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Posté par le 17 novembre 2008 dans [inter-blogue], Politique nationale

Pour la prise en compte du vote blanc

vote blanc

C’est une constante au pays : à chaque élection, le taux de participation diminue sensiblement. D’ailleurs, si la tendance de mon petit sondage maison se maintient sur ce blogue, le «Parti abstentionniste» risque de terminer premier !?! Est-ce ici l’évocation d’un signe avant-coureur pour l’élection en cours au Québec? En tout cas, moi je suis prêt à parier que le jour du scrutin nous révèlera un taux record d’abstentions. Cependant, qu’importe la signification sociologique de cette donnée, il semble que nos dirigeants n’en n’ont rien à branler de la légitimité démocratique. Pour tous les (vieux) partis défendant le maintien de l’actuel système socio-économique, ce qui compte, c’est la victoire électorale… et qu’importerait le pourcentage.

Pourtant, dans un système soi-disant démocratique, le taux de participation est une dynamique fondamentale. Formellement, elle est l’indice de la valeur de représentativité octroyée à un gouvernement. Si bien qu’à l’heure où plusieurs penseurs politiques réclament une réforme du processus démocratique au pays, il serait temps de dénombrer le nombre réel des citoyens insatisfaits (par le choix des partis offerts). Or, à mes yeux, une simple mesure s’impose d’emblée : c’est-à-dire la prise en compte du vote blanc.

Bien sûr, nos dirigeants ne tiennent pas à donner l’option aux citoyens d’exprimer officiellement leur rejet électoral. D’ailleurs, saviez-vous que dans notre chère démocratie, il n’existe aucun vote contestataire car le vote blanc n’est pas comptabilisé. La preuve, à chaque lendemain d’élection, essayez de consulter le pourcentage exact de bulletins annulés. Et que dire aussi de cette confusion (volontaire ???) entre les bulletins annulés et ceux rejetés; nivelant ainsi le vote délibérément annulé par l’électeur à celui des bulletins rejetés par le scrutateur. De la sorte, il n’y a qu’un pas à faire pour qualifier la valeur d’un vote démocratiquement annulé à celui du papier sur lequel il est écrit.

Bref, si ne pas voter est un choix interprétable, voter blanc est un geste clairement démocratique.

Pourtant… il y a eu 40% d’électeurs qui ne se sont pas prévalus de leur droit de vote à la dernière élection fédérale. Qui plus est, ce désintéressement pour l’action démocratique (sans jeu de mots) est encore plus marqué chez la jeunesse. Franchement, il y a un gros malaise social qui couvre… et nos dirigeants préfèrent maquiller son expression plutôt que de prendre acte de sa manifestation. À moins que, justement, ce déficit démocratique ne les dérange simplement pas.

« La stagnation et le désenchantement envers la politique font l’affaire des élites économiques qui ne désirent pas qu’une pression populaire éclairée opère des changements socio-économiques qui pourraient diminuer leur puissance. Elles préfèrent le statu quo et l’ignorance de la populace. Ainsi, elles peuvent agir à leur guise tout en maintenant leur main mise sur le pouvoir politique. »
-Jimmy St-Gelais (ici, dans son dernier article, Nous avons les politiciens que nous méritons)

En définitive, afin de contrer la dérive totalitaire de nos gouvernements, l’inclusion officielle du choix blanc (aucun candidat) sur les bulletins de vote serait une bonne mesure démocratique. Puis, dans une logique plus radicale encore, un certain seuil de votes blancs pourrait même invalider le résultat de l’élection. De quoi ainsi forcer «nos» politiciens à vraiment s’attarder aux solutions réelles qu’exige l’avenir.

Évidemment, la mise en place de cette mesure ne sera jamais appliquée par les vieux partis… tout comme la réforme du vote de scrutin d’ailleurs. Ensuite, la triste vérité «démocratique», c’est que malgré leur désabusement, les Québécois éliront vraisemblablement le PLQ majoritaire; de surcroit… avec un mandat aux relents adéquistes! Finalement, peut-être que Jimmy à raison lorsqu’il affirme que nous avons les politiciens que nous méritons.

Alors, en attendant une révolution démocratique, je vais profiter de ce billet pour vous lancer un ballon. En effet, blogueurs, que penseriez-vous de l’idée d’afficher un mouvement : le 8 décembre, les blogueurs du Québec disent NON à l’élection (de M. Charest) ?

Effectivement, dans un contexte où nous faisons face à un prolongement de cinq années de l’arrogant régime libéral, il faudrait peut-être évaluer réalistement notre marge d’action en terme de blogueur. Or, si l’actuelle coalition anti-Charest semble être non avenue, je suis convaincu qu’une coalition abstentionniste frapperait davantage l’imaginaire collectif. Alors, qu’en pensez-vous ? Seriez-vous prêt à vous départir ouvertement de votre préférence électorale afin d’envoyer un message collectif dans les médias? Ce message, dont les avant-gardistes blogueurs Québécois rejettent le sens (et l’éventuel résultat) de cette inutile élection.

