La sexualité des punaises des lits
Un texte tiré de Bernard Werber dans L’encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu:
De toutes les formes de sexualité animale, celle des punaises des lits (Cimex lectularius) est la plus stupéfiante. Nulle imagination humaine n’égale une telle perversion.
- Première particularité: le priapisme.
La punaise des lits n’arrête pas un instant de copuler. Certains individus ont plus de deux cent rapports par jour.
- Seconde particularité: l’homosexualité et la bestialité.
Les punaises des lits ont du mal à distinguer leurs congénères et, parmi ces congénères, elles éprouvent encore plus de difficultés à reconnaître les mâles de femelles. 50 % de leurs rapports sont homosexuels, 20 % se produisent avec des animaux étrangers, 30 % enfin s’effectuent avec des femelles.
- Troisième particularité: le pénis perforateur.
Les punaises des lits sont équipées d’un long sexe à corne pointue. Au moyen de cet outil semblable à une seringue, les mâles percent les carapaces et injectent leur semence n’importe où, dans la tête, le ventre, les pattes, le dos, et même le coeur de leur dame ! L’opération n’affecte guère la santé des femelles, mais comment tomber enceinte dans ces conditions? D’où la vierge enceinte.
- Quatrième particularité: la vierge enceinte.
De l’extérieur son vagin paraît intact, et pourtant elle a reçu un coup de pénis dans le dos. Comment les spermatozoïdes mâles vont-ils alors survivre dans le sang ? En fait, la plupart seront détruits par le système immunitaire, tels de vulgaires microbes étrangers. Pour multiplier les chances qu’une centaine de ces gamètes mâles arrivent à destination, la quantité de sperme lâché est phénoménale. A titre de comparaison si les mâles punaises étaient dotés d’une taille humaine ils expédieraient trente litres de sperme à chaque éjaculation. Sur cette multitude un tout petit nombre survivra…. Au printemps, tous les spermatozoïdes guidés par l’instinct se rejoignent autour des ovaires, les transpercent et s’y enfoncent. La suite du cycle se poursuivra sans problème aucun.
- Cinquième particularité: les femelles aux sexes multiples.
À force de se faire perforer n’importe où par des mâles indélicats, les femelles punaises se retrouvent couvertes de cicatrices dessinant des fentes brunes cernées d’une zone claire semblables à des cibles ! La nature a encouragé ces coquineries en engendrant d’étranges adaptations : les filles punaises se sont mises à naître nanties de taches brunes auréolées de clair sur leur dos. A chaque tache correspond un réceptacle, « sexe succursale » directement relié au sexe principal.
- Sixième particularité: l’autococufiage.
Que se passe-t-il lorsqu’un mâle est perforé par un autre mâle ? Le sperme survit et s’enfonce comme à son habitude dans la région des ovaires. N’en trouvant pas, il déferle sur les canaux déférents de son hôte et se mêle aux spermatozoïdes autochtones. Résultat : lorsque le mâle passif percera, lui, une dame, il lui injectera ses propres spermatozoïdes mais aussi ceux du mâle avec lequel il aura entretenu des rapports sexuels.
- Septième particularité: l’hermaphrodisme.
Les mâles punaises ont, eux aussi, muté. En Afrique, vit la punaise Afrocimex constrictus dont les mâles naissent avec de petits vagins secondaires dans le dos pour encourager les rapports homosexuels bien que ces vagins ne soient pas féconds.
- Huitième particularité: le sexe canon qui tire à distance.
Certaines espèces de punaises tropicales, les antochorides scolopelliens en sont pourvues. Ainsi lorsqu’un mâle aperçoit une femelle à quelques centimètres de lui, il vise de son pénis les cibles-vagins dans le dos de la demoiselle. Le jet fend les airs, et la puissance de ces tirs est telle que le sperme parvient à percer la carapace plus fine à cet endroit.