La convergence PLQS est-elle une réponse à l’impasse électorale au Québec ?
La politique est souvent comparée à la tectonique des plaques, un phénomène où les mouvements lents peuvent déclencher des changements soudains et imprévisibles dans notre société. Au Québec, le gouvernement actuel de la Coalition Avenir Québec règne de manière hégémonique grâce à notre mode de scrutin archaïque, mais les partis d’opposition cherchent toujours à exploiter les opportunités pour renverser le pouvoir en place.
Ainsi, à la dernière élection générale au Québec, la vraie question n’était pas de savoir si le gouvernement de François Legault allait être reporté au pouvoir, mais de savoir lequel des quatre partis de l’opposition allait trouver à se placer dans la position du challenger. Cependant, avec des résultats similaires d’environ 15 % obtenus aux dernières élections par les quatre partis d’opposition, la situation semble actuellement bloquée à l’Assemblée nationale.
Maintenant, pour comprendre l’évolution des forces politiques, il est essentiel de considérer les alliances improbables entre les partis, comme des plaques tectoniques en collision. Cette analyse nous permet de prédire les changements politiques à venir, car les alliances peuvent se rompre, les idéologies évoluer et les dirigeants changer. Mais avant de se projeter dans l’avenir, examinons l’état des forces politiques après les élections générales.
La CAQ au paroxysme de son pouvoir
Lors des élections du 3 octobre 2022, la Coalition Avenir Québec (CAQ) a remporté une victoire décisive qui lui a permit de conserver son énorme majorité à l’Assemblée nationale. Malgré une campagne électorale monotone marquée par des critiques concernant sa gestion de la pandémie de COVID-19, la CAQ a réussi à maintenir sa base populaire en se concentrant sur les questions pragmatiques issues de la gestion quotidienne.
Toutefois, cette victoire de la CAQ a également révélé une fracture électorale importante entre la métropole et le reste du Québec. Clairement, ce parti manque d’ancrage à Montréal et semble davantage représentatif des aspirations du Québec profond que de la métropole. Cette situation est en partie due à une fracture identitaire entre les francophones et les communautés issues de l’immigration, qui se sentent souvent plus proches des anglophones et du Canada que du Québec.
Malgré cela, la CAQ et le Parti Québécois forment virtuellement une majorité nationaliste à hauteur de 57 %, ce qui témoigne de l’importance de l’identité québécoise pour les électeurs en général. Les quatre prochaines années pourraient être marquées par le choc constitutionnel autour des lois 21 et 96, qui pourrait fragiliser la coalition caquiste. Les tensions entre les ailes fédéraliste et crypto-souverainiste de la CAQ seront à surveiller, car elles pourraient favoriser la reconstruction du Parti Québécois, voire son retour au pouvoir en 2026.
Le Parti Québécois : survivance ou résurrection ?
Aux lendemains de l’élection générale, le Parti Québécois (PQ) a enregistré son pire score historique, confirmant ainsi le déclin constant du parti depuis 1998. Cependant, le PQ peut trouver un certain réconfort dans le fait qu’il était pratiquement considéré comme mort avant l’élection, mais a réussi à doubler son pourcentage de votes en cours de campagne. Le nouveau chef du parti, Paul St-Pierre Plamondon, qui était largement inconnu du public avant les élections, a impressionné tout le monde en se démarquant positivement lors des débats télévisés. De plus, son élection providentielle dans l’est de Montréal garantit une certaine stabilité à sa formation jusqu’à la prochaine élection.
Élections Québec 2022 : Paul St-Pierre Plamondon remporte Camille-Laurin
Cela étant dit, il est important de reconnaître que le PQ n’est plus le parti dominant qu’il était autrefois, et sa reconstruction est encore à faire. Maintenant que le PQ n’a plus rien à perdre, certains membres du parti suggèrent donc qu’il devrait jouer le tout pour le tout en assumant pleinement sa raison d’être pour l’indépendance du Québec.