Personnellement, de mon côté, j’ai toujours voté, car c’est pour moi un principe fondamental de le faire. Mais autant mes choix sont clairs aux niveaux fédéral (Bloc) et municipal (Projet Montréal), autant je suis toujours hésitant quant à l’issu de mon vote au niveau provincial. :???: Alors, à moins que vous mettiez de l’air dans le ballon ci-haut, je dois tout de même vous avertir que mon choix électoral est fait depuis quelques jours. En ce sens, je révèlerai bientôt l’explication de ce processus. D’ici là, vous pouvez toujours tenter de deviner mon choix, en vous basant, ici, sur l’historique de mon vote.

Ce qui compte ce n’est pas le vote, c’est comment on compte les votes.
Joseph Staline

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3 Commentaires

  1. Intéressant de voir ce genre de proposition apparaître sur un blog québécois. Il manque énormément d’audace dans notre système démocratique et trop peu d’individus sont intéressés à y réfléchir vraiment. D’un point de vue psephologique toutefois, le vote blanc reste à mon sens à classer dans la catégorie recul plutôt qu’avancée, car il berne l’électeur à penser qu’il n’a pas à faire de compromis sur sa position « idéale » et individuelle lors d’une élection. En réalité, l’absentionniste politique s’abstient essentiellement parce qu’il n’a pas l’impression de soumettre la bonne information à la collectivité par son vote. Il se sent donc corrompu par le média. Le problème est donc un problème de système, problème de système qui est soit lié au mode de scrutin, soit à la capacité des acteurs à formuler une « offre » politique adaptée aux besoins ou encore soit à la nature de la démocratie représentative elle-même.

    Tel que proposé, le vote blanc serait une sorte de trappe à idéalistes, peu importe qu’on soit dans un système pluralitaire, préférentiel ou proportionnel. N’empêche, il y a beaucoup de gens dans notre société qui prônent l’abstention politique. Ces gens ont tendance à se faire plaisir en s’imaginant que les abstentions sont majoritairement de nature politique. Ils confondent ainsi leur cynisme envers la conjoncture politique et/ou la démocratie représentative avec le cynisme envers le politique. Un vote blanc permettrait au moins d’obtenir une information de plus, en invitant les cyniques de la première catégorie à se distinguer des autres. Les entrepreneurs politiques qui voudraient vérifier la pertinence de formuler une nouvelle offre pourraient alors mieux peser la « demande ». Partant de cette logique, on pourrait aussi imaginer une banque de codes qui permettraient à chaque « club abstentionniste » d’ajouter davantage d’information quand à la nature de son abstention.

    Finalement, je vois un désavantage dans le vote blanc qui me semble être sous-estimé. Dans le mode de scrutin uninominal à un tour, les tiers partis sont lourdement désavantagés par rapport aux deux partis dominants (Duverger), contrairement à ce que l’on peut voir dans un scrutin préférentiel. Ce n’est pas pour rien, par exemple, qu’il y a plus de partis sérieux en France qu’au Québec. Le simple fait d’ajouter un tour change beaucoup de chose d’un point de vu mathématique et économique. Ici, les tiers partis émergent souvent grâce à l’accumulation de votes de protestation. Si le vote de protestation est canalisé par l’option vote blanc, cela signifie qu’il sera plus difficile pour un tier parti de faire compétition aux grands et donc que le système dans son ensemble sera moins efficace puisque sa principale faiblesse réside justement dans le fait que les tiers partis n’arrivent pas à émerger, ce qui ne permet pas une saine compétition sur le plan des idées avec les partis dominants.

    Pour ce qui est de l’option non à Charest, ça fait ABC pas mal… Il me semble qu’appeler ça une campagne d’abstention, ce serait de la récupération politique de la même nature que celle que font ceux qui prétendent que les abstentionnistes sont tous des prolétaires révendiquant consciemment ou non la fin du système capitaliste et de la démocratie parlementaire. Bref, à mon avis, campagne négative et abstentionnisme ne font pas bon mélange…

  2. Hello ! Juste pour le plaisir de t’encourager dans cette voie car je crois que nous sommes nombreux à réclamer la prise en compte du bulletin blanc. Contrairement à ce qu’il est dit dans le commentaire précédent, il y a évidemment un impact, celui de la démonstration par le vote blanc du caractère non-représentatif des candidats. Je crois que la prise en compte du vote blanc devait imposer un changement de candidats jusqu’à élection d’une personne réellement représentative au vu des suffrages exprimés. Enfin, cela permettrait que les politiques n’envisagent plus la politique comme un METIER mais plutôt comme une charge symbolique assumée pour le bien de l’intérêt général et non des intérêts particuliers, à commencer par le leur !

  3. L’idée n’est pas mauvaise – étant moi-même indécis pour cette élection – mais il y a un problème. Tu l’as dit toi-même: le vote blanc n’est pas compté ici et n’a donc aucune influence. Donc, ça n’aurait aucun impact malheureusement. Mais l’idée est bonne. En tout cas, moi, personnellement, j’aimerais qu’on change de mode de scrutin. Le nôtre est poussiéreux et plus du tout adapté depuis la fin du bipartisme…

    Alex| lire ici le dernier article de son blogue: Vengeance sur les pubs

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