Des Oiseaux et des hommes : Un rêve allégorique
En psychologie, je suis surtout tenant de l’école cognitive, c’est-à-dire que je considère le cerveau comme un gros ordinateur biologique. De la sorte, en me réveillant le matin, il m’apparait toujours opportun d’analyser mes rêves afin d’y comprendre quelques préoccupations de mon inconscient; cette information personnelle traitée par le cerveau au repos. Peu importe, durant ma première nuit dans le nouvel appartement d’Anne-Marie, j’ai fais un rêve que je qualifierai de symbolique, soit vraisemblablement un rêve illustrant ma révolte envers le néolibéralisme.
Mon rêve commence donc ainsi : je suis dans la cour de la Coop La Loge, un endroit où j’ai habité dans mon enfance. Évidemment, je suis dans cette période de ma vie. Dans la ruelle, un jeune voisin s’amuse alors à fracasser sur le ciment des oiseaux vivants en chaîne; tel un mantra, à chacun de ses meurtres, ce dernier s’exclame le mot «FUNNNNN» à lui-même. C’est un adolescent très grand, presque obèse aussi, il semble trisomique et parle une langue que je ne comprends pas; mais surtout, il prend manifestement beaucoup de plaisir à tuer ses oiseaux (Avec du recul, je réalise qu’il est exactement à l’image de Lennie dans le film, Des souris et des hommes). Car oui, se sont bien ses oiseaux : dans sa cour, il y a une dizaine de cages avec des oiseaux tous aussi rares qu’exceptionnels ; je reconnais d’ailleurs des oiseaux que je n’ai jamais vus (des perroquets, un cardinal et un Harfang des neiges). Le voisin ne comprend pas la valeur de ces oiseaux, il semble les considérer comme des vulgaires poulets; mais encore là, l’idée de gratuitement tuer par plaisir me scandalise.
Sur le coup, je veux casser la gueule à ce forcené et mettre fin à ce carnage, mais en me rapprochant de lui, je m’aperçois qu’il est tout ensanglanté … puis, il me regarde d’un air dément, comme si j’étais moi-même un oiseau; je prends peur et fais ainsi demi-tour.
En urgence, je rentre dans ma maison pour faire le 911, ma mère s’interpose, elle me dira que ce sont SES oiseaux à lui, et que la loi protège la liberté de ce qui nous appartient. Je suis révolté : personne ne fait rien, personne ne veut protéger la vie de ces oiseaux, la loi protège aveuglément les stupides assassins.
Je prends ainsi mon courage à deux mains, puis décide d’utiliser la voie diplomatique : cela ne me tente pas, mais je n’ai pas le choix, je dois conscientiser ce voisin afin d’arrêter ce massacre en chaîne. Choqué, je le questionnerai sur un ton accusateur, mais familier, en faisant attention toutefois de ne pas utiliser de qualificatif disgracieux à son égard : «pourquoi tu fais ça?, ce te donne quoi ?». Ce dernier me répondra : «it’s so fun!». Alors, je décide de lui expliquer la valeur de ses oiseaux, que chacun à un nom, que chacun est différend, qu’il faut essayer de comprendre les animaux, puis que le Harfang des neiges est un symbole du Québec… que ce spécimen est peut-être le dernier sur terre. Le voisin répondra «COOOOOL», comme si l’idée de tuer le dernier spécimen d’une espèce était encore plus plaisant.
À ce moment, j’aperçois dans le ciel un jeune faucon pèlerin. La coïncidence est forte, je n’ai jamais vu cet oiseau; cela doit être un signe du destin pour conscientiser le voisin. L’oiseau ne semble pas encore maîtriser le vol ; il est manifestement vulnérable. En trombe, je vais chercher mon filet à papillons, je veux capturer le faucon avant le voisin, puis par l’opération, je vais essayer de lui transmettre en même temps ma passion des oiseaux (je ne savais pas que j’étais passionné par les oiseaux). L’oiseau est haut dans le ciel, mais j’attirerai son attention avec des mots teintés de compréhension; l’oiseau décide de me faire confiance et se laisse attraper au sol. Tel un enfant au comportement de 5 ans, le voisin est vraiment excité, hystériquement, en criant il dit vouloir toucher l’oiseau ; manifestement, il essaye de prendre le faucon capturé. Je tente alors de faire diversion en parlant de la nature du faucon pèlerin et de son rôle biologique, mais mon voisin n’écoute pas, il n’en n’a que pour AVOIR cet oiseau.
Cet alors que Claude Jourdain, un parent de l’appartement # 6 de la Coop, me dira que je n’ai pas le droit de garder cet oiseau… car je n’ai pas de permis de chasse. Ce à quoi mon voisin répondra que son père, lui, à un permis de chasse… et donc que cet oiseau lui appartient. En me repoussant violemment, c’est ainsi que le voisin subtilisera sans ménagement le faucon. Je me sens incompris et impuissant. Par dépit, j’essaye de me convaincre que ce voisin prendra soin de cet oiseau… que j’ai quand même dû, quelque part, réussi à le conscientiser un peu.
D’être hanté par mes vieilles obsessions, cela me rassure. Mieux vaut un cauchemar apprivoisé que la blessure à vif d’un souvenir récent.
-Daniel Sernine
C’est franchement profond. On sent bien que c’est bourré de messages. J’ai aussi pris pour habitude de me concentrer sur mes rêves. Ils confirment souvent ce dont je me doutais. C’est un bon outil pour apprendre à mieux se connaître.
Nayrus| lire ici le dernier article de son blogue: Inceste