Bien qu’un retour à Montréal semble dorénavant inaccessible au PQ, ce parti conserve une portée nationale en étant arrivé généralement deuxième dans les secteurs francophones ayant voté pour la CAQ. Ainsi, en considérant que le potentiel de croissance électorale est essentiellement dans cette direction, le PQ doit rester à l’affût des éventuelles lignes de fractures qui pourraient apparaître dans le gouvernement caquiste afin de pouvoir en tirer parti.
Le Parti conservateur du Québec : un joker marginal
Après son éclatant succès en passant de 1 % à 15 % en moins d’une année, le Parti conservateur d’Éric Duhaime n’a finalement pas réussi à élire de député. D’ailleurs, on notera que cette situation s’explique principalement par le mode de scrutin actuel qui défavorise les partis émergents. Bien que ce parti ait pu bénéficier du mécontentement de certains citoyens à l’égard des mesures sanitaires du gouvernement Legault, rien ne garantit que cet électorat soit suffisamment homogène pour permettre au parti de survivre jusqu’à la prochaine élection. Et quand bien même l’arrivée de Pierre Poilievre à la tête du Parti conservateur du Canada ou le retour au pouvoir du Parti républicain aux États-Unis pourrait stabiliser une base culturelle au parti, il reste à voir si cela peut se traduire en succès électoral au Québec. Ainsi, le Parti conservateur du Québec demeure donc un joker politique marginal qui pourrait toutefois s’activer dans les régions francophones en fonction de l’évolution du contexte politique nord-américain.
Le Parti Libéral du Québec : enfoncé dans un creux historique
Bien que le Parti libéral ait réussi à se maintenir comme opposition officielle à la suite des dernières élections, la réalité est beaucoup plus sombre pour ce parti. Confiné essentiellement aux secteurs anglophones et multiethniques du Québec, il est pratiquement en voie de disparition auprès de la majorité francophone et n’a jamais été aussi faible dans toute son histoire. En effet, lors des dernières élections, le Parti libéral a reçu moins de votes que Québec solidaire et le Parti québécois, une situation inédite pour un parti de l’opposition officielle. Cette situation s’explique notamment par la perception du parti comme étant celui d’un syndicat de défense des privilèges anglophones, ce qui nuit à sa crédibilité auprès des électeurs francophones.
Bien que le mode de scrutin en vigueur le protège de la disparition, le Parti libéral aura du mal à retrouver le momentum nécessaire pour sortir de sa stagnation actuelle. Cette situation est préoccupante pour l’avenir des libéraux car la majorité francophone représente encore le plus grand groupe électoral au Québec. Pour retrouver sa place en tant que parti de gouvernement, le Parti libéral devra donc se retrouver une nouvelle identité en trouvant à se reconnecter à l’électorat francophone… tout en demeurant attentif de ne pas perdre son électorat anglophone et allophone qui pourrait être tenté de rejoindre le nouveau parti du Bloc Montreal (un genre d’Equality party 2.0 fondé par Balarama Holness).
Québec solidaire : Un parti urbain à la croisée des chemins
Suite à l’élection générale du 3 octobre 2022, Québec solidaire (QS) n’a pas réussi à confirmer ses prétentions à se positionner comme principal rival du gouvernement caquiste et à devenir l’opposition officielle. Bien que le parti ait subi un premier recul en termes de pourcentage électorale depuis sa création, QS peut toutefois se féliciter d’avoir remporté un douzième siège grâce à la dernière élection partielle dans Saint-Henri–Sainte-Anne, ce qui le confirme dorénavant comme un parti officiellement reconnu à l’Assemblée nationale.
