Hommage à mon ancien patron et mentor, Harold Leavey
Après les décès de deux de mes anciens colocs, la mère de mon demi-frère et puis de ma tante Lina en cette ère marquée par la covid, voici maintenant que j’apprends la mort de mon ancien patron et mentor, Harold Leavey.
Passionné, affable, doux, pédagogue, généreux et empathique, Harold fut l’un des rares patrons que j’ai rencontrés à me laisser une réelle chance de travailler dans un emploi convenable durant ma jeunesse. Il faut dire qu’avant que je devienne conseiller municipal puis que je trouve ma voie professionnelle en horticulture, je mangeais mes bas entre deux causes politiques à défendre. Toutefois, en découvrant par hasard une punaise des lits dans un guichet automatique, mon chemin m’amena heureusement à croiser celui d’Harold dans ce qui allait devenir une vaste enquête entomologique à la grandeur de Montréal. Non seulement il m’engagea comme technicien en gestion parasitaire au sein de son entreprise, mais m’envoya en première ligne combattre (et étudier) la progression du parasite. Par ailleurs, pour ce qui sera de ma destinée, cet emploi me permit surtout de m’économiser assez d’argent pour financer ma campagne électorale de 2009.
Évidemment, mon élection fut le début de notre séparation, mais nous continuâmes à demeurer en contact sur la question des punaises afin de pousser ensemble un plan politique dans l’objectif d’y responsabiliser les autorités municipales. Et si, aujourd’hui, ni lui ni moi n’avons été pleinement crédités par rapport à cet accomplissement, l’important demeure le résultat collectif… voire le chemin que cette mission nous aura fait parcourir ensemble.
Souverainiste déçu par la politique et les politiciens en général, il m’avait confié avoir délaissé le militantisme au PQ pour se consacrer à l’entreprenariat. Mais contrairement à la majorité de ses pairs en affaire purement investie par la quête du profit, Harold avait gardé une volonté de continuer à servir la société. Toujours prêt à partager son savoir entomologique et à expliquer sincèrement des enjeux sociaux reliés à la gestion parasitaire, il était d’ailleurs une ressource de choix aux médias montréalais; et comment dire aussi, un genre de mouton noir dans son domaine.
Écoutez ici un hommage de Bernard Drainville à Harold Leavey
En effet, étant de nature à partager gratuitement de l’information et à poursuivre des idéaux sociaux, je finis par réaliser qu’Harold était peu apprécié par les autres entrepreneurs dans le lobby de l’extermination. Ces derniers jugeaient Harold pour attirer l’attention des médias sur les arnaques intrinsèques reliée au domaine, puis celle des politiques pour devoir mieux règlementer l’utilisation des pesticides dans l’environnement. Mais voyez-vous, la question n’était pas qu’Harold n’était pas loyal à ses pairs en gestion parasitaire… mais bien que sa conscience sociale l’amenait à être surtout loyal à l’intérêt commun.
Avec du recul, je comprends aujourd’hui qu’Harold était quelque part un alter ego, voire aussi une figure paternelle. Or si durant sa vie je n’ai jamais réussi à lui partager ma reconnaissance, j’ose penser que l’énergie de son âme et celle des idéaux qui l’animait continueront à se transmettre à travers les éléments de notre environnement.
Aujourd’hui, en m’arrêtant pour observer le papillon bleu que tu m’avais donné le jour de mon départ en politique active… je m’imagine le voir bouger des ailes… pour se libérer de son cadre et reprendre son envol vers les champs cosmiques de fleurs infinis.
Merci pour tout Harold. Sans toi je n’aurais jamais réussi ma métamorphose vers la politique… et donc peut-être celle d’après vers l’horticulture.
Aux plaisirs de te recroiser un jour parmi les papillons
Un ami, c’est quelqu’un qui vous connaît tel que vous êtes, comprend où vous êtes allé, accepte qui vous êtes devenu et vous permet de grandir
– William Shakespeare