Éveil et Ascension : Mon long parcours vers le sommet de ma vie
Chers lecteurs,
Je suis ravi de partager avec vous les détails de ma prochaine aventure : l’ascension du Mont Washington ! Situé dans les Montagnes Blanches du New Hampshire, ce sommet emblématique, culminant à 1 917 mètres, est connu pour ses conditions météorologiques extrêmes et ses vues spectaculaires.
Mais au-delà du défi physique, cette excursion représente pour moi une transformation personnelle profonde. Depuis des années, je ressens le besoin de me reconnecter avec la nature, de me distancier de la vie urbaine trépidante pour retrouver une harmonie intérieure. Cette ascension est bien plus qu’une simple aventure en montagne ; elle est le symbole d’un parcours de vie qui a commencé par un genre d’éveil existentiel en 2012.

Le Mont Washington est bien plus qu’un simple sommet. Avec son histoire riche et ses défis uniques, il attire les randonneurs et les aventuriers de tous horizons. Ce qui m’attire particulièrement, c’est la diversité des sentiers et la beauté brute de la nature environnante. Mais surtout, ce sommet représente un objectif de vie, une métaphore de la transformation personnelle que j’ai entrepris depuis ma révélation en 2012.
Une Épiphanie marquante
Laissez-moi vous confier une anecdote personnelle qui a profondément influencé ma décision de poursuivre cet objectif. À la fin de la trentaine, alors que j’occupais le poste de conseiller municipal, j’ai vécu un moment d’éveil spirituel qui a bouleversé ma vision de l’existence. En juillet 2012, lors d’un caucus d’été à l’Hôtel de Ville, je fus désigné pour accompagner ma collègue conseillère, Érika Duchêne, au salon funéraire, représentant ainsi notre parti politique, Projet Montréal.
Son conjoint de l’époque, Martin Pigeon, venait de périr tragiquement lors d’un accident de trekking au Colorado. Bien que ma connaissance du défunt se limitât à quelques rencontres épisodiques, je me sentais étranger à l’atmosphère de deuil qui saturait la pièce principale.
Fuyant cette lourdeur, je me réfugiai dans une pièce adjacente du salon funéraire où étaient exposées les photographies de Martin, témoignant de ses nombreuses expéditions en trekking. Pendant plus d’une heure, je fus le seul au salon funéraire à contempler ces images. Une étrange sensation de destinée me submergea, comme si le souvenir de Martin m’adressait un ultime message. Devant ces paysages d’une beauté inatteignable, je me sentis comme le témoin fortuit, voire privilégié, de l’essence de sa passion. J’ai compris ce qui le poussait à rechercher ces lieux où il se sentait, oserais-je dire, plus vivant que jamais.
La joie pure qui irradiait de Martin lorsqu’il conquérait ces sommets me révéla qu’il était prêt à risquer son existence pour pouvoir vivre ces instants de plénitude transcendante. En chemin, Érika m’avait confié que son conjoint, animé par cette passion dévorante, préparait ses expéditions des mois à l’avance, vivant quotidiennement dans l’anticipation de ses prochaines aventures. Chaque nouvelle expédition, cherchant à devenir plus périlleuse que la précédente, faisait naître chez Érika l’appréhension d’un destin funeste.
Ce moment d’intimité spirituelle avec les traces de Martin fut un véritable tournant pour moi. Il m’incita à marquer une pause dans mon existence trépidante de conseiller municipal à Montréal, à élever mon regard au-delà du quotidien et à méditer sur la vie… ma propre vie. Pour la première fois, je remettais en question mon cheminement de carrière, avec l’impression que je passais peut-être à côté de ma vie en restant confiné en ville. Moi, passionné de nature et doté d’une condition physique exceptionnelle, je dilapidais le potentiel de ma jeunesse dans un travail abstrait et, oserais-je dire, anxiogène, au cœur d’une métropole accablante. Nous évoluions dans la promiscuité de nos espaces bétonnés, éclairés par des néons blafards, respirant de l’air conditionné, les yeux rivés sur nos écrans déversant une actualité toxique, tandis que la réalité, plus belle que la moindre des œuvres humaines, se trouvait peut-être ailleurs. Je réalisais que, n’ayant jamais réellement conduit de voiture, j’étais peut-être prisonnier de ma fonction politique en ville, confiné dans un quartier que je représentais de manière transitoire, un quartier que je n’avais jamais finalement vraiment encore quitté.
