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Posté par le 2 juillet 2025 dans Journal de bord, Souvenirs

Éveil et Ascension : Mon long parcours vers le sommet de ma vie

Découvrez mon ascension du Mont Washington, une aventure de transformation personnelle inspirée par Martin Pigeon et un nouvel horizon de possibilités.

Chers lecteurs,

Je suis ravi de partager avec vous les détails de ma prochaine aventure : l’ascension du Mont Washington ! Situé dans les Montagnes Blanches du New Hampshire, ce sommet emblématique, culminant à 1 917 mètres, est connu pour ses conditions météorologiques extrêmes et ses vues spectaculaires.

Mais au-delà du défi physique, cette excursion représente pour moi une transformation personnelle profonde. Depuis des années, je ressens le besoin de me reconnecter avec la nature, de me distancier de la vie urbaine trépidante pour retrouver une harmonie intérieure. Cette ascension est bien plus qu’une simple aventure en montagne ; elle est le symbole d’un parcours de vie qui a commencé par un genre d’éveil existentiel en 2012.

Le Mont Washington est bien plus qu’un simple sommet. Avec son histoire riche et ses défis uniques, il attire les randonneurs et les aventuriers de tous horizons. Ce qui m’attire particulièrement, c’est la diversité des sentiers et la beauté brute de la nature environnante. Mais surtout, ce sommet représente un objectif de vie, une métaphore de la transformation personnelle que j’ai entrepris depuis ma révélation en 2012.

Une Épiphanie marquante

Laissez-moi vous confier une anecdote personnelle qui a profondément influencé ma décision de poursuivre cet objectif. À la fin de la trentaine, alors que j’occupais le poste de conseiller municipal, j’ai vécu un moment d’éveil spirituel qui a bouleversé ma vision de l’existence. En juillet 2012, lors d’un caucus d’été à l’Hôtel de Ville, je fus désigné pour accompagner ma collègue conseillère, Érika Duchêne, au salon funéraire, représentant ainsi notre parti politique, Projet Montréal.

Son conjoint de l’époque, Martin Pigeon, venait de périr tragiquement lors d’un accident de trekking au Colorado. Même si je ne l’avais croisé que par brèves occasions, je peinais à trouver ma place dans l’atmosphère de deuil qui emplissait la pièce principale. Je me sentais à la fois touché et en décalage, comme un témoin périphérique d’un chagrin trop intime pour moi.

Fuyant la lourdeur ambiante, je me suis alors réfugié dans une petite salle attenante du salon funéraire. Là, un diaporama silencieux projetait les photographies de Martin, capturant les paysages grandioses de ses nombreuses expéditions en trekking. Pendant plus d’une heure, j’y suis resté seul, absorbé par la beauté saisissante de ces scènes. Une étrange impression de destinée m’a alors envahi, comme si Martin, à travers ces images, me transmettait un dernier message. Devant cette nature presque irréelle, je me suis senti à la fois témoin et dépositaire de ce qui l’animait profondément. J’ai compris ce qui le poussait à gravir toujours plus haut : cet état de grâce qu’il atteignait là-haut, ce sentiment d’être pleinement vivant. Une joie limpide irradiait de son visage à chaque sommet conquis. Et, dans cette lumière, j’ai saisi qu’il acceptait le risque ultime… pour pouvoir toucher, ne serait-ce qu’un instant, à cette plénitude transcendante.

En route vers la cérémonie, Érika m’avait d’ailleurs confié combien Martin vivait dans l’anticipation de ses prochaines aventures, planifiées des mois à l’avance avec une minutie fébrile. Sa passion, dévorante, dictait le rythme de sa vie. Chaque nouvelle expédition, souvent plus audacieuse que la précédente, ravivait chez elle une crainte silencieuse, celle d’un accident fatal. Pourtant, au fond d’elle-même, elle savait qu’elle ne pourrait jamais le détourner de cet appel. Cette passion faisait partie intégrante de son être, aussi indomptable qu’un vent de montagne. Essayer de la freiner aurait été vain. Elle l’aimait ainsi, libre et vibrant, même au bord du précipice.

