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Posté par le 18 novembre 2009 dans Politique municipale, Projet Montréal

Réjouissance et inquiétude: le comité exécutif de Montréal s’ouvre à Projet Montréal

Richard Bergeron active quelques billes pour Montréal!

Richard Bergeron active quelques billes pour Montréal!

C’est une victoire pour Projet Montréal, c’est un grand jour pour les Montréalais. Pour une première fois dans l’histoire de la Ville de Montréal, deux élus issus des partis d’opposition siègeront dans l’influant comité exécutif (l’équivalent du conseil des ministres). De la sorte, le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, se voit confier des fonctions cruciales à l’exécutif: soit le plan d’urbanisme et la mise en valeur du territoire. À ce titre, il aura un rôle d’avant-plan dans le projet de l’échangeur Turcot, l’autoroute Bonaventure et d’autres projets métropolitains (la mise en valeur de l’entrée maritime!?!)… de quoi orienter le développement de notre métropole dans l’esprit de Projet Montréal.

Toutefois, nonobstant la mise en avant du programme urbain de mon parti politique, c’est aussi un grand pas pour l’évolution des mœurs démocratiques au pays. En effet, le partage des responsabilités « ministérielles » entre des membres de plusieurs partis est une petite révolution au pays. Or, cette approche collaborative de la politique amène à concevoir, finalement, une nouvelle façon de pratiquer le genre. Ainsi, plutôt que de s’encastrer dans des dualités partisanes qui ne servent que des intérêts sectaires, il se démontre maintenant possible d’organiser la classe politique au service de la société et du bien commun. Or, se pourrait-il que «l’exemple montréalais» soit le premier signe d’une véritable réforme des instances démocratiques et de la culture en gouvernance politique au pays?

Un conseil municipal plus efficace, plus responsable, plus transparent et plus imputable

Si la marque de commerce de Projet Montréal est bien le modèle de développement durable qui découle de la bonification des transports et du réaménagement de l’espace public, la démocratie participative est aussi à la base de notre fondation. Ainsi, la volonté du maire Tremblay de confier davantage de responsabilités aux commissions est une autre victoire morale pour ma formation politique. « À terme, les commissions doivent devenir un lieu d’analyse, de réflexion et de recommandations sur des dossiers à être acheminés au comité exécutif », disait Gérald Tremblay lors de la présentation du nouveau comité exécutif. Par ailleurs, le maire de Montréal souhaite aussi que ces instances rendent maintenant des comptes et étudient de façon plus minutieuse les dossiers dont elles ont la charge, notamment l’attribution de contrats. (Cela signifie que des commissions du conseil auraient pu étudier des contrats comme celui des compteurs d’eau avant plutôt qu’après la décision, ce qui aurait pu éviter le fiasco qu’on a connu). D’autre part, le maire Tremblay  a d’ailleurs confié un premier mandat à la commission de la présidence, soit celui de réfléchir à des façons de rendre plus transparent le processus de décisions à l’hôtel de ville.

Le nerf de la guerre

Dans l’ancien modèle, la source de plusieurs problèmes émanait de la structure même du comité exécutif; je me plaisais même à dire que cette instance institutionnalisait de facto la corruption. En effet, en concentrant tous les réels pouvoirs à Montréal, et surtout, en siégeant à huis clos, le comité exécutif n’avait aucun compte à rendre à personne. Ainsi, lorsque venait le temps d’octroyer des contrats, fallait-il s’étonner que ceux-ci soient attribués sans réels appels d’offres, trop souvent à des prix convenus d’avance… et systématiquement offerts à des amis des régimes? Des  amis, rappelons-le, qui avaient préalablement contribué financièrement à la caisse électorale du parti au pouvoir (voire aussi, comme dans le cas de Tony Accurso, à celle du chef du parti de l’opposition). Bref, le fonctionnement du comité exécutif à Montréal était un système opaque aux profits des lobbys (la corruption) plutôt qu’un système transparent au service de l’intérêt public (la démocratie).