En tant que parti le plus à gauche des cinq principaux partis politiques, QS a placé au centre de sa campagne électorale des enjeux tels que la lutte contre les changements climatiques, l’amélioration de l’accès aux soins de santé et la promotion de la justice sociale. Malgré cela, le parti éprouve des difficultés à se faire entendre en dehors des grandes villes. Cependant, les dirigeants de QS demeurent optimistes quant à une possible polarisation de la société sur des enjeux sociaux qui pourrait leur être favorable. Ainsi, ils ont adopté sans réserve le mouvement « woke » américain, qui connaît une croissance rapide dans les grandes villes anglophones, en particulier auprès des jeunes générations.
Le dilemme de la convergence souverainiste
Avant d’élaborer la perspective de politique-fiction qui pourra peut-être apparaitre étonnante, voire choquante, je vais maintenant sortir de mon objectivité apparente pour vous avouer mon propre intérêt national. En effet, étant essentiellement indépendantiste, j’ai longtemps fait la promotion et milité pour la convergence souverainiste. Or, si j’ai espéré assister à une entente électorale entre QS et le PQ, je ne crois malheureusement plus à la possibilité de cette perspective. De la sorte, plus tôt nous ferons le deuil de cette idée, plus rapidement nous pourrons, indépendantiste, mettre nos énergies collectives dans un scénario plus en phase avec la réalité. Finalement, comme qui dirait le fameux dicton, mieux vaut être seul que mal accompagné.
Bien sûr, dans la perspective des intérêts de l’option souverainiste, l’idée d’une alliance entre le Parti québécois et Québec solidaire semble pertinente au premier abord. D’ailleurs, je vois toujours mal comment nous pourrions un jour gagner un éventuel référendum sans l’appui de QS au OUI. Cependant, si le PQ est avant tout un parti indépendantiste, QS lui semble timidement soutenir cette option que si elle s’accompagne d’un « projet de société de gauche ». D’autre part, les deux partis ne sont pas non plus d’accord sur la question de l’identité nationale, le PQ étant plus identitaire et QS plus multiculturaliste. Ils ont également des visions de la gauche différentes, le PQ étant social-démocrate et QS étant plus « woke » et à la mode des campus universitaires américains. Enfin, d’un autre côté, il y a aussi des similitudes idéologiques entre le PQ et la Coalition avenir Québec, ainsi qu’entre QS et le Parti libéral du Québec. En conséquence, je me rallie finalement ici à la vision de Mathieu Bock-Côté à l’effet qu’une alliance entre les deux partis n’est pas viable et risquerait de les faire éclater.
Québec solidaire, principal rival du Parti libéral à Montréal
Maintenant que la majorité des circonscriptions francophones à Montréal sont passées du Parti québécois à Québec solidaire, ce dernier n’a plus besoin de se présenter comme un parti souverainiste. De plus, il est important de souligner que les trois gains récents de QS à Montréal ont été obtenus aux dépens du Parti libéral, ce qui montre que ce parti peut désormais viser d’autres secteurs électoraux qui étaient traditionnellement occupés par le PLQ.
Parallèlement, si l’on considère que l’électorat de ce parti devient de plus en plus fédéraliste et qu’il attire de plus en plus les nouvelles générations d’anglophones, QS est désormais le principal rival du Parti libéral à Montréal. Ainsi, contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’anglicisation de Montréal ne pose pas tant un problème électoral, voire identitaire ou moral, pour QS.
En parlant de l’élection du nouveau député de QS, Guillaume Cliche-Rivard, on ne devra pas s’étonner que sa priorité politique soit l’augmentation des seuils de l’immigration au Québec, un sujet qui avait toujours été la panacée du Parti libéral. Paradoxalement, remarquons ici que cette position est d’ailleurs en phase avec les intérêts du patronat qui souhaite réduire mondialement le rôle des frontières nationales et ouvrir les vannes aux ouvriers immigrés sous-payés pour compenser la pénurie de main-d’œuvre. À moins que ce parti s’avère aussi néolibéral, cette position ne me parait pas cohérente pour un vrai parti « de gauche », qui selon mon humble avis, devrait plutôt être aux services des intérêts de la classe moyenne et des travailleurs en général.