Ce moment d’intimité spirituelle avec les traces de Martin fut un véritable tournant pour moi. Il m’incita à marquer une pause dans mon existence trépidante de conseiller municipal à Montréal, à élever mon regard au-delà du quotidien et à méditer sur la vie… ma propre vie. Pour la première fois, je remettais en question mon cheminement de carrière, avec l’impression que je passais peut-être à côté de ma vie en restant confiné en ville. Moi, passionné de nature et doté d’une condition physique exceptionnelle, je dilapidais le potentiel de ma jeunesse dans un travail abstrait et, oserais-je dire, anxiogène, au cœur d’une métropole accablante. Nous évoluions dans la promiscuité de nos espaces bétonnés, éclairés par des néons blafards, respirant de l’air conditionné, les yeux rivés sur nos écrans déversant une actualité toxique, tandis que la réalité, plus belle que la moindre des œuvres humaines, se trouvait peut-être ailleurs. Je réalisais que, n’ayant jamais réellement conduit de voiture, j’étais peut-être prisonnier de ma fonction politique en ville, confiné dans un quartier que je représentais de manière transitoire, un quartier que je n’avais jamais finalement vraiment encore quitté.

Sur le chemin du retour, je n’étais déjà plus le même. Cette expérience a éveillé en moi le désir de rompre avec ma vie abstraite pour me guider vers la nature, avec pour ultime ambition de marcher dans les traces de Martin Pigeon, à la conquête des grands espaces.

Un Objectif de vie

La veille du grand départ, je me tiens encore au Québec, le cœur déjà tourné vers les hauteurs. Bien que l’appel du trekking résonne en moi depuis plus d’une décennie, depuis ce moment suspendu où, au salon funéraire de Martin Pigeon, j’ai découvert à travers ses photos la beauté saisissante de la haute montagne, ce n’est qu’au cours de la dernière année que cette aspiration s’est véritablement incarnée. Pourquoi ce long délai avant de me lancer pleinement? Sans doute parce que, fidèle à moi-même, j’avance lentement mais sûrement. Et peut-être aussi parce qu’il me manquait cette étincelle partagée pour franchir le pas.

Mon développement a toujours été fondamentalement lent, au point d’ailleurs que j’ai encore la chance de ne pas faire mon âge réel. Ma réorientation professionnelle vers l’horticulture a pris plusieurs années à s’enraciner. Mais surtout, je crois que c’est parce que j’étais encore en solo dans cette entreprise de me lancer dans la nature. Or, à l’aube de cette ascension déterminante, je suis désormais accompagné d’une partenaire d’aventure exceptionnelle. Elle partage non seulement ma passion pour le plein air, mais possède aussi une expérience précieuse à me transmettre en randonnée.

Depuis que j’ai la chance de la fréquenter, elle m’a quelquefois rappelé un proverbe chinois qui résonne profondément en moi : « Le meilleur moment pour planter un arbre était il y a vingt ans. Le deuxième meilleur moment est maintenant. » Ces mots ont trouvé un écho particulier dans mon âme. Ils symbolisent l’importance de ne pas regretter le temps perdu, mais plutôt de saisir l’instant présent pour se lancer dans l’aventure. Et suivre cette athlétique personne est un défi en soi. Cela me force justement à me remettre en forme pour simplement y arriver.

Cette nouvelle complicité a apporté une dimension inattendue à mon cheminement. Elle incarne à la fois la motivation et le soutien dont j’avais besoin pour franchir cette étape décisive. Ensemble, nous pouvons affronter les défis des montagnes devant nous, partageant nos forces et nos connaissances pour atteindre ce but commun. Et qui sait, peut-être aller encore plus loin. En sa compagnie, je retrouve un second souffle, osant même penser que j’arrive à étirer ma jeunesse.

