Retour sur mon passage à QUB – « Territoires non cédés »

Territoires non cédés : retour sur mon passage à QUB avec Benoît Dutrisac
Ce billet fait suite à mon article Le mythe du territoire mohawk non cédé, qui a suscité un vif intérêt en ligne… et même au-delà. À ma grande surprise, j’ai été invité quelques jours plus tard à participer à l’émission de Benoit Dutrizac à QUB. Une invitation tombée un peu de nulle part, durant l’une de mes rares journées de congé. L’occasion était trop bonne pour ne pas saisir cette tribune et prolonger la réflexion.
👉 Voir l’entrevue avec Benoit Dutrizac
Dès les premières minutes de l’entretien, Dutrizac m’a lancé une petite pointe au sujet de mon ancien engagement chez Projet Montréal, parti que j’ai effectivement contribué à fonder. Qu’à cela ne tienne : j’ai assumé mon parcours sans détour, et je crois l’avoir un peu surpris par mon indépendance d’esprit. Il ignorait sans doute que j’étais devenu conseiller indépendant avant de joindre Louise Harel lors de mon dernier mandat municipal.
Mais là n’était pas le cœur de l’échange. Si j’ai accepté son invitation, c’est parce que nos perspectives sur la question des « territoires non cédés » se rejoignent largement. Mon rôle fut celui d’un adjuvant : j’ai présenté les faits, ouvert le débat, et surtout tendu la perche à un animateur qui avait manifestement des choses à dire.
Mon article n’a rien d’un geste universitaire. Je ne suis ni historien ni expert de la question. Mon apport fut simplement de colliger certaines informations éparses et de les articuler dans un tout cohérent, afin de mettre en lumière ce que je perçois comme une instrumentalisation fédéraliste de l’histoire. Ce phénomène, soutenu par plusieurs institutions, s’inscrit aussi dans une logique performative qu’on pourrait rattacher à la mouvance « woke » : elle remplace la complexité historique par des récits simplifiés, culpabilisants et politiquement orientés.
Je ne conteste pas les injustices coloniales du passé. Mais je refuse qu’on occulte la complexité de notre histoire pour la soumettre à des slogans contemporains. Montréal n’a jamais été un territoire mohawk occupé en continu. Voilà ce que j’ai voulu rappeler. Et puisque je ne suis ni un expert sur le sujet, ni un historien, ma mission dans l’espace public s’arrête ici.
Et la suite vient à point.
Quelques jours après mon passage, le sujet ayant été ouvert, l’historien Jacques Houle, auteur du livre Les premiers Canadiens, a été invité à son tour à QUB pour prolonger la réflexion. Son intervention, tout en rigueur et en nuances, confirme le fond de ma démarche : non, Montréal n’était pas un territoire mohawk non cédé. Point.
👉 Écouter l’entrevue avec Jacques Houle – « C’est faux que Montréal était un territoire non cédé »
Son ouvrage mérite d’être lu et discuté. Car si l’on veut vraiment bâtir des ponts, il faut commencer par dire la vérité, pas la travestir.
Un peuple sans histoire est un peuple sans boussole – Jacques Houle