Le nouveau PLQ, un QS sans la souveraineté
Lors de la dernière élection générale, le Parti libéral du Québec a pris un tournant significatif en se positionnant officiellement « à gauche et en faveur de l’environnement », du moins selon sa communication officielle. Dominique Anglade, l’ex-chef du parti, a même adopté le terme « progressistes-fédéralistes » pour décrire cette nouvelle orientation politique. Selon les conseillers du parti, le nouveau PLQ pourrait être comparé à Québec solidaire, mais sans la souveraineté et avec une approche plus raisonnable en matière de dépenses publiques. Ici, il est clair que l’aile jeunesse du parti a joué un rôle important dans cette orientation visant à regagner l’électorat fédéraliste « de gauche » qui ne soutiendra jamais la Coalition Avenir Québec (CAQ). Toutefois, au-delà du simple « greenwashing », l’objectif du PLQ en misant sur une économie verte et en se positionnant à gauche semble de viser la même clientèle électorale que QS, à savoir les nouvelles générations cosmopolites en milieu urbain.
Petite anecdote personnelle que je n’espère pas représentative auprès des milléniaux, un jeune collègue m’a un jour candidement témoigné l’essentiel de sa vision de notre politique : à savoir qu’à ses yeux, la gauche c’était simplement le Canada alors que la droite… c’était le Québec. Comme quoi, au niveau des perceptions populaires, il est parfaitement possible d’illustrer de gauche un parti autant économiquement à droite que le parti libéral
Raffermissement de l’alliance « progressiste » sur la scène fédérale
Pendant ce temps, sur la scène politique fédérale « de gauche », un rapprochement formel s’opère entre le Parti libéral du Canada et le NPD, qui ont formé une alliance pour maintenir le gouvernement en place. Étant donné que le NPD est considéré comme l’alter ego de QS sur la scène fédérale, on peut supposer que des liens organiques se sont depuis développés entre les différents collaborateurs de ce réseau politique qui se fait appeler « progressiste »; c’est à dire, en passant par le NPD, de QS aux partis libéraux.
Bien que les membres de ce réseau aient des nuances entre eux, ils partagent tous l’idéologie du multiculturalisme postnational et s’alignent toujours plus sur les idées du wokisme américain, à l’instar du Democratic party aux États-Unis. En cas de retour en force des Conservateurs menés par Pierre Poilievre, il est probable que cette coalition demeurera solidaire (sans jeu de mots) et fera front commun contre leur adversaire mutuel.
Dans ce contexte de polarisation entre les blocs « progressiste » et « conservateur », qui sont en réalité l’exportation du contexte sociétal prévalant aux États-Unis, il devient difficile d’exprimer une position démocratique équilibrée entre ces deux pôles. Certes, le Bloc québécois existe toujours pour défendre les intérêts nationaux du Québec à la Chambre des Communes, mais l’absence de membres de QS dans cette formation accélère malheureusement l’engagement de ces derniers dans un agenda progressiste — et fédéral — plutôt que dans la défense des intérêts nationaux du Québec. D’ailleurs, cet état de fait est l’une des causes principales de l’échec de la coalition souverainiste.
Subséquemment, il ne faudra pas s’étonner que Gabriel Nadeau-Dubois ait répété plusieurs fois pendant la dernière campagne électorale que QS n’allait pas être le parti des chicanes avec le fédéral. De notre côté, on en conclura que la volonté souverainiste de QS s’arrête là où le pouvoir fédéral commence.