De notre côté à Projet Montréal, parce que nous avions compris qu’il était impossible de réaliser des grands projets de société dans le contexte ou notre métropole est gérée par/pour des intérêts privés (une logique de gestion à court terme), le mode de financement des partis municipaux est devenu l’un de nos chevaux de bataille électorale. Ainsi, fort du support officiel de juge Gomery, nous avons révélé la liste de nos contributeurs sur notre site Web.

John Gomery se joint à Projet Montréal

L’objectif était triple. Dans un premier temps, nous démontrions que Projet Montréal était financé par et pour les citoyens. Puis, en forçant nos adversaires à tenter d’en faire autant, nous dévoilions ainsi le mécanisme d’un système pourri : soit la correspondance directe entre le financement occulte des partis municipaux et l’attribution des contrats. Voilà une initiative qui devrait, normalement, nous faire cheminer vers le plafonnement des dépenses électorales… voire une loi encadrant mieux le financement des partis politiques.

C’est donc ainsi que durant la dernière élection à Montréal, les thèmes de la corruption et de l’éthique s’imposèrent rapidement comme l’enjeu principal. Or, dans ce contexte,  si Projet Montréal n’a pas nécessairement réussi à mettre son programme urbain au premier plan du débat, mon parti se sera tout de même imposé comme l’alternative éthique. Bien sûr, nous aurions préféré faire davantage campagne sur nos idées et notre programme. Mais, tout de même, Projet Montréal aura contribué à diagnostiquer un cancer général attaquant notre système démocratique… une maladie remontant jusqu’à Québec, semble-t-il. Notre démocratie est malade; et c’est une victoire en soi que de l’avoir révélé.

Notre société sur la table d’opération, la rédemption du maire Tremblay

J’ai beau ne pas être adepte du maire Tremblay, je pense vraiment que ce dernier tente de se racheter. Effectivement, admettons-le, face à la série de scandales ayant quotidiennement secoué son administration, il lui aura fallu beaucoup d’abnégation pour ne pas démissionner avant l’élection. Réalisons, aussi, qu’aux yeux de l’histoire, il est probable que Gérald Tremblay ne veut pas être l’homme associé à la dégénérescence pègreuse de Montréal. Ainsi, le maire Tremblay semble avoir compris l’enjeu principal de la dernière élection.

Ricahrd Bergeron

Selon moi, le meilleur coup de Richard Bergeron durant la campagne est celui d’avoir lancé l’idée de composer un comité exécutif avec des membres de tous les partis s’il était élu maire. En effet, c’est peut-être cette idée qui lui vaut maintenant une place sur l’instance suprême de Montréal.

En ce sens, l’ouverture du comité exécutif au chef de Projet Montréal est une action manifeste d’une volonté de changement (et d’adaptation). Et puisqu’il est question de remettre Montréal sur les rails, tant qu’à rallier les talents de l’opposition aux services de Montréal, il était parfaitement logique de mettre un urbaniste aux commandes de l’urbanisme. Cependant, avant de tourner la page et de regarder, tous ensemble, vers l’avant, il ne faudra pas autant être naïf. La nouvelle formule du comité exécutif doit forcément aller dans le sens d’un agenda favorable au parti du maire.

Les plus et les moins

Il va sans dire, pour Richard Bergeron, cette nomination crédibilise son image politique et le conforte dans son rôle de leader (parions, aussi, que les médias se lasseront, finalement, de ramener ses propos sur les attentats du 11 septembre). C’est donc une grande victoire personnelle pour le chef de Projet Montréal, d’autant plus que son talent et les idées constructives qu’il apporte pour Montréal sont enfin reconnus par l’establishment (réalisons, ici, que Louise Harel n’envisageait même pas sa présence au comité exécutif dans le contexte d’une opposition fusionnée!).

