La Chute de la CAQ – Un Tournant décisif pour le Québec
Comme je l’avais prédit dans mon analyse précédente, la Coalition Avenir Québec (CAQ) est finalement entrée dans une phase de déclin, une tendance qui s’est accélérée de manière inattendue selon les derniers chiffres du sondage Pallas Data. À l’approche de la rentrée parlementaire, le Parti Québécois (PQ) de Paul St-Pierre Plamondon serait ainsi en territoire majoritaire avec 32 % des intentions de vote, reléguant la CAQ à 21 % et Québec Solidaire (QS) à 17 %. Cette évolution reflète une insatisfaction croissante des électeurs, en partie due à une série de controverses qui ont ébranlé la CAQ l’année dernière, incluant des décisions politiques contestées et des échecs dans les secteurs de la santé et de l’éducation.
Effectivement, il va sans dire que l’année 2023 a été particulièrement difficile pour la CAQ et le premier ministre François Legault, marquée par des promesses non tenues concernant le troisième lien, une augmentation controversée du salaire des députés en période d’inflation, des subventions discutables aux Kings de Los Angeles, et un déni prolongé de la crise du logement. De plus, la patience des Québécois s’amenuise face à la détérioration continue des services publics, une réalité que le récent sondage met en lumière, contribuant ainsi au mécontentement généralisé envers le gouvernement actuel.
L’état actuel du paysage politique, marqué par ce retournement spectaculaire des intentions de vote, place la CAQ à un carrefour critique. La Coalition Avenir Québec, hier encore hégémonique, montre désormais des signes évidents de déclin. Avec les prochaines élections en ligne de mire, il est essentiel de revisiter les raisons qui ont propulsé la CAQ au pouvoir, afin de mieux comprendre et anticiper les futures dynamiques politiques du Québec.
L’Ascension circonstancielle de la CAQ : un interlude politique
Il y a six ans, dans un contexte politique longtemps polarisé par la question nationale et épuisé par le bipartisme des options péquistes et libérales, la CAQ a émergé comme une alternative pragmatique. Après des mandats libéraux marqués par la corruption, elle est apparue comme un choix naturel pour bon nombre de Québécois, surtout les francophones en région. Se positionnant habilement entre le PQ et le PLQ, avec un discours de centre droit fédéraliste, mais teinté d’un discours nationaliste, la CAQ s’est ainsi présentée comme une troisième voie. Toutefois, cette ascension relevait davantage d’une circonstance opportune, s’appuyant sur une promesse de changement de gouvernance par rapport au régime libéral, plutôt que sur une vision claire et à long terme pour le Québec.
La CAQ, en effet, étant prise dans sa position « dépendantiste » par rapport au gouvernement canadien, ne peut développer une réelle vision à long terme, ni sur le plan social ni sur le plan national. L’identité de ce parti, plutôt que d’être ancrée dans des convictions fermes, semble être le produit de circonstances fluctuantes et trouve sa raison d’être dans la gestion du pouvoir provincial. En se limitant à une gestion pragmatique des affaires courantes, la CAQ s’est d’ailleurs avérée relativement apte à gérer la dernière pandémie de covid (nous nous en rappellerons essentiellement pour ça dans l’histoire), mais cette approche a laissé le Québec « sans boussole » ; c’est-à-dire sans direction collective claire.
L’état des lieux : Un bilan critique de la CAQ
À l’orée de sa sixième année au pouvoir, la Coalition Avenir Québec se trouve face à des défis cruciaux, révélant des lacunes importantes dans sa gestion et son orientation politique. L’état actuel du gouvernement Legault invite à un examen critique de ses actions et de ses priorités, mettant en lumière une série de questionnements sur l’avenir politique du Québec.
• Manque de vision et de projets concrets
La CAQ, bien que vantant la discipline et la cohésion, semble incapable de définir un cap clair pour le Québec. Ce manque de vision à long terme, souligné par l’absence de grands projets collectifs, trahit une approche qui privilégie la gestion des affaires courantes au détriment d’une stratégie ambitieuse pour l’avenir.
• Centralisation des réformes : Un choix contestable
Les réformes actuelles, notamment dans la santé et l’éducation, s’orientent vers une centralisation bureaucratique accrue, évoquant des craintes quant à la capacité du gouvernement à innover et à répondre aux besoins locaux. Cette approche descendante (dite top-down) peut être perçue comme une tentative de contrôle rigide, manquant de flexibilité et d’écoute des besoins sur le terrain.
• Imprudence financière et enjeux fiscaux
La gestion financière de la CAQ, marquée par des décisions comme les réductions d’impôts, soulève des questions sur la prudence et la vision à long terme du gouvernement. Ces choix, potentiellement populistes, risquent de compromettre la stabilité financière du Québec et d’accentuer les difficultés futures, notamment en période de crise économique.
• Investissements économiques insuffisants pour inspirer
Les initiatives économiques, telles que les investissements considérables dans la filière batterie et autres intérêts privés, ne compensent pas le manque d’un projet de société global et inspirant. Ces « projets », perçus comme des manœuvres économiques plutôt que des vecteurs de progrès social, ne répondent pas aux aspirations profondes des Québécois.