Sur le chemin du retour, je n’étais déjà plus le même. Cette expérience a éveillé en moi le désir de rompre avec ma vie abstraite pour me guider vers la nature, avec pour ultime ambition de marcher dans les traces de Martin Pigeon, à la conquête des grands espaces.

Dernièrement au sommet du Mont Lafayette à 1600 mètres, je me sens dorénavant prêt pour entreprendre l’ascension du Mont Washington
Un Objectif de vie
Me voici, finalement, à la veille de réaliser un objectif de vie. Mine de rien, cette année j’ai commencé à prendre graduellement mon envol vers le trekking comme loisir. La question demeure : depuis mon épiphanie avec les photos de Martin Pigeon, pourquoi cela a-t-il pris autant de temps pour opérer cette transformation ?
Mon développement a toujours été fondamentalement lent, au point d’ailleurs que j’ai toujours la chance de ne pas faire mon âge réel. Ma réorientation professionnelle vers l’horticulture a manifestement pris plusieurs années pour se stabiliser. Mais surtout, je dirais que c’est parce que j’étais encore en solo dans cette entreprise de me lancer dans la nature. Or, voilà qu’à la veille de me rendre au sommet du Mont Washington, je serai accompagné d’une partenaire d’aventure extraordinaire, qui partage non seulement ma passion pour le plein air, mais qui possède aussi une expérience précieuse à me transmettre en randonnée.
Depuis que j’ai la chance de fréquenter cette personne exceptionnelle, elle m’a quelquefois rappelé un proverbe chinois qui résonne profondément en moi : « Le meilleur moment pour planter un arbre était il y a 20 ans. Le deuxième meilleur moment est maintenant. » Ces mots ont trouvé un écho particulier dans mon âme, symbolisant l’importance de ne pas regretter le temps perdu, mais plutôt de saisir l’instant présent pour se lancer dans l’aventure. Et d’ailleurs, suivre cette athlétique personne est un défi en soi, me forçant justement à devoir me remettre en forme pour simplement y arriver.
Cette nouvelle compagnie, donc, apporte une dimension supplémentaire à mon voyage. Elle est non seulement une source de motivation, mais incarne aussi le soutien dont j’avais besoin pour franchir cette étape décisive. Ensemble, nous pouvons affronter les défis des montagnes devant nous, partageant nos forces et nos connaissances pour atteindre ce but commun… et qui sait, peut-être étendre encore plus loin nos explorations de ce monde. En sa compagnie, je retrouve un deuxième souffle, osant même penser que j’arrive à étirer ma jeunesse.
Pratiquement rendu à un demi-siècle de vie, je me tiens ainsi prêt à conquérir le Mont Washington, le plus haut sommet de l’Est de l’Amérique du Nord. Ce défi symbolise non seulement un accomplissement physique, mais aussi une affirmation de ma nouvelle philosophie de vie, une célébration de la transformation intérieure qui m’a conduit ici.
La montagne m’appelle, et je suis enfin prêt à répondre à cet appel. C’est avec une gratitude profonde pour les leçons du passé et une anticipation joyeuse pour les défis à venir que j’entreprends cette ascension. Chaque pas que je ferai vers le sommet sera un hommage à Martin Pigeon, à sa passion et à l’inspiration qu’il a suscitées en moi. C’est le début d’un nouveau chapitre, une nouvelle aventure qui, je l’espère, continuera à façonner ma vie de manière significative et enrichissante.
En atteignant le sommet, non seulement je réaliserai un objectif de vie, mais j’espère aussi entrevoir un tournant personnel, marqué par des moments précieux et partagés… remplis de nouvelles possibilités et de perspectives enrichissantes.
Seul, on va plus vite. Ensemble, on va plus loin
– proverbe africain
De toute la force de mon coeur avec toi