Archives visuelles de l’élection provinciale 2008 au Québec
Pour suivre la tradition que je tente d’instiguer sur ce blogue, voici donc les archives visuelles (pancartes + pubs télé) de l’élection provinciale 2008 au Québec. Par la présente, j’essayerai ainsi de décoder les objectifs des spécialistes en communications visuelles… voire aussi, d’exprimer des perceptions populaires que ces images peuvent susciter.
NB. Ah oui, en passant, si vous êtes intéressé par le graphisme en politique, je vais profiter de l’occasion pour vous ploguer cet EXCELLENT article analysant les logos des cinq partis au Québec.
Dans un premier temps, mon premier constat est que les partis provinciaux se sont forcé esthétiquement… contrairement à leur alter-égos de la dernière élection fédérale. A cet effet, bien que cette élection soit d’une platitude historque, je lui donne tout même la palme quant la beauté des divers concepts d’affichage.
Pour commencer, l’affiche officielle du premier ministre me laisse perplexe quant à son objectif communicationnel. Asymétrique, les mains dans une position pour le moins inhabituelle, je crois que le PLQ tente de nous faire passer Charest pour un leader « naturel », jovial, « bienveillant », accessible… et surtout, en confiance. Bref, “Grand-papa” Charest dégage ici le (mièvre) confort du foyer… voir peut-être son indifférence envers les problèmes sociaux. L’utilisation du OUI (référant à la souveraineté du Québec dans l’imaginaire) est très audacieuse, voire fallacieuse. J’aimerais d’ailleurs avoir des explications quant à sa récupération par les libéraux. D’autre part, plus je regarde cette pancarte, plus elle me donne l’impression que Jean Charest nous cache quelque chose.
La chef du PQ est ici présentée sereine, rayonnante et visionnaire (!!!) . Le ton est apaisant… elle semble au summum de la maturité. L’art de la chose ici est de dégager l’impression que Mme. Marois voit l’horizon du pays… sans menacer toutefois l’électorat mou d’une réelle volonté d’action indépendantiste. Contemplative, elle se présente proche du monde par l’emphase sur son prénom.
Mais le gros problème de cette pancarte, c’est son format géant; de quoi gêner les piétons lorsqu’ils doivent la contourner pour passer. D’ailleurs, je me demande le coût unitaire de cette énorme pancarte-photo.
L’ADQ/équipe Mario Dumont étant le parti d’un seul homme, il était normal pour ces derniers de mettre l’emphase sur la « personnalité» du cheuf avec la signature de son prénom. D’un conventionnalisme sans saveur, ces pancartes ne se retrouvent à Montréal que sur les grands axes routiers. Le seul point positif de cette pancarte est la versatilité du message offerte par le petit autocollant mauve en bas. Dommage que cet autocollant soit trop petit pour la lecture des automobilistes.
Tout le monde devrait savoir que Québec solidaire est un parti axé sur les idées plutôt que sur les images… or cela transpire par ses pancartes quasi monochromes. Si je trouve indigeste la palette de couleur “style maternelle”, il est cependant intelligent de profiter des pancartes afin d’alterner des messages distincts. Mais franchement, ce parti aux jeunes idées aurait gagné en utilisant un graphique plus « web 2.0 » (plutôt qu’un design old school). En terme de format, cette grande « chandelle » est, de mon avis, parfaite en proportion.
Contrairement à leur alter ego au fédéral, le PVQ aura misé sur la modestie : c’est-à-dire autant par le choix du petit format « chandelle » qu’à la rareté de leur nombre.
Je donne une belle mention (esthétique) à la fusion du rouge écarlate sur fond gris en dégradé des pancartes libérales. Et effet, je juge ce mélange puissant et novateur. Le rouge symboliserait la conviction qu’il y aurait une urgence économique d’agir… mais une force s’appuyant sur la solidité moderne de l’arrière-fond métallique (couleur de l’argent). Se voulant sécurisante et bien rangée, les candidates sont systématiquement maquillées, exprimant ainsi leur navrante conformité… pour sur, ces candidates ne nous donnent pas l’impression qu’elles veulent changer quoi que ce soit.
Avec cet inutile rond blanc pour symétriquement équilibrer son logo, le PQ à décidément fait dans un esprit de design. Contrairement au fond gris des libéraux, celui des péquistes évoque plutôt la brume (idéologique) et la dispersion vaporeuse de sa substance. L’évacuation de tout symbole national et de slogans me suggère suspecte la soi-disant motivation indépendantiste de ce parti. Alors, oui, si en terme de design, ces pancartes sont d’une superbe beauté rafraichissante… elles sont trop épurées pour être un véhicule de communication politique. J’aime bien toutefois l’idée du sourire tamisé (sérieux) et la présentation générale pour nous rendre les candidats familiers.
Sobre, simple, efficace et passe-partout. La pancarte type de l’ADQ est d’un classicisme élégant; on pourrait presque dire une carte professionnelle en format géant. Assurément, l’ADQ considère la politique comme un métier, et ses candidats sont de facto des carriéristes. Puis, étant avant tout le parti d’un seul homme, il était logique que la photo des candidats (anonymes) soient légèrement en retrait par rapport à leur formation politique. En passant, si même les adéquistes se passent de la cravate… il est clair que les mœurs évoluent quant à son utilisation en politique.
