Quel avenir pour les Flux RSS… et par le fait même du Web 2.0 ?
Dans ce très pertinent texte auquel je ferai écho tout au long de mon article ici (Vers la fin du RSS ?), Étienne Cavalié nous explique que le RSS n’a jamais été « grand public ». Mais ce qui est (presque) nouveau, c’est qu’on y renoncerait après 12 ans de succès très mitigé. En revanche, le RSS reste tout à fait pertinent pour certaines communautés d’utilisateurs comme la population technophile et les professionnels de l’information.
Pour ma part, puisque le concept à la base de mon blogue est aussi d’en faire un portail pour capter l’actualité des sites webs que je piste, je demeure très attaché à l’existence des flux RSS. (Dans mon blogue, vous remarquerez que dans les boites à gauche, les liens mènent à des pages internes, et inversement à droite, les boites mènent vers l’extérieur). Cependant, l’arrêt du service de partage via un flux RSS dans Google Reader m’a amené à développer une nouvelle section dans mon blogue. Car qu’importe les objectifs de Google, je tiens à maintenir ici le carrefour de flux afin d’intéresser les visiteurs à adopter mon blogue comme un nœud de réseau.
Effectivement, au mois d’octobre dernier, la publication de la nouvelle version de Google Reader s’est imposé… et malheureusement avec elle, les fonctions de partage ont disparu au profit d’une intégration avec Google+. Or, puisque les boites de mon blogue captant les flux RSS sont gérées à partir de mon compte Google Reader, je ne peux plus générer de nouvelles boites de cette manière (Toutefois mes boites actuelles créées à partir de cet ancien service fonctionnent toujours). Cela dit, je trouve cette situation vraiment embêtante, d’autant plus que Google semble ici déroger à l’esprit du Web 2 en rejetant le système ouvert des Flux RSS dans ses boucles de rétroaction.
Vidéo expliquant le service ayant été éliminé par Google Reader. Un dossier RSS dans Google Reader est un dossier contenant plusieurs flux RSS. Vous pouvez de façon très facile sur Google Reader créer différents dossiers pour trier vos différents flux.
D’ailleurs, je ne sais pas s’il y a un rapport de cause à effet, mais le trafic vers mon blogue en octobre a radicalement chuté sans aucune raison apparente… comme si l’algorithme d’indexation de Google ne m’avantageait plus. À l’époque, je considérais mes capteurs de flux comme un avantage puisque cela créait automatiquement des hyperliens dynamiques. Maintenant, j’ai plutôt l’impression que Google veut me pénaliser d’utiliser un service qu’il a lui-même éliminé.
Mais bon, à l’heure où le Web dans son ensemble est menacé de censure par des projets de loi tel la SOPA (Stop Online Piracy Act), il faudra commencer à envisager notre indépendance face à Google… voire éventuellement au World Wide Web (WWW).
Comme l’explique ici Thierry Crouzet (dans son article original, les blogueurs sont tous des cons), nous devons chercher à nous construire une audience par nous-mêmes. Dans cette transition alors, la réorientation des flux RSS nous apparaît donc fondamentale. De flux pompés et régis par les entreprises capitalistes, nous pouvons réorganiser les canalisations de toute la société. Information, travail, culture, politique, pouvoir décisionnel… tout est à refaire. Il faut passer d’un système où l’information est hiérarchique et unidirectionnelle à un monde où chacun peut devenir un point de transfert. Évidemment, cela passe aussi par une insurrection des consciences, c’est certain. Mais de l’autre côté, il faut savoir réorganiser le terrain et les tuyaux.
Donc, pour l’instant, les flux RSS existent encore. Mais comme l’explique Étienne Cavalié, ils sont graduellement mis en retrait au profit d’autres informations connexes au contenu. Aujourd’hui, ce qu’un internaute attend prioritairement sur une page web, ce n’est pas une icône RSS mais la capacité de faire circuler l’information dans ses réseaux sociaux.
Il est vrai que de partager un article sur Facebook est plus aisé que d’utiliser les flux RSS, mais les deux systèmes n’ont rien à voir entre eux quant à leur manière de circuler l’information. Dans cette perspective, l’éventuelle disparition du RSS impliquerait alors la fin d’un système d’échange de nouvelles libres au profit de systèmes propriétaires (Twitter, Facebook et cie.).
