« Wiki Wars » | Les fenêtres d’une guerre fondamentale
Vous l’avez probablement lu, un simple étudiant dénommé Virgil Griffith à eu le génie de créer le Wikiscanner, un logiciel en ligne qui permet d’identifier les adresses IP des contributeurs de l’encyclopédie Wikipédia. Or, voilà que ce logiciel nous révèle plusieurs exemples explicites de manipulation politique sur Wikipédia. De la sorte, si nous savions déjà que l’encyclopédie libre dérangeait l’ordre établi, nous avons maintenant la preuve que plus aucune entité n’ignore Wikipédia comme référence collective. Et cela… c’est une victoire historique des forces progressistes dans le monde.
En effet, face à la convergence médiatique, l’information y était, théoriquement, de plus en plus contrôlée par des intérêts corporatistes (dans la logique capitaliste, « l’information » dessert principalement l’objectif de vendre… et nivèle ainsi l’intelligence collective vers le bas). Si bien que les arrivées d’Internet, du courrier électronique, de Google puis de Wikipédia auront considérablement changé la donne depuis. Or, bien que sur Wikipédia, des batailles d’éditions font rage sur la teneur de certains sujets, ces démêlés sont finalement publiques, voire dorénavant transparentes avec Wikiscanner. Subséquemment, Wikipédia aura obligé des forces de l’ombre à « jouer » démocratiquement sur notre terrain, celui de l’intérêt public et de la recherche de vérité.
Ainsi, avec Wikipédia, j’affirme que l’humanité se rapproche certainement d’un idéal politique : soit, celle d’une civilisation universelle prenant fondement dans la libre circulation de l’information (afin de partager nos ressources collectives équitablement).
En effet, pour moi, il va de soit qu’en légalisant le libre partage des connaissances entre ses composantes (donc moi et vous qui me lisez présentement), l’humanité ne pourra que développer davantage son intelligence globale… ce qui concrètement favorisera notre potentiel en tant qu’espèce. À titre d’exemple, si nous décidons de considérer les idées supérieures aux individus (en éliminant par exemple les droits d’auteurs), ce sera enfin de compte positif pour tout le monde. En effet, imaginez dix personnes dans une pièce; chacune de ces personnes possède une idée unique et un objet unique. D’abord, elles échangent leur objet, un peu au gré du hasard. Finalement, elles se retrouvent chacune avec un objet; comme avant l’échange. Ensuite, elles décident de s’échanger leur idée… et là, miracle, elles se retrouvent toutes plus riches de neuf idées nouvelles! Ainsi, le partage de points de vue différents rend possible un enrichissement exponentiel de la connaissance. C’est ça, la magie de la communication… c’est ça le principe à la base de Wikipédia. Or, il est incontestable que les mécanismes de délibération sur Wikipédia permettent de constamment améliorer le fruit du travail de l’ensemble.
Cependant, pour les forces conservatrices de l’ordre établi (les ordres marchands, militaires et religieux de ce monde), l’information et le savoir en découlant doivent fondamentalement être contrôlés (et donc ralentis). En effet, ces sectaires systèmes d’organisation assoient leur pouvoir via l’ignorance des populations qu’elles dirigent. Or, voilà justement ce qui inquiète ces forces détractant Wikipédia… car l’encyclopédie libre amène aussi l’ouverture des outils du pouvoir à plus de gens qu’auparavant. De la sorte, peut-être assistons-nous ici à une révolution : celle où les logiques «démocratique-scientifiques-écologiques-humanitaires» supplanteront, en tant que vecteurs de développement, les logiques conservatrices de contrôle (et de stagnation).
Ici, un clip virtuel (Pravin Lal) extrait de mon jeu vidéo culte : Sid Meier’s Alpha Centauri. Effectivement, au cours de mes prochains textes, je reviendrai souvent avec des références issues de ce jeu totalement génial; un jeu qui s’avère aussi un visionnaire simulateur politique.
D’ailleurs, ces pseudo élites tournant autour de l’axe idéologique néolibéral, doivent-elles vraiment être qualifiées d’élite? Sincèrement, je ne pense pas. Quant à moi, si l’élitisme est la sélection de l’excellence, il n’a rien d’élitiste à restreindre le partage de la connaissance afin de maintenir le pouvoir. Effectivement, si l’émergence d’une population davantage instruite est une menace pour les dirigeants actuels… c’est que ces dirigeants, justement, ne sont pas réellement les élites de l’humanité? D’autre part, si l’évolution est une amélioration globale de nos qualités, il faut croire que les actuels dirigeants (dépourvus de vision globale) n’inscrivent pas la marche de l’humanité dans une logique d’évolution. Alors, où donc tout cela nous mène?