Cependant, si la nomination du chef de Projet Montréal à la tête de l’urbanisme à Montréal voue une direction positive à l’avenir de notre ville, il ne faudra pas être naïf pour autant: Union Montréal y trouve aussi son intérêt partisan. Or, il importera de ne pas se faire confiner à la simple responsabilité de l’urbanisme, l’aspect de plus esthétique de la politique municipale. En ce sens, soyez assuré que toutes les grandes réalisations qui seront générées par Richard Bergeron… seront médiatiquement récupérées au compte du maire Tremblay.

 Un spectacle dénommé Delanoë

Je connais cette dynamique : dans cet article, je raconte la relation entre le maire de Paris (PS) et le groupe les Verts, partenaire de son cabinet

Ainsi, en invitant le chef du parti « jeune, vert, intègre et dynamique», il faut concevoir que M. Tremblay s’est acheté une nouvelle image… assurément, nous servons ici de caution morale. Ensuite, en solidarisant un chef de l’opposition dans le comité exécutif, le maire Tremblay s’achète aussi une paix relative avec ma formation politique (subséquemment, pour compenser le rôle critique de Richard Bergeron, ce sera maintenant à la jeune équipe de Projet Montréal à prendre la relève dans l’arène municipale).

D’autre part, quand le maire Tremblay se fait grand rassembleur en disant souhaiter que Montréal parle d’une voix « unique et unie », que nous devons « représenter Montréal plutôt que de faire de la politique partisane », il faudra donc veiller à ne pas rejoindre candidement une « union pour Montréal ». En ce sens, dans le cadre des relations « de travail » avec les autres partis, les élus de Projet Montréal devront maintenir le cap idéologique en utilisant notre programme politique comme boussole. C’est ici, précisément, que la base militante doit réaliser son rôle de garde sur le gouvernail de Projet Montréal… voire indirectement,  sur celui de la métropole.

Horizon 2013

Pour ma part, du simple intérêt général de Montréal, je pense que le jeu en vaut certainement la chandelle ; or l’expérience devait être tentée! Cependant, en temps et lieu, il m’apparait évident que le chef de Projet Montréal devra retirer nos billes du comité exécutif. (A cet effet, parce que la transparence va de pair avec la démocratie, il faudra bien revendiquer la fin du huis clos institutionnel des réunions du comité exécutif). C’est ainsi, renforcé par une expérience dans la plus haute instance de Montréal, que Richard Bergeron consacrera alors notre parti comme le challenger à la prochaine élection.

D’ici là, Projet Montréal devra donc demeurer une opposition vigoureuse, se développer de nouvelle spécialité et mûrir. À l’image des socialistes au pouvoir à Paris (une majorité acquise en 2001 grâce au Vert), je pense que notre formation devra « se généraliser », quitte à étendre sa sève progressiste à toutes les branches de la politique municipale. Bien sûr, en symbiose avec les défis planétaires de ma génération, notre fondation demeurera écologique. Toutefois, ce qui nous démarquera définitivement des vieux partis, ce sera de catalyser l’implication citoyenne en politique. Voilà le prochain défi de Projet Montréal.

Vraisemblablement, ce troisième mandat accordé à Gérald Tremblay sera le dernier. Vraisemblablement, le maire Tremblay tenait à la rédemption. En ouvrant le comité exécutif à l’opposition, le maire Tremblay aura défini des nouvelles bases pour travailler en politique; consacrant ainsi Projet Montréal comme partenaire essentiel à l’avenir. En définitive, plutôt que de démissionner dans le déshonneur éternel, le maire de Montréal aurait, subtilement, légué des clefs à la nouvelle génération de Montréalais en politique (50 % des  45 ans et moins ont voté pour Projet Montréal). Or, en ouvrant le comité exécutif à Richard Bergeron, Gérald Tremblay a bien plus qu’investi en un architecte pour le Montréal de demain, il a surtout pavé la voie d’un Projet à Montréal.

Travailler en collaboration, cela veut dire prendre la moitié de son temps à expliquer à l’autre que ses idées sont stupides
– Georges Wolinski

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