Cette perspective n’augure rien de bon, surtout quand nous considérons que Facebook entrera bientôt en bourse… et que la controversée banque d’investissement Goldman Sachs vient d’investir un demi milliard dans le développement de Facebook. Personnellement, je n’aime pas savoir que les informations sur moi dans Facebook puissent «appartenir» à la même institution ayant participé à la crise des subprimes et à la faillite entière de la Grèce.
La crise des subprimes pour les nuls
Goldman Sachs a provoqué la faillite de la Grèce
Pourtant, le RSS demeure le système de veille et d’information par excellence pour suivre une vaste étendue de sites webs efficacement (que nous pouvons toujours, par après, partager à un deuxième niveau dans Facebook et Twitter). Personnellement, à l’heure actuelle, je n’ose même pas imaginer d’essayer de suivre des sites web sans leur(s) flux RSS.
En conclusion, il faut peut-être envisager la perspective que le flux RSS disparaîtront au fil du temps. De la sorte, si ce système vous semble un outil utile, vous allez devoir vous battre pour dénicher les flux RSS… voire les bricoler par vous-mêmes. Mais de toute façon, puisque le cyberespace est en constante évolution, son univers social restera toujours à développer.
Entre-temps, demeurons vigilants pour défendre la libre circulation de l’information sur le Web. Après tout, l’essentiel est dans la source alimentant le réseau… et non dans le système en soi.
L’information est l’oxygène des temps modernes
-moi-même
Les réseaux sociaux, spécialement ceux dans le style de Facebook, répondent à une certaine paresse au niveau des blogues. Pourquoi se faire chier avec un agrégateur ou visiter manuellement nos sites préférés quand on peut s’abonner à leur page Facebook? Ça vaut aussi pour les commentaires. Remarquez à quel point les gens vont cliquer sur un lien sur Facebook, aboutir sur un blogue, le lire… puis revenir commenter sous le lien Facebook.
Mon blogue photo en souffre beaucoup. Évidemment, non seulement ce style de blogue rivalise avec Facebook, mais aussi avec ses albums et la manie qu’on certain(e)s de rechercher les gros albums. Donc je reste conscient que je pars avec un boulet supplémentaire là-dessus, comparativement aux blogues d’écritures. Mais ça reste que si je compare avec mon ancien blogue d’analyse politique (qu’avec le recul je trouve assez mauvais) que j’exploitais entre 2004 et 2006, la culture du blogue et du RSS était beaucoup plus présente. J’avais beaucoup plus de réactions.
Une question sur laquelle on pourrait se questionner longtemps, avons-nous, blogueurs et blogueuses, nous-même creusé la tombe de nos fils RSS? On a tellement acheté les arguments de ceux et celles qui ne juraient que par les pages Facebook pour mousser le trafic sur nos blogues. Or, on se retrouve maintenant à y voir stockées les réactions dans un environnement où la pérennité des informations est tout sauf assurée. Personnellement je crois qu’on (et je m’inclue là-dedans) s’est tiré dans le pied, mais les réseaux sociaux sont maintenant là pour rester, le mal est fait, faut faire avec.
Je peux être vieux jeu quand je veux, je reste attaché aux fils RSS et je tiens à ce que mon blogue en reste doté. Je tiens à ce que mon blogue soit lisible depuis ailleurs que sur les réseaux sociaux (où le contenu se noie, de toute façon, contrairement à un agrégateur). Je garde espoir qu’il y ait assez d’autres gens vieux jeu pour garder cette technologie simple et si efficace en vie.
Quand on pousse la réflexion, on réalise que les réseaux sociaux et leur façon de nous présenter le nouveau contenu est à l’image de ce que à quoi nos dirigeants exploiteurs veulent nous habituer toujours un peu plus: plus vite, plus vite, tout de suite, tout de suite, pis reste branché tout le temps sinon tu auras peur de manquer de quoi ou une opportunité. L’agrégateur RSS, quant à lui? Un item à la fois, et les autres attendront sagement que leur tour vienne, y’a pas de stress.
Vive la vie vieux jeu.
Intéressant comme article et point de vue. à cela si on y ajoute l’aspect localisation, c’est encore plus intéressant.
http://www.rssmapper.com
Tiens… e code d’insertion d’URL ne semble pas fonctionner pas dans tes commentaires : http://www.scoop.it/t/lecteurs-rss-rss-readers/p/1476867574/en-google-reader-retrouver-les-fils-publics-grace-a-un-script-greasemonkey
Hello Carl. Les fils Atom de Google Reader n’ont pas vraiment disparus. Il sont juste un peu cachés… comme je l’expliquais le mois dernier.