Mercier ne doit pas payer pour un débat qui devrait avoir lieu au Québec
Aujourd’hui sera un jour important pour les progressistes au Québec. En effet, quatre délégués du Parti Québécois rencontreront quatre délégués de l’Union des Forces Progressistes. Bien que personne ne s’attende à quelque mesure concrète que ce soit, l’événement est un pas dans la bonne direction pour tous les souverainistes… à commencer pour ceux plus à gauche dans Mercier.
Effectivement, un rapprochement entre les deux formations politiques s’impose car nous dans Mercier sommes victimes de la division du vote souverainiste. Le résultat paradoxal de cette situation fait en sorte que Mercier est représenté par les Libéraux. Pragmatiquement, c’est comme si le fait d’être obligé de prioriser entre la souveraineté du Québec et le progressisme social équivaudrait à l’élection du contraire… soit le statu quo pro ZLÉA du fédéralisme canadien. Parce que nous sommes dans Mercier à l’avant-garde du débat politique au Québec, (autant dans les dimensions sociales, nationales qu’internationales), nous en arrivons donc dans le mode de scrutin actuel à faire reculer nos revendications. En définitive, mon comté ne doit pas payer pour un débat qui devrait avoir lieu dans l’ensemble du Québec.
Vu de l’extérieur, il peut paraître aberrant que les souverainistes ne s’entendent plus ici. Pourtant, l’UFP a bel et bien un discours distinct du PQ. D’ailleurs, tenant à garder le monopole du vote souverainiste, le PQ tient mordicus à ignorer l’UFP. Chose certaine, c’est un mauvais choix de jeu pour Mercier. Le candidat appréhendé de L’UFP dans Mercier, Amir Khadir, est un gros joueur bien connu dans le milieu souverainiste. Or, la simple perspective de risquer une répétition du résultat de la dernière élection partielle doit obliger les souverainistes de Mercier à trouver des solutions; il en va des conséquences sur notre milieu de vie.
En effet, il ne faut pas minimiser l’influence d’un député sur son environnement. Nathalie Rochefort s’adapte très bien à notre quartier, elle est une habile populiste qui s’incruste tranquillement dans le Plateau Mont-Royal, créant autour d’elle des réseaux d’influence, détournant le quartier de ses valeurs et de ses vrais enjeux politiques. Qui peut vraiment dire ce que sera le Plateau de demain si nous demeurons libéral cinq années de plus ? De plus, je pense que ce résultat créera une animosité définitive entre les militants de l’UFP et du PQ, les souverainistes de l’une des deux formations politiques responsabilisant ceux de l’autre d’être responsables de ce fiasco; de quoi miner à jamais le dynamisme politique faisant présentement notre réputation. Bref, si nous ne trouvons pas de compromis, la prochaine élection dans Mercier sera définitivement fratricide pour les souverainistes, et accentuera davantage le ressentiment entre les deux formations.
Pour ma part, si je n’ai à première vue aucune solution concrète a proposer, je peux tout de même affirmer que je suis stressé, mêlé et inquiet par rapport à la situation. Suis-je le seul souverainiste assez responsable pour me préoccuper de l’avenir global de mon environnement politique ? Il faut dire que je me sens totalement concerné, à bien y penser, deux fois plutôt qu’une. En effet, étant au PQ le partisan principal du rapprochement entre les exécutifs des deux partis politiques en question dans Mercier, je me sens par ailleurs responsable d’avoir contribué à l’amorce d’une situation qui est potentiellement hors de contrôle dans le comté. Or, je ne peux analyser le contexte sans prendre en compte l’itinéraire de ma propre implication.