Vers l’émergence d’une convergence « PLQS »
Dans la suite des événements, les débats concernant la laïcité de l’État (via la Loi 21 actuellement devant la Cour suprême du Canada) et l’immigration (par le biais de la fermeture du chemin Roxham) vont certainement s’intensifier, créant de nouveaux clivages politiques au-delà des lignes traditionnelles de gauche et de droite, ainsi que du débat souverainiste-fédéraliste. Dans ce contexte, il est intéressant de constater que le Parti libéral du Québec et Québec solidaire, souvent considérés comme étant aux extrémités opposées du spectre politique, partagent en réalité certaines positions clés. En s’opposant tous deux à la laïcité de l’État et en soutenant parallèlement le multiculturalisme canadien (inscrit dans une constitution que le Québec n’a jamais signée), ces deux partis ont finalement plus en commun qu’ils ne le reconnaissent et semblent prêts à tout pour faire invalider la Loi 21, qui s’appuie pourtant sur un consensus démocratique au Québec. Cette convergence est telle dans l’espace médiatique qu’on peut désormais la considérer comme une seule entité, le « PLQS ».
Dans cette dernière manifestation de la convergence entre le PLQ et QS dans l’espace médiatique, on peut remarquer une nette représentation de personnes associées à ces partis politiques dans la liste des 387 signataires de la lettre publique contre la haine en ligne (qui selon eux ne serait que binairement l’apanage de « la méchante droite »), sans aucune représentation des autres formations politiques. En tant qu’indépendantiste, on peut se demander comment ces belles âmes solidaires réagiront lors d’un hypothétique référendum sur la souveraineté, lorsque les médias fédéralistes diffameront notre mouvement avec toutes les épithètes qu’ils sont capables de vomir à notre égard (parlant de haine). Il est donc probable que la protection de leur image publique et l’avancement de leur carrière individuelle à travers les médias fédéralistes seront des raisons plus importantes que de prendre le risque d’avancer ensemble vers un nouveau pays. Bravo Québec inclusif, mission réussie !
Ce rapprochement idéologique, bien qu’il ne soit pas encore une véritable convergence, les amène à devoir résoudre ensemble un problème commun : comment percer l’hégémonie caquiste alors qu’ils partagent le même électorat limité à Montréal. Ainsi, en envisageant une convergence pragmatique entre le Parti libéral et Québec solidaire, il est possible de voir émerger une nouvelle force politique qui saurait mieux représenter les intérêts des citoyens des centres urbains, notamment à Montréal. Si ces deux partis continuent de s’opposer frontalement, ils risquent de s’affaiblir mutuellement et de permettre à la Coalition Avenir Québec de conserver sa position de parti dominant. C’est pourquoi, il est temps d’envisager que la convergence entre QS et le Parti libéral est logiquement possible puisqu’elle est dans l’intérêt commun de ces partis. Pour ce faire, cette nouvelle alliance politique pourrait trouver un terrain d’entente sur des enjeux sociaux tels que l’environnement, la santé, l’éducation (woke) et la lutte contre le racisme (c’est-à-dire la stigmatisation de l’identité québécoise)… tout en laissant de côté la question de la souveraineté… évidement. En somme, la politique ayant horreur du vide, la mécanique électorale pour que ces deux partis parviennent à offrir conjointement une alternative crédible à la CAQ est peut-être déjà enclenchée.
Sans avoir à s’engager formellement dans une convergence, QS et le PLQ pourrait aussi faire une trêve stratégique envers le PQ, voire à favoriser son retour en force… afin que ce dernier puisse mieux concurrencer en région les circonscriptions caquistes. Alors, un conseil ici pour nos amis de la SRC : prenez des notes 😉
Réformer le mode de scrutin : une solution pour sortir de l’impasse démocratique au Québec
En conclusion, il est évident que le mode de scrutin actuel a un impact significatif sur la scène politique québécoise. Pour ma part, je suis d’ailleurs convaincu que sa réforme est essentielle pour assurer une représentation équitable et dynamique des différentes voix politiques au Québec. Si cette réforme avait été effectuée (genre, par le PQ lorsqu’il était au pouvoir), la CAQ ne serait pas actuellement en position majoritaire, les quatre partis de l’opposition seraient relativement égaux, les conservateurs seraient représentés à l’Assemblée nationale, de nouveaux partis pourraient émerger, la survie du PQ (et de l’option indépendantiste) ne serait pas autant compromise, les alliances ponctuelles seraient plus courantes et la dynamique démocratique serait beaucoup plus vivante et moins partisane. Par ailleurs, une convergence entre le PLQ et QS ne serait probablement pas à l’ordre du jour.
