GPS les plus utilisés, afin d’éviter d’induire les conducteurs en erreur.
  4. Et que ma contravention soit annulée, puisqu’elle repose sur une signalisation ambigüe, non communiquée, et appliquée de manière arbitraire.

Un appel aux journalistes… et au commandant du poste 44

J’invite expressément les journalistes à se pencher sur cette situation.

Je suis prêt à partager mes vidéos, mes photos et mes observations. Je les invite même à venir filmer eux-mêmes sur place. Ce qu’ils verront, c’est une opération policière qui ne protège rien, ne prévient rien, et qui intercepte arbitrairement certains conducteurs… sans logique apparente.

Mais surtout, je les invite à poser une question simple au commandant François Labrecque, responsable du poste 44 :

Pourquoi maintenir une interdiction temporaire mal visible, non communiquée aux systèmes de navigation, dans un secteur sans chantier actif, tout en installant une patrouille d’interception pour distribuer un seul ticket à la fois ?

Cette opération est irresponsable. Elle alimente le cynisme envers les forces policières, et affaiblit la légitimité de leur rôle pourtant essentiel dans notre société. Car la sécurité publique repose sur la confiance, pas sur la confusion organisée. Puis quand l’État crée volontairement les conditions d’une infraction pour ensuite punir ceux qui tombent dans le piège, il ne protège plus : il prélève.

📍 À lire aussi — Quand la signalisation devient un piège silencieux

Et ce que je vis à Montréal n’est pas un cas isolé.

À Trois-Rivières, plusieurs automobilistes ont récemment eu la mauvaise surprise de recevoir des contraventions de 346 $, 520 $, voire jusqu’à 806 $ après avoir roulé sur le pont Laviolette, où un radar photo mobile a été installé sans grande publicité. Officiellement, la vitesse est abaissée à 70 km/h en raison de travaux. Mais ces travaux sont invisibles de jour, sans présence de travailleurs, ni machinerie en activité.

Même constat : un décor figé, un prétexte administratif, et des amendes bien réelles. Ce sont les mêmes symptômes : signalisation floue, application aveugle, absence de communication… et une logique punitive sous couvert de sécurité publique. On transforme des zones transitoires en véritables trappes à contraventions.

En conclusion : à qui profite vraiment le système ?

On aime nous rappeler que la devise universelle des corps policiers est : « Protéger et servir ». Mais quand on regarde les faits, il est permis de se demander : protéger qui, et servir quoi ?

Parce que dans ce cas-ci, j’ai littéralement eu l’impression de m’être fait voler une journée de salaire. Pas pour protéger des ouvriers. Pas pour assurer ma sécurité.

Mais pour financer un système qui agit comme un groupe organisé, en exploitant une faille que l’on choisit sciemment de ne jamais corriger.

Et ça, je crois que ça mérite d’être dénoncé publiquement.

Surtout quand ce système se pare de principes nobles, en affichant fièrement sa devise officielle : Respect. Intégrité. Engagement.
Des mots qui, selon le site du SPVM, devraient guider le comportement de chaque agent :

  • Le respect : agir avec considération et dignité envers les autres.
  • L’intégrité : exercer sa profession avec honnêteté et équité.
  • L’engagement : se sentir concerné par les problématiques du terrain et contribuer à leur résolution.

Des principes magnifiques… en théorie. Mais sur le terrain, rue Molson, rien de tout cela ne semble avoir été appliqué :
– aucun souci de clarté dans la signalisation ;
– aucune équité dans l’application de la règle ;
– aucun effort pour corriger une situation ambigüe que même les GPS n’indiquent pas.

Agir avec intégrité, ce serait corriger ce qu’on sait injuste.
Agir avec respect, ce serait ne pas piéger les citoyens.
Agir avec engagement, ce ne serait pas tendre des pièges réglementaires, puis se retrancher derrière un code de conduite.
Ce serait entendre les citoyens, corriger les absurdités, et admettre que la sécurité ne se décrète pas derrière un bureau.

Alors oui, je contesterai cette contravention.
Mais surtout, je continuerai de dénoncer cette dérive :
celle d’une ville qui parle de sécurité, mais pratique la prédation.

Et qui, derrière les uniformes et les sourires polis, a parfois bien du mal à incarner sa devise officieuse…

Protéger et servir.
Encore faudrait-il préciser qui on protège.
Et ce qu’on sert.

Ou plutôt, devrais-je dire ici :
Protéger les recettes. Servir le système.

En des temps de tromperie universelle, dire la vérité devient un acte révolutionnaire
– George Orwell

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