Effectivement, je m’étais présenté comme candidat lors de l’investiture péquiste de Mercier en 2001… dans la ferme intention de me rallier à l’UFP après ma défaite (vous pouvez lire mon discours d’alors sur l’Internet à http://www.vigile.net/01-3/boileau.html). La politique est malheureusement pour beaucoup qu’une histoire de rapport de force, les citoyens ne sont vraiment écoutés que lorsque cela compte électoralement. Or, dans le cadre d’une élection partielle, de surcroît à la veille du sommet des Amériques à Québec, je trouvais opportun de faire une campagne de gauche en dissidence au PQ. Il faut dire alors que je me sentais trahi par mon Parti. Sous l’autorité de M. Bouchard, le gouvernement péquiste imposa au Québec une orientation néo-libérale, se déchargeant même de la responsabilité à promouvoir sa raison d’être souverainiste en dictant la passivité aux militants par le dogme de l’attentisme des fameuses conditions gagnantes. Nous étions, sociaux-démocrates du PQ, pris en otage de par notre allégeance à l’option souverainiste. Dans Mercier, nous avions même laissé une chance au PQ lors de l’investiture de 1998 en manifestant notre impatience par notre appui à une certaine Josée Legault. Le résultat fut catastrophique pour ses militants, car nous furent tous officieusement expulsés du Parti après sa défaite. Il est pourtant évident que si les souverainistes de gauche ne peuvent plus participer à l’intérieur du PQ, c’est à l’extérieur qu’ils se regrouperont.
Après ma défaite à l’investiture, j’ai donc été rejoindre l’UFP, étant par ailleurs nommé représentant jeune de Paul Cliche durant l’élection. Mais, malgré le partage de mes idéaux avec ceux de l’UFP, j’ai trouvé que cette formation manquait encore de maturité politique. Il est bien facile d’avoir des positions tranchées et faciles à adopter sans se soucier des plans d’action pour faire avancer ses positions. Par ailleurs, dans ce contexte politique, se retrancher dans la gauche c’est un peu renoncer à l’a souveraineté comme priorité numéro un. Conséquemment, pour l’instant l’UFP baigne dans une culture d’opposition pour qui le spectre de faire 5% aux prochaines élections serait une victoire. Pour ma part, si je m’investis en politique, c’est pour que mes énergies puissent déboucher sur du concret dans ma société. La politique pour moi est avant tout une obligation de rendement avant d’être un groupe social. Bref, après m’être aperçu lors des élections partielles de septembre 2001, que le vote de contestation allait à l’ADQ (?!?) j’ai marchandé mon retour au PQ en échange d’un poste sur l’exécutif de Mercier et la coordination d’un forum pour les souverainistes. À ce moment, le PQ venait de comprendre que sa position confortable pour gagner une élection et redémarrer le mouvement souverainiste était le centre gauche… la leçon de Mercier avait bel et bien porté.
Ce forum fut finalement à mes yeux un échec. Bien que les idées inspirèrent en partie le document d’orientation en vue du prochain congrès péquiste par l’intermédiaire de notre candidat Daniel Turp qui était sur le comité de rédaction de ce document, je fus attristé par le manque de participation… le tout à mon grand découragement devant mon idole politique, Jacques Parizeau. Et même si des personnalités de gauche comme Jean Ouimet, Yves Michaud, Pierre Dubuc, Esther Paquet, Gaétan Breton… et nul autre que Amir Kahdir étaient invités comme panéliste, le boycott de l’événement par l’UFP fut total. (Ils ont même empêché Paul Cliche de participer pour donner la réplique au ministre Charbonneau sur la mise en application du scrutin proportionnel). Pourtant, c’était en grande partie pour eux que j’avais créé cet événement… et dire que tout le long de mon combat sur mon exécutif pour réaliser ce forum, je croyais que l’UFP comprenait que je travaillais dans le sens de nos valeurs communes. En effet, par ce forum, mes objectifs étaient à la fois de proposer un concept d’assemblée populaire pour appliquer concrètement la social-démocratie, mais surtout, de permettre aux souverainistes de toute allégeance d’avoir un espace pour se remettre à réfléchir ensemble à des solutions.