Malheureusement, le gouvernement caquiste a clairement fermé la porte à cet engagement initial. Les libéraux, ayant hérité de l’opposition officielle en terminant quatrième, sont donc des défenseurs intrinsèques du système électoral en place. Quant au PCQ, la victime principale du système électoral actuel, ce sujet est trop intellectuel et technique pour intéresser réellement ses sympathisants à s’engager dans cette voie. Pour le PQ, une alliance avec le QS sur cette question pourrait sembler appropriée, mais la confiance entre les deux formations « souverainistes » n’est plus au rendez-vous, étant donné le sabotage antérieur de la convergence souverainiste.
En tant qu’indépendantiste maintenant, l’arrivée possible du PLQS nous force à réfléchir à un plan de match en concordance avec la dure réalité du contexte actuel. Cela pourrait faire justement l’objet d’un prochain article… à moins de partager directement mes pistes de solution avec les instances du seul parti réellement indépendantiste au Québec. Affaire à suivre.
L’union fait la force, mais pas nécessairement la vertu
– Jules Renard
Excellent arricle comme toujours qui résume de façon très exhaustive tous les éléments du paysage politique actuel 🙂 Ayant été fort inspiré par la recette catalane, j’ai moi aussi investi toutes mes énergies en 2010-2012 pour créer les conditions gagnantes à une Convergence Nationale… malgré nos efforts, aucune entente, stratégie électorale ni même de bases communes indépendantistes entre les quatre partis présents au Sommet (PQ-ON-QS-PV) n’en sont ressorties, mis à part au niveau citoyen avec la création des OUI Québec. La dynamique du prochain cycle politique va être très intéressante à suivre au cours des prochaines années. Entre autres le fracture sociale, culturelle et politique entre la région de Montréal et les autres régions – notamment de l’évolution de l’identité politique montréalaise par le biais de Bloc Montreal. De même, l’ampleur de la réaction que provoquera l’intervention du fédéral dans les contestations des lois 21 et 96 et leurs résultats – ferons-nous face à Meech 2.0, une onde de choc qui viendra refaire palpiter le coeur des Québécois lorsqu’ils sentent leur autonomie démocratique menacée par le fédéral et lorsqu’il s’agit de questions touchant leur survivance culturelle? Ou traiteront-ils ça aussi banalement que tant d’autres formes d’empiétements du fédéral sur les compétences nationales du Québec, à l’instar de François Legault? Le PQ arrivera-t-il à continuer d’incarner ses nouvelles valeurs que sont la rigueur, la stature décomplexée/assumée et l’innovation politique pour attirer l’intérêt médiatique comme ils ont su le faire habilement depuis les dernières élections? Parlant d’innovation, est-ce que son équipe extra-parlementaire saura prouver sa valeur? Les résultats du cas Stephan Fogaing sera particulièrement pertinent en ce sens. Est-ce que la dynamique historique entre le PQ et le BQ saura être réactivée à temps pour les prochaines élections fédérales? La présence de YFB au dernier congrès du PQ et de PSPP au prochain congrès du BQ semble pointer en ce sens. Est-ce que ce dernier réussira à nourrir son aura d’authenticité, de sagesse et de fraîcheur et à poursuivre sa croissance dans l’affect populaire au fur et à mesure qu’il développera sa maturité politique comme parlementaire? Bref, c’est très stimulant tout ça. Au plaisir de lire tes prochains articles sur le sujet!