Histoire d’imager mon exemple ici, prenons l’analogie d’un vaisseau spatial; et comparons cette entreprise à l’évolution de l’humanité. Ainsi, je qualifierais nos pilotes comme n’ayant aucune idée de la direction que le vaisseau doit prendre…. puisqu’ils ne sont pas autorisés à diriger. Or, leur sélection étant du à leur combativité d’intégrer le pont des officiers plutôt qu’à leur réelle habileté à naviguer, ces derniers ne se posent plus vraiment de question sur la destination du vaisseau. Ils sont d’ailleurs bien plus préoccupés à protéger leurs privilèges via le statut conféré de leur poste plutôt que par la raison fondamentale de leur fonction. Pire, s’identifiant avant tout à leur égo individuel (la dimension justifiant leur statut), ces dirigeants banalisent la dimension écologique du vaisseau (l’ensemble). Ainsi, ils négligent son entretien, se souciant peu de la maintenance des végétaux de la serre, qui servent pourtant à produire l’oxygène. Pire, ils préfèrent égoïstement transformer les arbres de la serre en richesse économique plutôt que d’assurer le développement durable des espèces de la serre.
Suivant cette analogie, donc, permettez-moi donc de penser que nos dirigeants, malgré leur torse bombé de médailles dorées, ne sont finalement que des simples valets appliquant bêtement la doctrine d’un système fou, plutôt que des entités sélectionnées par leur intelligence morale et collective.
Maintenant, posons-nous la question, mais quelle est donc la logique de ce système ayant mis pareils « dirigeants » à notre direction ? Ainsi, se pourrait-il que le « système » moule la sélection de nos « chefs » selon certains paradigmes idéologiques:
- La recherche inexorable du profit à tout prix (capitalisme) : un canevas reléguant l’environnement secondaire.
- La recherche de domination à tout prix (militarisme) : un canevas reléguant la justice et la démocratie secondaire.
- La recherche de contrôle à tout prix (conservatisme et religion) : un canevas reléguant la réalité scientifique secondaire.
Bref, n’ayons pas peur des mots : entravant notre évolution… et compromettant même notre survie en tant qu’espèce, le néolibéralisme et la religion sont présentement les fléaux de l’humanité. Pourtant, la prise de conscience de notre dimension écologique comme premier fondement de valeur, c’est-à-dire l’émergence de l’intelligence collective terrienne, pourrait devenir le nouveau paradigme de développement pour corriger l’orientation de notre évolution.
Bon, c’était l’envolée spatiale de mon sujet… revenons sur terre maintenant. Pour revenir à Wikipédia, donc, je me permettrai quand même de lui faire une petite critique. En effet, je suis en accord avec le commentaire de cet internaute ici, lu sur Rue89.
L’encyclopédie libre aurait du s’en tenir aux choses de la connaissance « universelle », et non aux détails factuels de l’actualité, comme de vagues personnalités politiques (ou autres), qui seront oubliés dans quelques années. À l’origine, Wikipédia était sensée être une « encyclopédie », et en tant que telle, la création de notice bibliographique de gens encore vivants, ou de sociétés, dépasse les objectifs premiers
De la sorte, en permettant à tout le monde de modifier les articles de personnes vivantes (à des fins partisanes), Wikipédia en arrive à devenir aussi un terrain de bataille politique. Or, il me semble que cet aspect est trop subjectif pour être mêlé au sujet de connaissance pure; d’autant plus que cette dynamique demeure aussi une juridique boîte de pandore compromettant l’ensemble de ce magnifique projet (le dernier volet en date au Québec étant le salissage du politicien Zampino sur Wikipédia). Ainsi, quoique nous pouvons maintenant identifier les auteurs de modifications avec le Wikiscanner (permettant tout de même d’améliorer la fiabilité de l’encyclopédie), il devrait avoir sur Wikipédia un clivage marqué entre les zones de « savoir pur » du domaine scientifique et celles des « connaissances subjectives » de la politique.
Cela dit, il est toutefois socialement très avantageux d’avoir un endroit « wiki » pour révéler des informations d’intérêt public sur « nos » politiciens. En effet, les citoyens libres d’une démocratie sont en droit d’exiger intelligence, honnêteté et transparence de la part de leur dirigeants. Et parce que fondamentalement, nous nous jugeons tous les uns les autres, des fiches Wikis sur des personnalités publiques ne sont finalement qu’une extension logique de cette dynamique sociétale. Alors, oui, il faut favoriser la liberté d’expression avec la révolution Wiki; mais garde à vous tout de même…si vous dites n’importe quoi, vous devrez assumer vos propos votre vie durant.