Politique énergétique controversée : le cas d’Hydro-Québec
L’un des aspects les plus actuellement critiqués de la gouvernance de la CAQ concerne sa politique en matière d’énergie, en particulier sa gestion d’Hydro-Québec. La proposition du gouvernement de vendre de l’électricité à des tarifs extrêmement bas à des entreprises qui, à leur tour, pourraient potentiellement la revendre à un prix nettement supérieur suscite des inquiétudes importantes. Cette politique énergétique semble ainsi favoriser les entreprises étrangères, leur permettant d’acquérir de l’électricité à des coûts dérisoires, sans contribuer de manière significative à l’entretien des infrastructures existantes. Cette démarche soulève des questions sur la durabilité et l’équité de telles décisions, particulièrement en ce qui concerne les tarifs domestiques et l’entretien des réseaux d’énergie.
De plus, ce plan contredit l’esprit de la Révolution tranquille et des principes établis par René Lévesque en matière de gestion des ressources naturelles du Québec. Des voix influentes comme celle de l’ancienne PDG d’Hydro-Québec, Sophie Brochu, qui a exprimé son opposition à ce qu’elle qualifie de « Dollorama de l’électricité », reflètent la préoccupation grandissante face à ces politiques.
L’initiative autour de la compagnie Northvolt illustre cette problématique. Alors que le gouvernement semble avancer des politiques controversées, parfois de manière détournée, l’opinion publique et la vigilance citoyenne deviennent cruciales pour contrer ces démarches et préserver les intérêts à long terme du Québec.
En conclusion, la gestion actuelle de la politique énergétique par la CAQ, notamment en ce qui concerne Hydro-Québec, est un sujet de préoccupation majeur, nécessitant une attention et un débat public approfondis.
La CAQ toujours sans boussole
Actuellement à la tête du Québec, la Coalition Avenir Québec semble improviser dans un tumulte politique sans boussole claire, se retrouvant ainsi dans une posture particulièrement délicate. Les décisions et choix de la CAQ, souvent contestés et ambigus, trahissent une absence flagrante de direction et de vision prospective. Cette lacune devient évidente dans la centralisation des réformes en santé et éducation, ainsi qu’à travers une politique énergétique où les intérêts privés prédominent, comme en témoigne la gestion controversée d’Hydro-Québec.
La CAQ se situe à un moment décisif, confronté non seulement aux défis internes de gouvernance, mais également à ses relations tendues avec Ottawa, en particulier sur des sujets sensibles tels que la laïcité et l’immigration. L’interrogation majeure demeure : le Québec, sous l’égide de la CAQ, consentira-t-il à se laisser dicter ses orientations par le gouvernement fédéral, ou choisira-t-il de s’affirmer réellement pour revendiquer davantage d’autonomie ? Cette réflexion s’impose avec acuité dans un contexte où l’identité et la souveraineté du Québec sont toujours plus menacées par le pouvoir fédéral.
Paradoxalement, le premier ministre François Legault se présente maintenant comme le porte-étendard du « changement » (!?!), critiquant au passage les partis d’opposition qu’il accuse de perpétuer le statu quo. Cependant, la capacité de M. Legault, un vétéran de la politique active depuis un quart de siècle, à incarner un réel renouveau politique suscite des interrogations. De même, la position politique de la CAQ, une coalition d’affairistes unis dans l’objectif de simplement gérer la province au quotidien, peine à convaincre qu’elle pourrait mener le Québec vers une rupture significative avec le cadre fédéral actuel.
Vers la fin de l’ère CAQ… ou l’aube d’une nouvelle ère pour le Québec
La Coalition Avenir Québec, autrefois présentée comme le symbole d’un renouveau politique, fait face à un déclin inéluctable. Les récentes enquêtes d’opinion montrent une diminution de la confiance des Québécois envers le gouvernement Legault, tandis que le Parti Québécois, sous l’égide de Paul St-Pierre Plamondon, connaît une ascension fulgurante. Non seulement cela suggère que PSPP a su opérer une résurrection miraculeuse d’un parti promis à une mort certaine, mais il est en passe de devenir le principal adversaire de la CAQ (remportant la bataille des oppositions dans un contexte où la répartition des voix était auparavant figée).
Ainsi, le paysage politique se transforme, laissant entrevoir la possibilité d’une nouvelle ère pour le Québec. Cette période de changement nous invite à réfléchir sur l’avenir national que nous souhaitons pour le Québec, au-delà des cycles électoraux et des clivages partisans.
Nous sommes à un carrefour décisif, où le déclin de la CAQ ouvre la porte à des opportunités inédites. Le PQ et les divers partisans indépendantistes sont désormais ramenés au premier plan politique, chargés de proposer une alternative convaincante et de rallumer la flamme indépendantiste. Or, la fin de l’ère CAQ n’est pas qu’une conclusion politique ; elle est potentiellement le début d’une période prometteuse pour le Québec.
À l’approche des prochaines élections, le Québec doit choisir : continuer sous la gouvernance sans direction de la CAQ ou embrasser l’indépendance comme catalyseur d’un changement authentique et durable. Qui sait, ce choix collectif de la dernière chance déterminera peut-être notre avenir national et celui des générations à venir.
Adieu la CAQ, et bienvenue dans une nouvelle période de dynamisme politique sous la bannière de PSPP ! C’est le moment de saisir cette chance historique pour raviver le mouvement indépendantiste… et finalement envisager, et choisir, l’avenir d’un Québec maitre de son destin.
Ne doutez jamais qu’un petit groupe de citoyens réfléchis et engagés puisse changer le monde; en fait, c’est toujours ainsi que le monde a changé
– Margaret Mead