Une lente métamorphose, jalonnée de sommets

Au fil de l’année dernière, j’ai ainsi enchaîné plusieurs ascensions marquantes qui ont jalonné ma progression vers cet objectif. Il s’agissait chaque fois d’escales où l’effort se mariait à une forme de douce complicité. Il y a d’abord eu les monts Giant et Cascade, explorés au printemps 2024 dans les Adirondacks, deux sommets emblématiques parmi les 46 High Peaks que compte ce massif, selon Dan en bottines.

pause réflective au sommet Mont Cascade dans les Adirondacks

Puis, ce fut le Mont Lafayette, dans les White Mountains, qui m’a ouvert de nouvelles perspectives.

Carl Boileau au sommet du Mont Lafayette

Au sommet du Mont Lafayette à 1600 mètres, je me sens dorénavant prêt pour entreprendre l’ascension du Mont Washington

Ensuite, j’ai relevé le défi exigeant du Sentier du Fjord, parcouru en deux jours sur 41 kilomètres, le dos chargé comme une mule.

Heureux d’avoir croisé des champignons homard sur le Sentier du Fjord. Une belle surprise au détour du sentier !

Et comment oublier l’ascension de Big Slide en plein mois de décembre, par un froid glacial de moins 25 degrés, où chaque pas gelait le souffle mais ravivait la flamme intérieure? Chacune de ces étapes, tissée dans le silence ou le partage, a renforcé ma connexion au plein air et préparé le terrain pour ce qui s’en vient.

De la Big Slide Mountain dans les Adirondacks, j’aperçois le sommet de la Giant Mountain que j’avais préalablement monté au printemps 2024

L’appel du sommet

À la veille d’un cap marquant, je m’apprête à gravir le Mont Washington, le plus haut sommet de l’Est de l’Amérique du Nord. Cette ascension représentera à la fois le point culminant physique le plus élevé que j’aurai atteint par moi-même, et un sommet symbolique : celui de mes cinquante ans. En franchissant ce col, j’aurai aussi franchi le cap d’un demi-siècle de vie.

En revenant de cette aventure, j’aurai franchi le cap de mes cinquante ans. Il y a là quelque chose de profondément symbolique. Gravir cette montagne représentera non seulement un point culminant physique, mais aussi une façon concrète et poétique de souligner tout ce que la vie m’a appris. Mes détours, mes renaissances, mes engagements. Et surtout, d’ouvrir les bras à ce qui reste à venir.

Chaque pas vers le sommet portera en lui le poids des années, mais aussi la légèreté retrouvée d’un homme qui, à ce moment précis, choisit de se réinventer. Ce n’est pas seulement une montagne que je gravirai, c’est tout un parcours intérieur que je célébrerai. Avec dans le cœur l’élan de ceux qui m’ont inspiré, le souffle de celles et ceux qui m’accompagnent, et cette conviction tranquille que les plus beaux paysages se dévoilent souvent après les sentiers les plus escarpés.

Cette ascension symbolise le plus haut sommet que j’aurai gravi par moi-même, à un moment charnière où s’achève une décennie et où une autre commence. À travers ce geste, je sens se rejoindre mes élans d’enfance et la maturité de l’âge, comme si ce sommet venait sceller un demi-siècle de vie.

Car même si les années passent, l’appel du large demeure. Le vrai sommet n’est peut-être ni derrière ni devant, mais quelque part en nous, chaque fois que l’on choisit d’avancer. Et dans cet élan, je me sens plus vivant que jamais. C’est peut-être là, au fond, le plus bel héritage de Martin Pigeon : cette manière de faire de chaque ascension une célébration lumineuse de nos vies éphémères, malgré leur fragilité intrinsèque. Il nous rappelle, par la beauté du moment, l’urgence de le vivre pleinement. Car c’est peut-être cela, le sens profond de toute ascension : se souvenir que chaque pas vers le haut est aussi un appel à cueillir l’instant présent.

Seul, on va plus vite. Ensemble, on va plus loin
– proverbe africain

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1 commentaire

  1. De toute la force de mon coeur avec toi

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