Justement, parlant d’un politicien qui ne veut pas assumer les conséquences de ses actions malhonnêtes et de ses propos autant arrogants que stupides, le Wikiscanner aura révélé plusieurs modifications dans la bio de Patrick Balkany (le controversé maire UMP de Levallois-Perret sur lequel j’ai consacré un article en juillet dernier). En effet, avec plus de 100 modifications concernant la ville et son maire, Levallois est l’organisme trônant en tête du championnat de vandalisme sur Wikipédia francophone. Rappelons donc au passage, que dans son palmarès, M. Balkany a été condamné en 1996 pour prise illégale d’intérêts. Mais c’est en supprimant systématiquement la référence au canular vidéo des Yes Men (dans lequel il avait affirmé que « les pauvres vivaient très bien ») que M. Balkany démontre clairement l’idéologie que nous confrontons. En effet, pour ces valets du système, la gestion de l’image est plus importante que l’honnêteté, l’intelligence et la vérité (ces idiots-là ne sont simplement pas à leur place). Or, voilà que dorénavant, le Wikiscanner obligera ces professionnels de l’image à faire plus attention à leur propos. Est-ce dire ici que Wikipédia responsabilisera davantage les politiciens dans leurs actions ?… en tout cas, je l’espère.
Balkany : pas de pauvres en France
En terminant, dites-vous que le savoir humain n’appartient à personne… si ce n’est à l’humanité elle-même. À partir de là, nous devons faire preuve d’humilité devant Wikipédia. D’ailleurs, je vous conseille, d’aller sur l’encyclopédie libre écrire des contributions dans vos sujets de prédilection. Puis, imaginez aussi le plaisir de mettre au monde une nouvelle fiche. Car oui, une nouvelle fiche, c’est d’abord un début, un départ, une aventure collective chaque fois renouvelée… jusqu’à en perdre souvent la mémoire de son origine. L’expérience en vaut le coup… surtout lorsque vous constaterez que votre savoir individuel se fondra, anonymement, dans le grand tout de la connaissance humaine.
Maintenant, comprenez bien l’étendue de l’énergie collective et du temps perdu si Wikipédia arrivait à s’effondrer sous le coup des attaques juridiques de quelques forces obscures (de mon côté d’ailleurs, c’est plusieurs heures à simplement vous mettre ici des hyperliens vers Wikipédia; une énergie consacrée à vous faire gagner du temps dans vos recherches de définition). À ce moment-là, groupe, si cette situation catastrophique se concrétisait… nous devrons alors nous rebeller contre un système, qui manifestement, ne favorise pas l’évolution de l’humanité.
Le mouvement, par nécessité, implique une perspective de changement… et parce que le monde est constamment en mouvement, les systèmes sociétaux doivent toujours, un jour, se révolutionner… si ce n’est que pour simplement avancer.
– Moi-Même
Wikipédia : une nuisance pour les politiciens
Florence Turpault-Desroches, Technaute.ca
08 mars 2009
La populaire encyclopédie sur le web Wikipédia nuirait à la réputation des politiciens, en diffusant de fausses informations. De plus en plus de lecteurs qui, en s’inscrivant, peuvent modifier librement les articles, s’amuseraient à vandaliser les pages de personnalités connues.
Pour en savoir plus
Barack Obama | Britney Spears | David Cameron | Jimmy Wales | Stephen Harper
Alors que plusieurs personnes s’appliquent à diffuser des informations pertinentes sur des sujets variés, certains des 2,7 millions de lecteurs de l’encyclopédie, y insèrent de fausses données, parfois par mégarde, mais parfois délibérément.
Un article de la BBC cite en exemple la page de l’homme politique britannique David Cameron. Dans un texte vu 72 441 fois durant le dernier mois, il est inscrit que le père de Mr Cameron, un «véritable aristocrate», lui aurait littéralement acheté le Parti conservateur au Royaume-Uni, dont il est le chef depuis 2005.
Sur la page du chef des libéraux démocrates au Royaume-Uni, Nick Clegg, vue 8589 fois durant le dernier mois, on pouvait lire récemment qu’il était un libéral «insignifiant» («namby pamby liberal»), un homme profondément moralisateur, qu’il avait couché avec plus de 3000 femmes et qu’il avait été membre du groupe de rap Wu-Tang Clan.
Fausses, sournoises et complètement biaisées, ces informations sont normalement retirées en l’espace de quelques heures par les administrateurs de Wikipédia, qui craignent que l’encyclopédie ne perde de sa crédibilité. Certaines de ces pages sont parfois verrouillées ou un bandeau y est ajouté, indiquant que «la forme ou le fond de cet article est à vérifier.»
Quelques pages qui ont subi du vandalisme de façon répétée, ou qui parlent de personnes connues, sont cependant davantage surveillées par les responsables de Wikipédia. Les utilisateurs anonymes ne peuvent pas librement apporter de changements aux textes diffusés sur ces pages. Barack Obama, Stephen Harper, Britney Spears ou encore Céline Dion font entre autres partie des privilégiés.
Éventuellement, les modifications faites par les internautes pourraient également être modérées à priori par un administrateur sur toutes les pages de Wikipédia, explique le fondateur du site Jimmy Wales. M. Wales croit qu’une telle mesure accroîtrait l’exactitude des informations diffusées sur le site, mais qu’elle susciterait assurément la colère de plusieurs internautes, qui y verraient une forme de censure.