Décidément, l’amalgame bleu poudre/orange McDo me lève le cœur! le simple fait d’avoir choisis le bleu foncé aurait déjà amélioré le support visuel de QS. Toutefois, l’encadrement style “annonce-télé” renforce l’idée que cette formation porte des messages.
Mon coup de coeur revient à la petite « chandelle” utilisé par les péquistes: esthétique et passe-partout. Dommage que cette formation tourne à droite avec sa volonté de «renouveler» la social-démocratie.
Et maintenant, le grand gagnant du concours de l’affichage : le Parti vert du Québec! En effet, avec aucune pancarte à mi-campagne, ceci semble indiquer que cette formation a choisi de respecter sa logique écologique en boycottant sa participation à la mascarade des pancartes. Bravo !
—Les campagnes publicitaires électorales—
Parti libéral du Québec
[dailymotion]x7ee0y_un-plan-une-equipe_news[/dailymotion]Un plan, une équipe
[dailymotion]x7ee4m_la-famille-quebecoise_news[/dailymotion]La famille québécoise
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Le Parti québécois
[dailymotion]x7d82b_theme-de-campagne-2008-du-parti-que_news[/dailymotion]Thème de campagne 2008 du Parti Québécois
[dailymotion]k2TDhVvHr3QOWRQ56p[/dailymotion]Un enfant une place
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L’Action Démocratique du Québec
[youtube]snSQFGYcEmc[/youtube]ADQ publicité campagne 2008-1
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=-ZvOec3mCN4[/youtube]ADQ publicité campagne 2008-2
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Salut Carl,
C’est ici qu’on se retrouve après toutes ces années de militantisme actif ! Mon nom de famille te dira sûrement quelque chose …
Je ne déteste pas la palette de couleurs « style maternel », peut-être parce que j’ai gardé mon coeur d’enfant !
Mais blague à part, heureusement que cette palette de couleurs existe, car les pancartes de QS passeraient presque inaperçues dans cette jungle d’images.
Et les photos des candidats sont plutôt ternes, alors une chance que cette palette de couleurs se retrouve sur ces panneaux. On peut comprendre alors que QS mise davantage sur les idées que sur leur image !!!
QS sait au moins se démarquer par le format chandelle moins agressant pour l’environnement.
Dans un monde idéal, ce type de publicité devrait être banni de notre champ de vision.
Tu sais, si les militants péquistes n’ont rien de mieux à faire de leur temps que d’aller cocher manuellement des pancartes électorales, j’espère que les électeurs de MERCIER cocheront au bon endroit le 8 décembre prochain en se rappelant que les « années 70 » représentaient une période de changements importants dans plusieurs domaines et que Mercier a besoin de changement.
Bonne campagne et on se voit sûrement lundi !!!
Mise à jour : Je viens de déposer les photos des pancartes de Mario Dumont et des Verts. Puis, coup de théa^tre, je viens de comprendre l’objectif des cercles
blanc sur les pancartes péquistes.
Hâte de voir ^^
Anne-Marie Provost| lire ici le dernier article de son blogue: On me tord le bras
Web 2.0, terme abstrait s’il en est un… je t’accorde ce point. Mais tu sais, à force de vivre devant les teintes de gris/bleu de mon blogue, je finis par me complaire dans ces gammes de couleur.
Demain, je compte coiffer mon prochain article avec une image qui te suggèrera davantage mon concept du design Web 2.0.
Bah, je sais bien 😉
Je n’étais pas inquiète quant à tes positions ou quoi que ce soit, je me demandais réellement ce que tu entendais par 2.0 en graphisme. J’ai bien peur de ne pas comprendre encore toute la portée de ce terme…
Tu sais Anne-Marie, il faut prendre les discussions sur les images avec un grain de sel; d’autant quand le sujet est celui si subjectif de l’effet des couleurs. Je l’admets, dans un esprit de se démarquer des partis en place, l’utilisation de la couleur orange par QS est un choix approprié. Puis, de lui combiner avec le bleu, c’est aussi un choix judicieux, car les couleurs complémentaires contrastent. Mais le bleu pâle… je trouve que ça fait « années 70 ».
Par Web 2.0, j’évoque les designs générés par les infographistes du Web. Notre génération étant très branchée sur le Net, le Web 2.0 étant l’avenir (voire la promesse de réformer la démocratie), il aurait été judicieux d’exprimer un graphisme qui interpelle directement à ces dynamiques. Mais bon, QS se rattrape avec une campagne dynamique sur le Web.
Tu m’apprends que les Verts se mettent aussi à l’affichage… c’est décevant ; je comptais sur cette formation pour faire évoluer les mœurs quant à l’affichage en politique.
D’ailleurs, si c’est cela ton inquiétude, je trouve inintelligent que cette formation ne se soit pas entendu avec QS pour le retrait de ses candidats dans Mercier et Gouin.
Qu’entend-tu par graphisme plus « 2.0 » (demandé par moi et le team graphiste à côté de moi ;))?
Btw, les verts font des pancartes chandelles avec une genre de main peinturée en vert.
J’en ai vu dans le coin du plateau et de Gouin.
Anne-Marie Provost| lire ici le dernier article de son blogue: Travail d’équipe épatant
En passant groupe, vous aurez remarqué que je n’ai toujours pas trouvé la pancarte officielle de Mario Dumont. En effet, c’est bizarre… il n’y en aucune dans le Plateau Mont-Royal. Mais bon, si vous en voyez une sur le bord de l’autoroute, pensez à moi, j’apprécierais que vous la photographiée pour cet article de mon blogue.