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Posté par le 6 juin 2018 dans [avis de décès], Journal de bord

À la mémoire de Jean-Pierre


Et voilà, nous sommes revenu de notre dernier moment collectif avec Jean-Pierre Douville, du moins, son souvenir. Et d’ailleurs, cette cérémonie d’adieu au salon funéraire fut paradoxalement un merveilleux moment; tellement, que s’il m’arrivait de mourir subitement, j’aimerais que mon ultime moment s’en inspire.

Maintenant que Jean-Pierre est mort, je réalise aujourd’hui qu’il fut pour moi une figure paternelle importante au courant de ma vie… une figure dorénavant sublimée dans une partie de ma conscience qui me suivra tout au long du chemin qui me reste encore à faire.

À l’origine, JP était l’un des amis de mon père biologique. Par le croisement des rencontres dans leur culture commune, il finit par devenir le conjoint de ma mère, puis le père de ma sœur Marika. Suivant une directive de Jean-Pierre datant au plus profond de ma jeunesse, je dis bien ici « ma sœur » en parlant de Marika (plutôt que de demi-sœur), car pour lui, cela représentait une volonté de former une famille… malgré le chaos inhérent à notre environnement d’origine (Le Plateau-Mont-Royal artistique des années 70-90).

Psychorigide, introverti et plutôt analytique, Jean-Pierre ne fut pas un homme accessible. Mais il était toutefois capable de donner de bon conseil, voire d’avoir des élans de générosité lorsque cela pouvait être déterminant. Concrètement, il a redonné à ma mère la possibilité de se reconstruire (après le désastre de son mariage avec mon père) et il a aussi financé les études universitaires de ma sœur (qui est depuis devenue une grande avocate). Pour ma part, il m’a hébergé deux fois plutôt qu’une. La première fois lorsqu’il m’a recueilli plus d’un an après mes « démêlés » avec mon père alcoolique durant la fin de mes études secondaires (ma mère habitait alors à Vancouver). Puis dernièrement, je suis revenu boucler la boucle dans ce même logement du Mile-End afin de terminer mes études en Horticulture. À cet effet, bien que je n’aie pas réussi à trouver le bon timing pour lui dire adieu en personne durant ses soins palliatifs, je fus tout de même l’un des derniers à pouvoir le côtoyer au quotidien en habitant avec lui dans le dernier droit de sa vie.

Jean-Pierre Douville

Pour l’instant, je n’ai aucune idée de l’identité du photographe ayant portraitisé ici Jean-Pierre (une photographie ayant à l’origine servie pour mettre à l’endos des livres qu’il a écrits). Mais bon, puisque c’est aussi la photo de lui ayant aussi été utilisée durant l’ultime cérémonie à sa mémoire, j’ai jugé que c’était la plus pertinente à intégrer dans ma série PhotoChrome.

Avec du recul, malgré sa peur face à la mort qu’il voyait arriver, je crois que Jean-Pierre a tout fait pour « réussir » sa mort. Mon dernier passage dans son logement est en quelque sorte l’héritage qu’il m’a légué; or je lui ai serai éternellement reconnaissant de la conversion de cette expérience vers mon nouveau métier d’horticulteur. Et si je n’ai jamais réussi à le remercier en personne et lui dire à quel point je l’aimais, je pense qu’au fond de lui et savait très bien la nature de mes sentiments à son égard.

À Montréal, le 20 mai 2018, Jean-Pierre Douville nous a quittés, courageusement et sereinement; il était alors entouré de l’amour de sa famille immédiate et sa conjointe.

Sa mémoire peut se rassurer que grâce à lui… il nous reste encore notre famille.

Merci pour tout Jean-Pierre… je ne t’oublierai jamais

« Pour réussir un projet, il faut savoir taper sur un seul clou à la fois »
-Jean-Pierre Douville

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