Étonnement, c’est en grande partie à cause de mon père, organisateur de l’UFP, que ce Parti refusa de participer au forum. Effectivement, quand je suis allé rencontrer leur exécutif pour leurs proposer de co-organiser l’événement, celui-ci fut le premier à mettre le feu aux poudres en martelant que nous étions des adversaires politiques. Pour lui, l’artisan de ce projet était le bunker du PQ, et moi je n’étais qu’un opportuniste du PQ obéissant aux ordres de mes supérieurs pour récupérer l’UFP… n’importe quoi ! Non seulement, il est vraiment triste qu’un père ne puisse être capable de reconnaître l’accomplissement de son fils, mais surtout, il est encore plus pathétique de traiter indirectement celui-ci de menteur sans aucune forme de preuve. Comment voulez-vous après que les gens de l’UFP puissent avoir confiance en moi si mon propre père dénigre mes projets politiques. Au PQ, tout mon rapport de force consistait au fait que j’étais le porte-parole officieux de l’UFP, je n’ai plus cette crédibilité… or, je ne serai pas à la table des négociations samedi. Pourtant, j’ai à cœur les intérêts des progressistes, et j’ai des esquisses de solutions à proposer.
Partant du fait que je ne veux pas me battre dans une lutte fratricide dans Mercier contre Amir Khadir, mon ami idéologique, plusieurs options s’ouvrent à nous. Premier point, il serait plus que nécessaire de commettre l’UFP dans le futur camp du OUI en lui donnant une place sur le conseil de la souveraineté (je vois d’ailleurs très bien Amir Khadir remplir ce rôle). Il est drôlement irresponsable pour la souveraineté de les avoir exclus du Conseil. Mais le compromis le plus intéressant pour moi, ce serait la garantie du PQ d’appliquer un mode de scrutin proportionnel pour les élections de 2008 en échange du retrait de Amir comme candidat de l’UFP dans Mercier. (Par ailleurs, rien n’empêchera Amir d’aller présenter ses idées comme candidat de L’UFP dans Outremont, le quartier qu’il habite en passant). Cette initiative politique permettra à l’UFP de pouvoir finalement faire élire des représentants à l’assemblée pour 2008 (ce qui mettrait en passant de la pression sur le PQ pour aller de l’avant avec la souveraineté). Et quoiqu’en dise les Boisclair et Brassard du PQ, un mode de scrutin proportionnel n’est pas juste souhaitable pour la vitalité de la démocratie au Québec… elle l’est aussi pour la souveraineté.
En effet, je crois que cette mesure politique changerait pour le mieux la dynamique du mouvement souverainiste. Pour l’instant, le PQ se doit constamment de faire des pieds et des mains pour adapter son discours souverainiste aux diverses tendances du mouvement. L’idée est de générer plusieurs discours souverainistes, quitte à convaincre la population du bienfait de la souveraineté dans le maximum de ses classes. Imaginer la gauche, le centre et la droite souverainiste (peut-être ici l’ADQ) captivant l’opinion publique par leurs débats sur la société de demain… s’unissant ultimement pour la grande coalition du OUI. Ce sera en agissant démocratiquement comme une société souveraine que nous développerons comme société la pensée souverainiste. Par ailleurs, la gauche souverainiste, pour beaucoup épurer de la dimension nationale, peut convaincre beaucoup plus facilement les néo-québécois d’adhérer à la souveraineté. Bref, il faut changer les règles actuelles du scrutin pour développer la coopération plutôt que la compétition entre les souverainistes. Il faut absolument comprendre ici que l’électoralisme primaire et le sectarisme politique nuisent autant à la gauche qu’au mouvement indépendantiste.
En conclusion, bien que progressiste, ma priorité est la relance du mouvement souverainiste. Je n’adhère pas au discours de l’UFP qu’il faut faire la souveraineté par la gauche pour la gauche. Réalistement, ce pas nécessaire à faire pour les progressistes devra se faire avec toutes les tendances du mouvement souverainiste. J’accepte avec humilité de ne pas faire partie de la table des négociations, mais j’espère sincèrement que nos « leaders » souverainistes, tout Parti confondu, auront le sens de l’intérêt global. Il serait malheureux de brûler dans Mercier Amir Khadir, un candidat qui somme toute représente beaucoup d’espoir pour les progressistes. Rappelez-vous, il n’ y’a pas de vrai compromis tant que personne n’aura pas l’impression d’y perdre quelque chose d’important. Il est prioritaire que l’UFP prenne sa place dans la grande coalition du OUI. S’il vous plaît, entendez-vous, ne prenez pas le risque de sacrifier Mercier! Comme dirait le dicton, l’union fait la force… mais qui fera l’union, et surtout, comment ?
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